The Creator partait avec une longueur d’avance. Les œuvres de science-fiction originales sont si rares que la seule idée d’en voir une nous réjouissait.

Surtout qu’il s’agit d’une création de Gareth Edwards, réalisateur de Rogue One et de Godzilla, que nous aimons beaucoup.

La crainte d’être témoin d’une occasion manquée a vite été dissipée par la magnifique facture visuelle, les impressionnants effets spéciaux et le réalisme de la société futuriste dépeinte. C’est toutefois la finesse de la relation entre l’humanité et l’intelligence artificielle qui nous a conquis.

The Creator n’est pas la première œuvre qui se demande si les robots ont droit à la vie et à la liberté. Mais les questions soulevées par le scénario de Gareth Edwards et de Chris Weitz provoquent une réflexion qui nous accompagne des jours durant. Symboliser la plus haute forme d’intelligence artificielle par une enfant y est probablement pour quelque chose.

Le film s’ouvre sur de fausses images d’archives qui racontent l’évolution harmonieuse des relations humains-robots jusqu’à la détonation d’une bombe nucléaire, à Los Angeles, par une intelligence artificielle. À la suite de la catastrophe, l’Occident décide de bannir l’intelligence artificielle et entre en guerre avec la Nouvelle Asie, qui traite toujours les androïdes comme des êtres à part entière.

PHOTO FOURNIE PAR 20TH CENTURY STUDIOS

Des robots policiers dans The Creator

Quinze ans plus tard, en 2070, Joshua (John David Washington), qui a déjà participé à une mission d’infiltration en Nouvelle Asie, se fait demander par l’armée américaine de reprendre du service, afin de débusquer la plus récente arme fabriquée par Nirmata, « Créateur » en népalais. L’ancien soldat accepte, s’accrochant à l’espoir de retrouver sa femme Maya (Gemma Chan) qui a disparu devant ses yeux cinq ans auparavant.

À la recherche d’un fantôme, Joshua enchaîne alors les décisions dangereuses et égoïstes. Il s’en tire toujours in extremis, mais ses compatriotes et ses amis sont pour la plupart laissés sans vie derrière.

Bien que les scènes d’action soient réussies, on éprouve une frustration à voir le protagoniste se jeter à répétition dans la gueule du loup sans réelle conséquence.

Les motivations de celui-ci changent quelque peu à la suite de sa rencontre avec Alphie (Madeleine Yuna Voyles), l’arme tant redoutée par les Américains. Incapable d’éliminer le simulant aux traits et à l’innocence d’une fillette, Joshua rejoint le camp adverse. Il garde espoir de revoir sa bien-aimée, mais développe un instinct paternel qui guidera graduellement ses choix. En côtoyant Alphie et les robots affranchis de la Nouvelle Asie, il percevra également cette « espèce » d’une autre façon.

The Creator mélange des aspects visuels et narratifs de Blade Runner, Lone Wolf & Cub, Star Wars et Apocalypse Now. L’inspiration est visible, mais sans aucune impression de copie. Il s’agit d’un film sérieux qui montre sans retenue les impacts d’une guerre d’idéologies. La sincérité des émotions nous maintient interpellés et atteint son point culminant dans un troisième acte époustouflant.

La musique de Hans Zimmer puis les images de Greig Fraser (Dune) et d’Oren Soffer entretiennent une tension qui nous garde sur le bout de notre siège, alors que se cristallise le lien entre Joshua et Alphie arrivés au bout de leur quête. John David Washington (Tenet, Malcolm & Marie) et Madeleine Yuna Voyles, dans son premier rôle, livrent à ce moment une performance si forte qu’elle élève le film dans son ensemble.

En salle

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The Creator
(v. f. : Le Créateur)

Science-fiction

The Creator
(v. f. : Le Créateur)

Gareth Edwards

Avec John David Washington, Madeleine Yuna Voyles, Gemma Chan

2 h 13

8/10