Ayant grandi seule dans le nord de la France avec un père rescapé de la Première Guerre mondiale, une jeune fille solitaire passionnée de musique et de chant ne cesse jamais de croire à la prophétie que lui a faite une femme un peu sorcière. Cette dernière lui a promis un meilleur avenir, loin de son village.

Pour son premier long métrage en français, réalisé dans son nouveau pays d’adoption, le cinéaste italien Pietro Marcello (Martin Eden) propose un film aussi étrange que fascinant, dans lequel le cadre très réaliste du début du XXe siècle sert de toile de fond à une espèce de conte musical. L’ennui est que le réalisateur, qui porte à l’écran une libre adaptation du roman Les voiles écarlates (que l’écrivain russe Alexandre Grine a publié en 1923), ne semble pas avoir tranché pour une forme précise.

On se retrouve ainsi devant une histoire ponctuée de réalisme magique, où la protagoniste se lance parfois dans une envolée chantée, sans toutefois que cette partie soit assez importante pour qu’on puisse considérer vraiment L’envol comme un drame musical. Il est à noter que les quelques airs entendus, composés par Gabriel Yared, semblent avoir été directement inspirés par les films de Jacques Demy.

Cette impression de dichotomie découle en outre du fait que Pietro Marcello a mis tous les efforts pour traduire l’époque de façon réaliste, utilisant même des scènes d’archives captées le jour de l’Armistice dans la baie de Somme. Quelques plans extraits d’Au bonheur des dames (Julien Duvivier, 1930) ont également été intégrés dans le récit. Parallèlement, le cinéaste a grandement soigné la beauté picturale de son film. Sur le plan visuel, L’envol est splendide.

Soulignons par ailleurs une remarquable distribution d’ensemble, dominée notamment par Raphaël Thiéry, paysan silencieux qui établit un lien affectif solide avec sa fille Juliette, qu’il n’a pu connaître qu’à son retour de la guerre. Noémie Lvovsky s’impose également dans le rôle d’une fermière ayant élevé Juliette en se substituant à la mère, morte en couches, et Juliette Jouan, une nouvelle venue, tire aussi habilement son épingle du jeu. De son côté, Louis Garrel se distingue dans le rôle d’un aviateur tombé du ciel. Tout ce beau monde est impliqué dans des drames faisant en sorte que des soupçons de sorcellerie courent dans le village...

Choisi pour ouvrir la Quinzaine des cinéastes au Festival de Cannes l’an dernier, L’envol suscite assurément l’intérêt, mais pâtit d’un mélange des genres qui, dans ce cas-ci, ne se révèle pas toujours harmonieux.

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L’envol

Drame

L’envol

Pietro Marcello

Avec Raphaël Thiéry, Juliette Jouan, Noémie Lvovsky

1 h 42

6/10