(Venise) La Québécoise Ariane Louis-Seize a remporté vendredi le premier prix de la section Giornate degli Autori du 80Festival international du film de Venise. Le Prix de la meilleure réalisation de cette section parallèle de la Mostra, aussi nommée Venice Days, a récompensé son réjouissant premier long métrage, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant.

Quitter la nuit de la Belgo-Québécoise Delphine Girard, un drame psychologique complexe et subtil, mettant notamment en vedette Anne Dorval, a de son côté remporté le Prix du public de Giornate degli Autori. Les deux longs métrages avaient été sélectionnés dans le cadre de cette compétition sélecte de seulement 10 films, choisis parmi quelque 1200 candidats.

« Gagner ce prix est surréel », m’a confié Ariane Louis-Seize, qui était sans mots après la cérémonie de clôture, accompagnée de l’un de ses acteurs principaux, Félix-Antoine Bénard.

Je suis tellement fière de ce film et heureuse de constater que non seulement il est un crowd pleaser, mais qu’il peut plaire à un public de festival. Surtout que le jury était jeune à Giornate. Je suis émue que Félix-Antoine ait pu être là avec moi. On est les deux sur un nuage !

Ariane Louis-Seize

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant est un charmant film de vampire à l’humour noir, doublé d’un récit d’apprentissage attendrissant. « Ce film mérite d’être célébré pour sa forte vision créative et sa cohérence stylistique dans divers aspects, notamment la cinématographie, l’interprétation, le montage, les costumes et les décors », a déclaré le président du jury de la compétition de Gironate degli Autori, le réalisateur et scénariste portugais João Pedro Rodrigues. Le prix de la meilleure réalisation est assorti de la somme de 20 000 euros, qui sera séparée entre la cinéaste et son distributeur européen. Parmi les précédents lauréats, on compte notamment Laurent Cantet, Claire Burger et Jayro Bustamente.

PHOTO VIVIEN GAUMAND, FOURNIE PAR LA MOSTRA DE VENISE

Ariane Louis-Seize

« Le film traite de questions profondes et complexes, telles que la dépression, le bien-être mental, le suicide et la neurodiversité en utilisant un langage apparemment léger, mais poignant et radical, a ajouté Rodrigues. Il suggère que, dans une société contemporaine normalisante, il est possible de trouver une autre façon d’être soi-même. En conservant un style et un langage uniques, le film touche un large public, grâce à sa tendresse et à son humanité. »

Coming of age équilibré

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, qu’Ariane Louis-Seize a coscénarisé avec Christine Doyon, est en effet un numéro d’équilibriste particulièrement réussi entre le drame et la comédie. C’est l’histoire de Sasha (Sara Montpetit), une adolescente qui refuse de céder à sa nature sanguinaire et de mordre un être humain. Elle se contente de boire du sang à la paille dans les sachets à sa disposition dans le frigo familial. Son père (Steve Laplante) la soutient dans sa différence, mais sa mère (Sophie Cadieux) est moins indulgente.

Sasha est envoyée par ses parents (Steve Laplante et Sophie Cadieux) vivre chez sa cousine Denise (Noémie O’Farrell) et s’inscrit à leur insistance dans un groupe d’aide pour dépressifs anonymes.

Elle y rencontre Paul (Félix-Antoine Bénard), un garçon timide, souffre-douleur de ses camarades de classe, qui ne trouve pas de sens à sa vie et veut en finir. Sasha lui propose un marché.

Le résultat est un film sensible et beau, tantôt mélancolique, tantôt hilarant, qui multiplie les métaphores et les sous-entendus, notamment sur les maladresses et le stress de la « première fois ». « Comme on est dans le film de vampires, mais aussi le coming of age et l’humour noir, on reconnaît les codes, que l’on déjoue en les mélangeant », m’expliquait cette semaine Ariane Louis-Seize. Elle me faisait remarquer, après la remise des prix de Giornate degli Autori, que les films choisis par le jury ont été réalisés par des femmes. « Ça dit quelque chose sur cette sélection », dit-elle.

Lisez l’entrevue avec Ariane Louis-Seize

Plusieurs films québécois marquants ont été présentés dans la section Venice Days, parmi lesquels Incendies, de Denis Villeneuve, ainsi que C. R. A. Z. Y. et Café de Flore, de Jean-Marc Vallée. Ariane Louis-Seize et Delphine Girard, qui est née au Québec et a grandi en Belgique, sont les premières réalisatrices québécoises à présenter un film dans cette prestigieuse section parallèle.

PHOTO FOURNIE PAR LA MOSTRA DE VENISE

Delphine Girard

Anxiogène, brut et chargé d’émotion, Quitter la nuit de Delphine Girard, une coproduction québécoise, aborde « le thème malheureusement trop d’actualité de la violence faite aux femmes », a souligné la directrice artistique de la section Giornate degli Autori, Gaia Furrer, avant sa présentation en compétition cette semaine.

Ce remarquable long métrage est le prolongement du précédent film de Delphine Girard, Une sœur, finaliste aux Oscars en 2020 dans la catégorie du meilleur court métrage de fiction et lauréat de plusieurs prix dans les festivals internationaux. Quitter la nuit ouvrira le Festival international du film de Namur à la fin du mois et concourra pour le nouveau Prix du jury Marc-André-Lussier du Festival Cinémania à Montréal, en novembre.

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant sera présenté le 11 septembre au Festival international du film de Toronto, où la cinéaste doit se rendre samedi, directement de Venise. Ce formidable film de genre prendra l’affiche le 13 octobre au Québec, après sa présentation au Festival du nouveau cinéma de Montréal.