Le Théâtre Denise-Pelletier présente un classique de Tennessee Williams, La ménagerie de verre, revisité par Alexia Bürger et Fanny Britt. Un spectacle artificiel et sans vision… qu’on va vite oublier.

En quittant le Théâtre Denise-Pelletier, après la représentation de La ménagerie de verre, on cherche en vain le sens de cette production. Que veut nous dire Alexia Bürger en s’attaquant à cette œuvre mythique du répertoire nord-américain ? Quelle est sa lecture de la pièce ? Quelle résonance veut-elle lui donner dans le monde actuel ?

On comprend qu’elle ait voulu s’éloigner du réalisme pour épouser le symbolisme, la poésie du texte… Or, le style n’est pas un point de vue et sa proposition est loin d’être convaincante.

Et pourtant, la pièce demeure actuelle. À travers la vision de Tom, narrateur de la pièce et personnage alter ego de l’auteur, La ménagerie de verre expose l’importance de briller dans son unicité, sa différence. Et de polir cette différence pour faire briller notre humanité souffrante.

Famille brisée

La scène est un huis clos qui se passe à St. Louis, durant la Grande Dépression, dans une famille fragile que la visite de Jim (Thomas Derasp-Verge) fera imploser. Amanda Wingfield est une mère tyrannique, manipulatrice et aimante à la fois. Son fils Tom est un écrivain (qu’on ne voit jamais écrire une ligne dans cette production !) qui doit travailler dans une usine pour subvenir aux besoins des siens. Tom rêve de fuir au loin, mais protège sa sœur Laura (Élisabeth Smith), avec un « léger handicap » et d’une timidité maladive, qui ne vit que pour sa ménagerie d’animaux de verre.

Leur père les a abandonnés. On voit une photo de lui qui s’illumine sur la scène chaque fois qu’il est question du déserteur. Le décor est formé de grands rideaux ocre qui enrobent un espace vide. On fait apparaître et disparaître meubles et accessoires, ici et là. Une belle scénographie qui, hélas, nous éloigne de l’âpreté du quotidien des Wingfield.

PHOTO VICTOR DIAZ LAMICH, FOURNIE PAR LE TDP

Élisabeth Smith et Fabrice Yvanoff Sénat, qui joue Tom dans La ménagerie de verre.

Où sommes-nous ?

Fanny Britt signe une nouvelle traduction. On s’explique mal pourquoi… Sa version mêle les niveaux de langue. Et, tout comme la mise en scène, ne parvient pas à nous situer dans un univers cohérent. À deux reprises, on voit Amanda se couvrir d’un drapeau américain, comme pour nous rappeler où se déroule l’histoire !

PHOTO VICTOR DIAZ LAMICH, FOURNIE PAR LE TDP

Élisabeth Smith et Marie-Hélène Thibault dans une scène de La ménagerie de verre

La distribution est mal dirigée. Dans le rôle de Tom, le jeune Fabrice Yvanoff Sénat récite son texte et oublie de jouer la situation. Marie-Hélène Thibault incarne son personnage dans un seul registre : colérique. Bien sûr, Amanda peut être étouffante, mais cette « Belle du Sud » est aussi animée par une douce folie. Ce qu’on ne voit jamais dans cette production. Et ce n’est pas la robe très échancrée aux jambes, digne d’un concours de beauté cheap, qu’Amanda porte pour recevoir Jim, l’ami de son fils, qui lui transmet cette fantaisie.

Petit rappel aux concepteurs : Amanda est une mère de famille chrétienne des années 1930 qui dit son bénédicité avant chaque repas. Pas une « call girl »…

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La ménagerie de verre

La ménagerie de verre

De Tennessee Williams

Au Théâtre Denise-Pelletier, Jusqu’au 9 avril

5/10