Révélé il y a cinq ans grâce à Girl, qui lui a valu la Caméra d’or au Festival de Cannes (attribuée au meilleur premier film, toutes sections confondues), Lukas Dhont frappe une fois de plus en plein cœur en s’inspirant de ses propres souvenirs d’enfance. Ne correspondant pas lui-même à l’image du « vrai gars », vers laquelle tendent tous les codes sociaux liés à la notion de virilité, le cinéaste belge propose ainsi une histoire d’amitié tendre et fusionnelle entre deux préadolescents.

Quand on fait leur connaissance, Léo (Eden Dambrine) et Rémi (Gustav De Waele) semblent vivre une existence idéale dans un cadre enchanteur. Lukas Dhont baigne en outre ses images d’une lumière chatoyante afin de bien mettre en valeur le patelin dans lequel grandissent les deux garçons, comme une évocation de l’atmosphère idyllique dans laquelle s’exprime leur bonheur. Ces derniers, âgés de 13 ans, sont amis depuis toujours ou presque. Ils s’aiment en toute innocence, ne pourraient concevoir leur vie l’un sans l’autre, font pratiquement partie des deux familles, s’échangent des gestes d’affection le plus naturellement du monde.

Cette belle dynamique devra pourtant affronter la réalité du monde dès que les deux garçons se retrouvent à fréquenter la même école, placés dans la même classe. Une scène désarmante de simplicité, au cours de laquelle Léo ne fait que furtivement pencher sa tête sur l’épaule de son ami lors d’un cours, que Dhont filme de dos, illustre bien comment la pression sociale viendra s’insérer dans leur relation. Et faire des dégâts. Quand une camarade de classe, qui semble trouver leur amitié très cool, demande à Léo et Rémi s’ils sont « ensemble », la réflexion qu’entraîne la question n’est pas du tout de la même nature chez l’un et chez l’autre.

PHOTO FOURNIE PAR SPHÈRE FILMS

Eden Dambrine et Léa Drucker dans Close, film de Lukas Dhont

Léo commence alors à prendre ses distances et tente de mieux correspondre à l’image qu’attend habituellement la société du comportement d’un jeune homme. Pour ce faire, il s’inscrit en outre dans une équipe de hockey. Du côté de Rémi, c’est l’incompréhension totale. Et une peine à la mesure de son désarroi, à fendre l’âme. Vraiment, c’est bouleversant.

Avec une infinie délicatesse, beaucoup de pudeur aussi, Lukas Dhont s’immisce dans l’intimité des deux amis, ainsi que dans celle des deux familles, éprouvées par un drame.

Assumant pleinement la nature mélodramatique de son histoire, le cinéaste ne craint pas l’émotion, mais il a le doigté et la finesse de la laisser naître d’elle-même, sans rien appuyer ni tout souligner à gros traits. Tout comme il l’avait fait avec Victor Polster à l’époque de Girl, Dhont a magnifiquement su diriger ses jeunes acteurs. Ces derniers livrent ici des performances remarquables de subtilité. Il convient de souligner également les présences de Léa Drucker et d’Émilie Dequenne, formidables dans les rôles des deux mères.

Lauréat l’an dernier du Grand Prix du Festival de Cannes, maintenant finaliste aux Oscars dans la catégorie du meilleur film international, Close figurera assurément sur la liste de nos favoris de l’année.

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Close

Drame

Close

Lukas Dhont

Avec Eden Dambrine, Gustav De Waele, Émilie Dequenne

1 h 45

8,5/10