Alors qu’il vient de se faire laisser par sa copine, Sam perd mystérieusement connaissance. À son réveil, il entend des bruits étranges qui pourraient être d’origine extraterrestre.

Les films de science-fiction sont rares au Québec. Surtout les films minimalistes et expérimentaux comme Mistral spatial, qui semblent provenir d’une autre planète.

Cet objet cinématographique non identifié est le premier long métrage de Marc-Antoine Lemire, qui avait proposé par le passé l’excellent court Pre-Drink. Le réalisateur utilise le cinéma de genre comme métaphore de la séparation et du deuil amoureux. Son héros largué et insomniaque perd peu à peu contact avec la réalité, se laissant guider par ses hallucinations.

Elles s’expriment par un riche travail sur la forme. Le récit, divisé en trois actes, épouse le désarroi et la solitude de son protagoniste. Le ratio de l’image semble d’abord l’étouffer avant de prendre peu à peu de l’expansion à mesure qu’il recouvre sa liberté. La photographie est en noir et blanc lors de ses rechutes, retrouvant ses couleurs lorsque ses plaies se cicatrisent. Puis il y a tout l’enrobage sonore qui confère un singulier climat d’étrangeté.

PHOTO FOURNIE PAR LES FILMS DE LA MÉDUSE

Scène du film Mistral spatial

Dommage qu’un tel soin n’ait pas été apporté au scénario. Le script ténu aurait sans doute mieux convenu à un moyen métrage. L’effort cherche tellement à être bizarre et original qu’il en devient presque opaque. Pour quelques moments poétiques – cette surimpression de souvenirs personnels qui agissent comme des fantômes ou ces ondes musicales qui font écho à Close Encounters of the Third Kind –, il y en a d’autres plus répétitifs, avec un chat inquiétant ou des acteurs inégaux qui tentent d’apporter un humour qui tombe souvent à l’eau.

L’ensemble tient pourtant la route jusqu’au dernier acte. Un séjour dans la nature dans un centre de ressourcement qui vire au délire et au grand n’importe quoi. Cela inclut un rave d’individus déguisés en animaux et un passage animé sur fond de psychotropes et de symboles sexuels. Rendu là, le film devient un trip entre amis qui aurait sans doute eu son heure de gloire dans une salle bondée de Fantasia.

Une fin stupéfiante à une œuvre ludique et marginale qui, à défaut d’être concluante, laisse entrevoir la folie créative qui anime son auteur. Le meilleur est encore à venir.

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Mistral spatial

Science-fiction

Mistral spatial

Marc-Antoine Lemire

Avec Samuel Brassard, Catherine-Audrey Lachapelle, Alex Trahan

1 h 43

6/10