(Annecy) La garde à vue de l’auteur de l’attaque au couteau qui a fait six blessés en France jeudi, dont quatre jeunes enfants, a été prolongée, et le président Emmanuel Macron, qui s’est rendu au chevet des victimes, a évoqué une amélioration de leur état de santé.

« Agression arme blanche à Annecy. La garde à vue du mis en cause est prolongée. Pas d’autre communication prévue ce jour en l’état », a informé vendredi un tweet laconique de la procureure d’Annecy (est), Line Bonnet-Mathis.

L’état de Abdalmasih H., un réfugié syrien en errance en France après plusieurs années de stabilité en Suède, a été jugé « compatible avec la garde à vue » après son expertise psychiatrique, a indiqué de son côté une source proche de l’enquête.

Si l’examen psychiatrique avait conclu à l’abolition du discernement, la garde à vue aurait été levée et les médecins auraient pris le relais.

L’attaque au couteau, survenue en plein jour dans un parc très fréquenté de la ville au bord du lac, a provoqué une très vive émotion en France.

Emmanuel et Brigitte Macron se sont rendus vendredi dans les Alpes, au chevet des victimes hospitalisées à Grenoble, avant d’aller à Annecy.

Les nouvelles « sont positives » concernant l’état de santé des enfants blessés dans l’attaque, a assuré le président Emmanuel Macron. « Tout ce qui m’a été dit va dans le bon sens », a ajouté le chef de l’État, interrogé par un pompier lors d’une visite à la préfecture d’Annecy. « Ils sont stabilisés », a insisté M. Macron.

PHOTO BENOIT LAGNEUX, AGENCE FRANCE-PRESSE

Emmanuel Macron et son épouse Brigitte sont arrivés vendredi à Grenoble où sont hospitalisés trois des quatre enfants blessés.

Il a notamment évoqué le cas d’une jeune Britannique, « réveillée » : « elle regarde la télévision, et c’est un mauvais souvenir déjà ». Concernant « la petite Néerlandaise, qui est (soignée) à Genève, ça va mieux », a encore détaillé M. Macron.  

Quant à l’adulte le plus sérieusement blessé, « il est réveillé aussi », a détaillé le chef de l’État.

« S’attaquer à des enfants est l’acte le plus barbare qui soit », a-t-il ajouté, disant être venu apporter le soutien de la Nation toute entière.

 « Obstruction à la garde à vue »

Depuis son interpellation, quelques minutes après l’attaque sur les enfants, Abdalmasih H. n’a donné aucune explication à son geste et fait « obstruction à la garde à vue », notamment en se « roulant par terre », selon une source proche de l’enquête.

À ce stade, ses motivations semblent « sans mobile terroriste apparent », selon le parquet d’Annecy.

L’enquête en cours pour « tentative d’assassinat » va « permettre de déterminer le mobile » de l’agresseur, a indiqué jeudi la procureure d’Annecy, ajoutant qu’elle ne pouvait « pas exclure à ce stade un acte insensé ».

Sans antécédent judiciaire et sans domicile fixe, cet homme de 31 ans qui a vécu pendant dix ans en Suède, avait quitté sa famille il y a quelques mois pour partir en France et se trouvait à Annecy depuis l’automne 2022. Quand il est passé à l’acte, il n’était pas sous l’emprise de stupéfiants ou de l’alcool.

Ce père d’une enfant de trois ans était en situation régulière quand il est arrivé en France, il y a quelques mois. Dans une nouvelle demande d’asile déposée en France en novembre 2022, il s’était déclaré « chrétien de Syrie », selon une source policière. Il portait une croix chrétienne quand il a été interpellé.  

L’assaillant, short noir et foulard bleu noué sur la tête, visait clairement les enfants lors de son attaque meurtrière, selon des images du drame authentifiées par l’AFP. On le voit dans cette vidéo lever les bras au ciel et crier en anglais « au nom de Jésus ! ».

Les images montrent aussi un jeune homme portant un sac à dos tenter de le faire reculer. Prénommé Henri, il doit faire partie des personnes que doit rencontrer Emmanuel Macron vendredi, selon l’Élysée.

À Annecy, des dizaines de personnes choquées déposaient des fleurs ou venaient se recueillir devant le petit mémorial improvisé dans l’aire de jeux. Bouquets de roses blanches, peluches, bougies et messages de soutien s’accumulent devant les châteaux de bois et les toboggans.

Un petit autel improvisé avec des bougies, des roses blanches et des messages a été dressé jeudi soir dans un coin de l’aire de jeux où s’est déroulée l’agression. « L’innocence attaquée, quelle tristesse ! ! Une pensée très émue pour les petites victimes et autres blessés », peut-on lire parmi les messages écrits à la main.

L’attaque a suscité une avalanche de réactions dans le monde politique, des élus de droite et d’extrême droite mettant en avant l’origine et le statut de l’agresseur.