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Elle joue (Jules & Joséphine), elle écrit (Le Mont Analogue) et elle réalise (Entre-deux). Entre autres. L’auteure, comédienne, metteure en scène et réalisatrice Clara Prévost concrétise plusieurs projets ces jours-ci. Nous lui avons parlé.

On attrape Clara Prévost au vol, entre deux représentations de Jules & Joséphine, à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier, à Montréal.

La pièce écrite par Philippe Robert est une sorte d’hommage à Jules Verne, produite par le Théâtre Advienne que pourra – de Frédéric Bélanger, qui signe la mise en scène. Clara y incarne la cousine québécoise de Jules Verne. Elle lui fait le pari qu’elle traversera l’Atlantique en moins de 30 jours – en ballon, en bateau, etc., autant de clins d’œil à l’auteur du Tour du monde en 80 jours.

Si elle réussit l’exploit de le rejoindre à Nantes dans les délais prescrits, les deux cousins se donneront « la permission » de vivre leurs rêves respectifs : Joséphine continuera à voyager, plutôt que de se marier et devenir femme au foyer, et Jules concrétisera son rêve de devenir écrivain plutôt qu’avocat, comme le souhaite sa famille.

« Ce que j’aime des spectacles du Théâtre Advienne que pourra [Les aventures de Lagardère, D’Artagnan et les trois mousquetaires], c’est que le retour du public est toujours extrêmement joyeux, nous dit Clara Prévost, le regard vif. Les spectateurs sortent nourris, allégés, émerveillés, c’est comme si ça éveille leur cœur d’enfant. »

Son personnage, elle l’a composé en ne perdant jamais de vue le portrait d’ensemble de la pièce.

C’est une épopée épique, il y a des personnages farfelus autour de moi, donc mon défi est d’être bien ancrée. D’être dans la vérité et dans la sincérité. Pour que la quête de Joséphine soit concrète, pour lui donner de la profondeur.

Clara Prévost

Cette plongée dans l’univers de Jules Verne – même par la bande – lui a plu. « C’est un univers qui m’a allumée. J’aimerais lire ses livres, mais je manque de temps ! »

On la comprend en voyant défiler les productions qui l’occupent. La semaine prochaine, elle lancera la pièce Le Mont Analogue, qu’elle a coécrite avec la chorégraphe Wynn Holmes et le compositeur Hubert Tanguay-Labrosse. Il s’agit d’une libre adaptation du roman inachevé de René Daumal. Un roman d’aventures alpines inspiré par l’hindouisme dans lequel un groupe d’amis part à la recherche d’une montagne mystérieuse.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Clara Prévost

« L’idée vient de Wynn Holmes, qui m’a contactée pour écrire le texte, parce que c’est un spectacle où il y a beaucoup de danse et de musique, nous dit Clara Prévost. C’est un roman inachevé qui se termine par une virgule. Mais comme c’est une quête spirituelle, dans laquelle la montagne est une analogie, le fait que ça se termine par une virgule n’est pas anodin, c’est même assez poétique. »

Le Mont Analogue est une pièce écrite pour un comédien – Jean-François Casabonne –, six danseurs et six musiciens.

« Je ne voulais pas que ce soit simplement une narration, donc mon défi était de faire intervenir tout le monde, sans qu’il y ait de redite avec les segments dansés ou chantés, détaille Clara. Tout le monde joue, chante et danse, on est tous en dehors de notre zone de confort avec ce spectacle. On a travaillé par allers-retours avec Wynn et Hubert, qui a composé la musique. »

Dans l’adaptation de Clara Prévost, comme dans le roman, ladite montagne est invisible, et sa base ou son « soubassement » a la propriété de courber l’espace autour de lui, ce qui fait qu’on la contourne sans même s’en rendre compte. Le cinéaste chilien Alejandro Jodorowsky avait d’ailleurs fait une adaptation onirique de ce roman, La montagne sacrée.

Il faut y aller avec un esprit d’ouverture, nous dit Clara Prévost dans un grand éclat de rire.

J’aime la profondeur de la réflexion qu’il y a dans ce roman. Il y a quelque chose de mystique dans cette quête spirituelle, mais la recherche est réelle. Quelqu’un qui croit en quelque chose profondément et qui va au bout de son idée, que ce soit artistique ou non, et qui s’allie à un groupe de gens pour réaliser son projet, peu importe ce que les gens en pensent, moi, ça me touche.

Clara Prévost

Pour compléter son hiver déjà bien rempli, le court métrage Entre-deux, son deuxième film (qui met en vedette Valérie Tellos et Mattis Savard-Verhoeven), sera présenté aux Rendez-vous Québec Cinéma.

Entre-deux est l’histoire d’un couple qui songe à avoir un enfant. « Ils sont dans ce questionnement-là sur les différents cycles de la vie. Dans un état d’entre-deux, dans le vertige d’une décision en apparence banale, mais qui bouleverse tout. Je ne voulais pas parler des fulgurances du début ou des méandres de la fin d’une relation. Je voulais romantiser le banal, l’ordinaire, les questions que tout le monde se pose. »

Clara Prévost aime choisir des projets « substantiels » où elle a le « pouvoir » sur ce qui est dit, sur ce qui est créé. « J’aime le jeu, mais pas à tout prix, nous dit-elle. Je suis plus sélective qu’avant. Et j’adore réaliser des films. J’ai envie d’aller un peu par là. Mais en ce moment, j’explore tout ça. »

Jules & Joséphine, à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 8 mars

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Le Mont Analogue, au théâtre Espace Go du 27 février au 10 mars

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Entre-deux, à la Cinémathèque québécoise le 26 février à 17 h 45 dans le cadre des Rendez-vous Québec Cinéma

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M’appelle Mohamed Ali

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Stéphanie Morin, La Presse

Apologia

PHOTO NICOLA-FRANK VACHON, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE LA BORDÉE

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Présentée à La Bordée, à Québec, cette comédie dramatique venue de Grande-Bretagne met en scène Kristin Miller, une historienne de l’art. Le jour de ses 70 ans, cette baby-boomer qui était de tous les combats est forcée de regarder d’un œil différent son militantisme de naguère. Un texte sur les idéaux (et ce qu’il en reste) de cette génération désireuse de changer le monde sur la musique de Give Peace a Chance. L’actrice Marie-Ginette Guay est entourée ici d’une distribution de cinq interprètes, dans une mise en scène de Michel Nadeau.

À La Bordée, du 27 février au 23 mars

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Stéphanie Morin, La Presse

Liebestod

PHOTO CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE, FOURNIE PAR L’USINE C

Angélica Liddell s’inspire de la tauromachie, mais aussi de la musique de Wagner, pour sa création intitulée Liebestod.

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À l’Usine C, les 22, 23 et 24 février

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Iris Gagnon-Paradis, La Presse

The Mirror

PHOTO ANDY PHILLIPSON, FOURNIE PAR LA TOHU

La troupe australienne Gravity & Other Myths est de passage à la TOHU avec son spectacle The Mirror.

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À la TOHU, du 21 février au 3 mars

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Stéphanie Morin, La Presse

Detrás del Sur : Danzas para Manuel

PHOTO MARCELA GÓMEZ, FOURNIE PAR DANSE DANSE

La troupe colombienne Sankofa Danzafro sera de passage à Montréal pour la toute première fois.

Percussions, chants, danse urbaine et contemporaine mâtinés de rythmes africains seront de la partie chez Danse Danse avec la venue (une première !) de la troupe colombienne Sankofa Danzafro. Le danseur et chorégraphe Rafael Palacios cherche dans son travail à déconstruire les stéréotypes associés au corps noir, dans un pays où la population afrodescendante est la deuxième en importance du continent latino-américain. Cette création, intitulée Detrás del Sur : Danzas para Manuel, rend hommage à Changó el Gran Putas, œuvre monumentale de l’écrivain, médecin et anthropologue Manuel Zapata Olivella, une fresque retraçant l’histoire de la diaspora noire africaine au Nouveau Monde.

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Iris Gagnon-Paradis, La Presse