La nouvelle pièce de Larry Tremblay, créée au Trident à Québec cet hiver, prend l’affiche du Théâtre d’Aujourd’hui, dans une mise en scène de Claude Poissant. Discussion croisée et animée.

Vous n’entendrez jamais Larry Tremblay ni Claude Poissant dire que… « c’était donc mieux avant ». « Pour bien vieillir, on ne doit pas se braquer sur le monde qui change autour de soi, pense Poissant. Au lieu de toujours chialer, il faut s’ouvrir de plus en plus, voir l’horizon plus large. Sinon, notre monde se rétrécit à l’infini. »

La nouvelle pièce de Larry Tremblay aborde la thématique du vieillissement, avec cinq personnages âgés qui apprivoisent la fin. « C’est l’histoire de gens qui entament les premiers mouvements de leur dernier rideau. Avec, au ventre, la peur de perdre tous leurs repères », résume Poissant.

« Vieillir est un défi, abonde Larry Tremblay, qui aura 70 ans le 17 avril. Or, personnellement, je suis plus préoccupé par le glissement des valeurs au Québec. Car les valeurs bougent d’une génération à l’autre. Je prends un exemple concret : l’avenir de la langue française. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Larry Tremblay

Pour moi – un écrivain francophone qui gagne sa vie avec la langue –, c’est un enjeu TRÈS important. Or, il l’est moins pour les nouvelles générations qui ont d’autres priorités.

Larry Tremblay

Coup de vieux est donc une réflexion sur le vieillissement et nos perceptions de cette réalité. Le récit est porté par cinq personnages aux opinions tranchées qui dialoguent et vieillissent à vue d’œil sur scène ! Ils sont défendus par autant de grandes pointures : Sylvie Drapeau, Marie Gignac, Jacques Girard, Jacques Leblanc et Linda Sorgini. Le jeune acteur Thomas Boudreault Côté joue Clovis le clown et hante la scène de son absurde présence.

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Larry Tremblay et Claude Poissant au Centre du Théâtre d’Aujoud’hui

Divers enjeux

Parmi les enjeux abordés dans Coup de vieux, il y a la baisse de natalité, l’immigration, le suicide, les travailleurs immigrés, le manque de main-d’œuvre au Québec, notamment pour s’occuper de la population vieillissante. « Ils m’ont accusée de tous les malheurs du monde. La pollution, ma faute. La déforestation, ma faute. La famine dans le monde, ma faute ; la fonte des glaces, ma faute ; la mort des abeilles, ma faute », dit Adèle, une mère boomer à propos de ses petits-enfants.

Lorsqu’on lui demande ce qu’il aime dans l’écriture de Tremblay, Poissant répond que son théâtre ne verse jamais dans le psychologique et le didactique.

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Le metteur en scène Claude Poissant dirige sa sixième pièce de Larry Tremblay.

Je n’ai jamais l’impression qu’il souligne au crayon gras les réflexions, les valeurs et les messages qu’on trouve dans ses pièces. Il ouvre des portes et les referme. C’est ce qui est beau dans la pièce.

Claude Poissant

Avec Coup de vieux, Poissant signe sa sixième pièce de Larry Tremblay, depuis Le Ventriloque, en 2001. « C’est un cliché, mais beaucoup de choses échappent à l’écrivain lorsqu’il écrit… Grâce à l’imaginaire de Claude, je vois mieux mes pièces ; j’entends mieux mes mots ; je les redécouvre. Une chimie s’est installée entre nous », se réjouit l’auteur.

« Larry [Tremblay] transpose toute la violence qui l’habite dans son écriture », croit Claude Poissant.

L’auteur nous rappelle une anecdote à ce sujet. La première fois que Michelle Rossignol l’a rencontré au Théâtre d’Aujoud’hui, elle s’attendait à voir arriver un monstre dans son bureau. « Elle s’étonnait de voir devant elle un homme doux, réservé, timide… après avoir lu mes textes. »

Si Larry Tremblay vieillit, il reste très prolifique. Parmi ses projets à suivre, il y a deux adaptations de ses pièces marquantes au cinéma. L’orangeraie, film produit par Roger Frappier et dirigé par Murad Abu Eisheh, un (jeune) réalisateur jordanien de 31 ans. Et Tableau final de l’amour, créé par Angela Konrad, à l’Usine C, qui sera scénarisé par Simon Boulerice dans une production au grand écran d’Attraction images.

Du 18 mars au 16 avril, au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

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Aussi à l’affiche

Explosion

PHOTO KATYA KONIOUKHOVA, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

Geneviève Labelle et Mélodie Noël Rousseau, du Théâtre Pleurer dans’ douche

Un garage pas comme les autres s’installe à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier : la démolition est au cœur de l’action ! La bande du Théâtre Pleurer dans’ douche y invite le public à s’interroger sur le travail, les rapports de pouvoir ainsi que sur différentes violences systémiques. Ce sera aussi l’occasion de réfléchir aux objets souvent anodins qui nous entourent, le tout sur fond de musique en direct. Un spectacle inclusif pensé comme un grand défouloir collectif.

Du 19 mars au 6 avril, au Théâtre Denise-Pelletier

Stéphanie Morin, La Presse

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Nederlands Dans Theater

PHOTO RAHI REZVANI, FOURNIE PAR DANSE DANSE

Jakie, nouvelle création de Sharon Eyal et Gai Behar, fait partie du programme triple du NDT.

Les toujours excellents et impressionnants danseurs de la troupe des Pays-Bas – une compagnie chouchoute de Danse Danse, avec raison, dirigée depuis 2020 par la Canadienne Emily Molnar – sont encore une fois de passage sur nos scènes avec un programme triple. En vedette : Jakie, une nouvelle création du génial duo composé de Sharon Eyal et Gai Behar (artistes associés au NDT), le tout accompagné de One Flat Thing, reproduced, par le réputé chorégraphe William Forsythe, puis complété par The Point Being, pièce créée par deux anciens interprètes de la compagnie, Imre et Marne van Opstal.

Du 20 au 23 mars, au Théâtre Maisonneuve

Iris Gagnon-Paradis, La Presse

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Le nœud

PHOTO FOURNIE PAR LES PRODUCTIONS MARTIN LECLERC

Édith Paquet et Sandra Dumaresq partagent la scène dans Le nœud.

Présentée à guichets fermés au Théâtre La Licorne en 2022, la pièce Le nœud est actuellement en tournée avec une nouvelle distribution composée de Sandra Dumaresq et d’Édith Paquet. L’une est mère d’un enfant de 11 ans qui s’est donné la mort. L’autre était son enseignante. Ensemble, les deux femmes vont tenter de comprendre l’inexplicable, malgré leurs visions qui s’entrechoquent et la culpabilité qui les ronge. Un texte de l’Américaine Johnna Adams, mis en scène par Guillermina Kerwin. Un arrêt est prévu à la Cinquième Salle de la Place des Arts le 26 mars, mais la tournée québécoise se poursuit jusqu’en décembre.

Stéphanie Morin, La Presse

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Bachelor

PHOTO ÉMILIE LAPOINTE, FOURNIE PAR LES PRODUCTIONS MARTIN LECLERC

Édith Cochrane (à gauche) dirige la mise en scène de Bachelor, portée par l’actrice Monika Pilon.

Dolorès, personnage central de la pièce imaginée en 1979 par Louis Saia, Michel Rivard et Louise Roy, est de retour. Cette fois, c’est Monika Pilon qui endosse les habits de cette étalagiste de chez Eaton qui n’a pas la langue dans sa poche. Il faut dire qu’à l’époque, tout se disait et aucun sujet n’était tabou… Surtout pas le désir de plaire à tout prix qui étreint Dolorès et l’enferme dans un piège. La mise en scène de cette tragi-comédie, véritable pépite du répertoire québécois, a été confiée à Édith Cochrane. La pièce sera présentée à la Cinquième Salle de la Place des Arts les 21, 22, 23 et 31 mars ainsi que les 1er, 2 et 3 avril. Une tournée québécoise est prévue jusqu’en avril 2025.

Stéphanie Morin, La Presse

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Et puis par la fenêtre, nous pourrons voir les champs

PHOTO ALEXIS TREMBLAY, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE LA BORDÉE

Henri Chassé et Danielle Proulx dans Et puis par la fenêtre, nous pourrons voir les champs

Henri Chassé et Danielle Proulx dominent la distribution de cette pièce sur une famille rurale comme les autres où on s’aime et on s’engueule avec la même passion. Sauf qu’ici il est question de départs, de la ville qui fait entendre son chant, de relève agricole et d’un père qui n’en peut plus. Un texte signé Stéphanie Labbé, mis en scène par Gabrielle Lessard, qui a connu un franc succès lors de son passage au Théâtre du Bic.

Au Théâtre de La Bordée, à Québec, du 27 mars au 6 avril

Stéphanie Morin, La Presse

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