À Marseille, à la veille des élections municipales, une veuve sexagénaire remet en question son engagement politique après s’être éprise d’un libraire.

À l’instar de Rosa (Ariane Ascaride, lumineuse muse et compagne du cinéaste), solaire figure centrale d’Et la fête continue !, Robert Guédiguian (La ville est tranquille) semble montrer quelques signes de lassitude. Si Rosa, veuve sexagénaire, mère, grand-mère, aide-soignante et militante de gauche, s’en met beaucoup sur les épaules, le réalisateur engagé, secondé par le scénariste Serge Valletti (Gloria Mundi), offre un programme très chargé.

Des effondrements de la rue d’Aubagne au sort des immigrants en passant par le génocide arménien et les bouleversements climatiques, ce ne sont pas les sujets qui manquent dans cette comédie dramatique sur la transmission des valeurs familiales, sociales et politiques. Or, l’amour fait tourner les têtes, peu importe l’âge. Ainsi, après avoir rencontré Léo (Jean-Pierre Darroussin, fidèle et solide pilier de la famille Guédiguian), libraire stoïcien, Rosa remet en question son engagement politique. Pourtant, à la veille des élections municipales, son entourage lui prédit une victoire.

Fille de Léo, Alice (Lola Naymark) fréquente depuis peu Sarkis (Robinson Stévenin), fils de Rosa et tenancier du bar hérité de son père, La Nouvelle Arménie. Alors que Sarkis désire lui faire des enfants, Alice rêve de changer le monde. Quant au frère de Sarkis, Minas (Grégoire Leprince-Ringuet), médecin, marié et père de famille, il souhaite aller soigner les enfants en Arménie. Il y a aussi Tonio (Gérard Meylan), frère communiste de Rosa, et sa coloc Laëtitia (Alicia Da Lus Gomes), consœur de Rosa. Tous papillonnent autour de Rosa, qui cherche le repos dans les bras de Léo.

Ode à la famille, doublée d’un hommage aux travailleurs de la santé et aux gagne-petit, où retentit Emmenez-moi, d’Aznavour, ambassadeur par excellence de l’Arménie, Et la fête continue ! se révèle par endroits brouillon et artificiel, comme si le film croulait sous ses nombreux sujets et que certains acteurs hésitaient entre la gravité et la légèreté. Toutefois, on y trouve des moments très forts, dont celui où, réunis autour du buste d’Homère, Lola et des citoyens de tous âges évoquent la mémoire des disparus de la rue d’Aubagne.

Comme son titre l’indique, Et la fête continue ! se veut une œuvre résolument optimiste. Malgré la tragédie, Robert Guédiguian traque la beauté du monde et pose un regard tendre sur Marseille, sa ville natale, et les descendants phocéens. Quand il n’embrasse pas la mer et le ciel, il s’approche doucement de ses héros, hommes et femmes ordinaires drapés de noblesse, formant ainsi un grand tableau où l’intime rejoint l’universel.

Et la fête continue !

Comédie dramatique

Et la fête continue !

Robert Guédiguian

Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark

1 h 46
En salle

6,5/10

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