En 2144, la Terre vit une nouvelle ère glaciaire. Une enfant humaine élevée par une ourse polaire doit affronter de nombreux dangers pour retrouver Polaris, la dernière étoile qui brille.

Sur la route des festivals depuis qu’il a été présenté en première mondiale à Fantasia en 2022, Polaris prend l’affiche alors que de terribles incendies ont ravagé l’Ouest canadien. Une vision prophétique pour cette production canadienne qui a été tournée dans les superbes paysages du Yukon et qui se déroule dans un monde post-apocalyptique ?

Si c’est le cas, il faudrait imiter la jeune héroïne du film et se mettre en mode survie. Capable de parler aux animaux et aux arbres, Sumi (Viva Lee) semble sortir d’un opus d’Hayao Miyazaki (Princesse Mononoke). Elle est attachante et courageuse, étant la force vitale de ce récit d’initiation poétique et environnemental.

Ce qui s’annonce comme un long métrage pour toute la famille (l’introduction avec l’ourse est particulièrement mignonne) se transforme rapidement en suspense sanguinaire où des gens se font sauvagement tuer et même décapiter. C’est Mad Max – ou Turbo Kid – dans la neige, sans le budget et l’humour. Un amalgame entre l’innocence et la violence qui laisse parfois perplexe, bien qu’il demeure représentatif de la réalité.

Plus intéressant est le choix d’éliminer les dialogues. Les personnages s’expriment dans des dialectes inintelligibles, arrivant cependant à créer des liens par la musique. Une idée qui rend le propos universel, même si elle finit par peser sur le scénario, étonnamment linéaire et superficiel.

La distribution entièrement féminine est une autre heureuse trouvaille. Malgré les archétypes en place, ce sont ces alliées et ces ennemies qui font respecter la loi du plus fort si chère à Darwin. Le rôle le plus marquant est l’ermite campée par la vénérable Muriel Dutil (oui, oui). Non seulement elle permet de développer une relation mère-fille avec Sumi (en vivifiant par la même occasion le jeu de Viva Lee), mais la voir prendre les armes et se battre relève du fantasme pur.

Réalisé avec soin par Kirsten Carthew (The Sun at Midnight), qui a su capter toute la beauté de ses immenses territoires, Polaris s’avère un conte plein d’espoir et de fantaisie qui arrive, malgré toutes ses imperfections, à apporter du sang neuf au film de genre canadien.

En salle

Polaris

Aventure

Polaris

Kirsten Carthew

Avec Viva Lee, Muriel Dutil, Khamisa Wilsher

1 h 29

6/10