Trente ans après Playboy, Baywatch, ainsi qu’une certaine vidéo cochonne tournée maison, Pamela Anderson se dévoile sans pudeur sur Netflix, mais d’une manière différente de celle qu’elle privilégiait au cœur des années 1990 : en dénudant son âme, et non sa poitrine.

La sexe-symbole canadienne fait l’objet d’un captivant documentaire dans lequel elle raconte son histoire, une histoire que plusieurs autres ont exploitée jusqu’à présent.

D’une durée de deux heures, le long métrage judicieusement intitulé Pamela, A Love Story, qui paraît ce mardi, brosse un portrait nuancé de l’actrice et militante de 55 ans, qu’on nous a souvent dépeinte comme une bimbo siliconée. Avec sensibilité, le réalisateur Ryan White explore son enfance trouble, qui inclut un père alcoolique et violent, une gardienne qui abuse d’elle pendant des années, et surtout, un viol aux mains d’un homme de 25 ans, qui l’a transformée en adolescente « timide et complexée »… jusqu’à ce qu’elle pose une première fois pour Playboy, une expérience déterminante. « J’avais l’impression que c’était une porte d’entrée vers un nouveau monde, pour reprendre le contrôle de mon corps, de ma sexualité », explique-t-elle devant l’objectif.

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Pamela Anderson enfant

En entrevue sur Zoom avec La Presse, Ryan White avoue qu’il n’avait « pas vraiment envie » de réaliser ce projet lorsqu’un des deux fils que Pamela Anderson a eus avec Tommy Lee, le batteur du groupe Mötley Crüe, l’a contacté. « J’avais des idées préconçues, je croyais qu’elle serait plus grande que nature, compliquée, difficile, blasée, superficielle, très consciente de l’image qu’elle projette… Je croyais qu’elle serait complètement déconnectée. »

Une rencontre avec l’icône blonde a suffi pour dissiper les craintes du documentariste derrière The Keepers, une populaire série de style true crime sortie en 2017. « Je l’ai trouvée facile d’approche et agréable. »

En confiance

Note aux rares téléphiles qui pourraient s’en souvenir : à aucun moment, le documentaire n’aborde l’aventure Sur-Vie, cette minisérie québécoise dans laquelle Pamela Anderson a joué avec Mariloup Wolfe en 2017.

Sans surprise, cette omission pardonnable n’empêche pas Pamela, A Love Story d’offrir un survol complet du parcours professionnel et personnel de l’ancienne pin-up. Généreuse, cette dernière a d’ailleurs laissé Ryan White fouiller dans ses archives personnelles, qui comprenaient plusieurs journaux intimes et, surtout, un nombre incalculable de VHS avec des vidéos familiales qu’elle a captées au moyen d’un caméscope durant son mariage tumultueux avec Tommy Lee. La star avait presque oublié qu’elle avait entreposé ce magot dans son grenier.

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Pamela Anderson avait toute une réserve de vidéos maison.

« Quand on est tombés là-dessus, j’étais comme un enfant dans un magasin de bonbons, raconte Ryan White. Rien n’a été mis en scène. On est allés acheter un magnétoscope et une télévision, et Pamela est arrivée pendant qu’on branchait les appareils. »

J’ai demandé au caméraman de filmer sa réaction pendant qu’elle regardait les cassettes. Ça s’est fait de manière très organique.

Ryan White, réalisateur

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Pamela Anderson dans Pamela, A Love Story

De son propre aveu, White n’a pas « fait grand-chose » pour gagner la confiance de Pamela Anderson. « J’aimerais bien vous parler des efforts que j’ai mis, mais non. Pamela est quelqu’un de protégé, c’est-à-dire qu’il n’y a pas beaucoup de personnes dans son cercle rapproché, qui comprend ses parents, ses deux fils et quelques amis. Mais une fois que tu entres dans son orbite, elle s’ouvre tout entière. C’est étonnant, quand on sait à quel point elle a été jugée et ridiculisée. On aurait pu croire qu’elle s’est forgé une armure en acier. Mais non. »

« Quand je commence un film, je fais habituellement des préentrevues pour mettre l’autre personne à l’aise, poursuit le réalisateur américain. Mais Pamela est arrivée la première journée dans son cardigan, elle s’est assise devant moi sans maquillage et sans coiffure, et elle a mis ses tripes sur la table. C’était vraiment naturel et brut. »

Lucidité et autodérision

La lucidité avec laquelle Pamela Anderson relate son parcours dans Pamela, A Love Story en étonnera plusieurs. Tout comme son sens de l’autodérision. Au sujet de Baywatch, elle déclare : « C’était une série qu’on pouvait regarder le volume fermé. L’histoire était secondaire. »

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Pamela Anderson

Elle est également la première à admettre qu’elle s’est mariée (et a divorcé) ridiculement trop souvent. Elle refuse aussi l’étiquette de victime, mais quand on sait comment la parution, sans son consentement, d’une vidéo intime d’elle et Tommy Lee a torpillé sa carrière, on peine à trouver un meilleur adjectif pour qualifier son statut. Surtout que l’affaire a laissé des traces. Son séjour en cour, pour convaincre un juge d’arrêter la distribution du moyen métrage volé, l’a traumatisée. Chaque fois qu’elle y repense, elle revit l’humiliation. Voilà pourquoi la série de fiction basée sur l’évènement sortie l’an dernier sur Hulu, Pam and Tommy, l’a autant chamboulée. Dans les dernières minutes du documentaire, on peut notamment voir Pamela trembler lorsqu’elle apprend que son fils a regardé ses premiers épisodes.

« Pamela a traversé un nombre incroyable d’épreuves, mais pour une raison ou une autre, elle n’a jamais perdu sa fibre romantique, son optimisme, sa candeur… Je savais qu’en disséquant le phénomène et qu’en déboulonnant le mythe dans un film, ça donnerait quelque chose d’intéressant. »

Et comment !

Pamela, A Love Story atterrit sur Netflix ce mardi. Également offert en version française.