L’abbé Pierre a marqué l’Histoire en France. Né dans une famille aisée, il a été à la fois résistant, député, défenseur des sans-abri, et cofondateur du mouvement Emmaüs… Une icône de la lutte contre la pauvreté, parfois critiquée dans son pays. Sa vie est mise à jour dans un film biographique signé Frédéric Tellier.

Au crépuscule de sa vie, à plus de 90 ans, Henri Grouès, alias l’abbé Pierre, doute de son legs. « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour aider les autres. Est-ce que c’était suffisant ? »

Au seuil d’un nouveau millénaire, celui qui voulait être un saint, en aidant les plus démunis, regarde avec effroi l’état du monde. Les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. Malgré tous ses combats pour inverser la tendance.

C’est le propre des grands hommes (et grandes femmes) de ne pas se gonfler l’ego de certitudes. Et le film de Frédéric Tellier sur ce personnage hors du commun nous le rappelle avec brio. Porté par la prestation exceptionnelle de Benjamin Lavernhe, convaincant à chaque étape et chaque métamorphose du rôle qu’il incarne à l’écran de 25 à 94 ans, L’abbé Pierre – Une vie de combats est moins intéressant que son sujet. D’un point de vue cinématographiquement, c’est un film biographique assez convenu, sans accroche, saturé d’effets spéciaux et de musique ampoulée.

On est bien loin de l’approche d’un Alain Cavalier, par exemple, avec son film sur Thérèse de Lisieux, qui nous fait accéder à l’âme d’une autre sainte. Ou encore d’Hiver 54, avec Lambert Wilson, qui se penchait sur un moment précis de la lutte de l’abbé Pierre.

Ici, le réalisateur fait défiler chaque étape de la vie de l’abbé Pierre (sauf son enfance), sans charnières, telle une suite de vignettes : la période des capucins ; le combat dans la Résistance durant la guerre ; la (courte) carrière politique ; la fondation d’Emmaüs, la notoriété après le célèbre message à la radio, etc. Avec une musique omniprésente qui noie le récit. On aurait souhaité sentir la puissance émotive de la scène finale tout au long de ce film de plus de deux heures.

Soulignons toutefois, le jeu solide d’une distribution d’interprètes de haut vol. Benjamin Lavernhe, bien sûr, qui expose la force et la fragilité de cet homme d’exception. Mais aussi Emmanuelle Bercot qui incarne Lucie Coutaz, sa grande complice dans ses combats contre l’injustice, et finalement Michel Vuillermoz, un fidèle des débuts du mouvement Emmaüs.

L’abbé Pierre – Une vie de combats

Drame biographique

L’abbé Pierre – Une vie de combats

Frédéric Tellier

Avec Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot, Michel Vuillermoz

2 h 13
En salle

6/10

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