(Annecy) Les habitants d’Annecy dans les Alpes françaises où un Syrien a blessé cette semaine au couteau six personnes, dont quatre enfants, ont rendu hommage dimanche aux victimes désormais hors de danger.

« N’oublions pas les victimes de cet acte terrible, plus que jamais le Festival doit être un moment de partage et de convivialité », a déclaré dimanche soir dans son message d’ouverture le Festival international du Film d’animation, rendez-vous annuel majeur, qui a accueilli l’an passé quelque 13 000 personnes.

Lors d’un rassemblement organisé plus tôt sur les lieux de l’attaque survenue jeudi, près du lac d’Annecy, le maire écologiste de la ville, François Astorg, avait relevé devant des centaines de personnes réunies que « c’est un signe fort d’union et de solidarité que de celui de nous retrouver tous ensemble ».  

« Nous sommes ensemble. Nous ferons face ensemble », a ajouté l’édile, vivement applaudi à l’instar de secouristes présents lors de l’agression. La foule a chanté la Marseillaise, l’hymne national français.

Le maire a aussi salué ceux qui ont « agi avec courage et professionnalisme » pour mettre un terme à l’attaque.  

Parmi ces héros ordinaires, un touriste catholique a pris en chasse l’agresseur, deux agents municipaux ont tenté de l’arrêter à coups de pelle, un jeune loueur de pédalo et un professeur de mathématiques en sortie avec des élèves ont cherché à s’interposer tandis qu’une assistante maternelle portait secours à deux enfants blessés.

Visé par des messages haineux de l’extrême droite qui l’accuse d’avoir favorisé l’immigration, le maire d’Annecy a également appelé dans son discours à « faire le choix de l’amour contre la destruction », à réagir avec « empathie et courage », à « ne pas céder à la peur, à la tentation de la défiance ».

L’assaillant, un réfugié syrien récemment parti de son pays d’accueil, la Suède, où il vivait en famille, a été inculpé de « tentatives d’assassinat » et placé en cellule d’isolement au centre pénitentiaire d’Aiton, en Savoie, a indiqué une source proche du dossier. Mutique depuis son interpellation, Abdalmasih H. a été placé dans une « cellule de protection d’urgence », équipée pour prévenir les suicides, selon cette source.

L’enquête à ce stade n’a pas encore permis de comprendre les motivations de son geste.

Après avoir fui son pays en guerre, Abdalmasih H. a obtenu fin 2013 un permis de séjour permanent en Suède où il a obtenu l’asile, ce qui lui confère le statut de réfugié.

« Aucune motivation terroriste n’apparaît à ce stade », selon la procureure d’Annecy, Line Bonnet. Des témoins l’ont seulement entendu « évoquer sa femme et sa fille et prononcer le nom de Jésus-Christ » pendant l’attaque.

Le psychiatre qui a examiné Abdalmasih H. « a relevé l’absence d’éléments délirants francs », mais il est encore trop tôt pour se prononcer sur une éventuelle « pathologie psychiatrique », a précisé la magistrate.

« Petite pensée »

Depuis le drame survenu jeudi sur une aire de jeu proche du lac d’Annecy, des fleurs, des peluches, des dessins ou des ballons en forme de cœur ont été déposés sur les lieux de l’attaque.  

« Alba, Ennio, Ettie, Peter, une petite pensée », dit un message à l’adresse des toutes jeunes victimes inscrit dans un cœur. « On pense à vous », dit un autre mot.

Le public présent au rassemblement, le visage grave, était très divers : familles, jeunes ou personnes plus âgées. Beaucoup avaient déposé des fleurs sur l’aire de jeux.  

Le pronostic vital des six blessés, pour la plupart hospitalisés en urgence absolue après l’attaque, n’est plus engagé, avait précisé samedi la procureure.

Un garçon de deux ans, touché au ventre et au thorax, est toujours traité à Grenoble (centre-est), tout comme une petite fille du même âge, soignée pour « trois plaies thoraciques ».

Touchée par un coup de couteau, une petite touriste britannique de trois ans pourra quitter l’hôpital de Grenoble « dans les prochains jours ». Enfin, une fillette néerlandaise de 22 mois est toujours soignée à Genève, en Suisse, pour trois coups de couteau, selon la magistrate.

Un promeneur portugais de 73 ans, poignardé trois fois puis touché par un tir des policiers pendant l’arrestation, « a pu être entendu par les enquêteurs ». Plus légèrement blessé, l’autre adulte, un Français de 78 ans, était rentré chez lui.

Le président français Emmanuel Macron a vendredi exprimé sa « gratitude » et sa « fierté » à l’égard des personnes qui sont intervenues pour mettre fin à l’attaque.