Dix morceaux choisis dans l’imposant curriculum vitæ de Raymond Bouchard, commentés par celui dont la voix résonne depuis 60 ans à la télé, au cinéma, mais surtout au théâtre.

Othello (1986)

PHOTO ROBERT ETCHEVERRY, FOURNIE PAR LE TNM

Raymond Bouchard dans le rôle d’Othello au Théâtre du Nouveau Monde

Raymond Bouchard était au faîte de sa carrière théâtrale lorsqu’il a endossé le rôle d’Othello au Théâtre du Nouveau Monde, dans une mise en scène d’Olivier Reichenbach.

« Ç’a été le plus gros défi de ma vie, porter ce rôle énorme pendant deux à trois heures à chaque représentation. Shakespeare, c’est super heavy, et jouer cela fait mal tout le long. Moi qui ne suis pas du tout sportif, j’ai compris ce que l’expression ‟frapper un mur” veut dire pour les coureurs. Le premier samedi, on jouait deux représentations : après la première, j’étais effondré dans ma loge. Je ne pensais pas être capable de revenir sur scène le soir ! C’était très épuisant, mais ça reste un magnifique souvenir. »

L’or et le papier (1989, 1990 et 1992)

Raymond Bouchard a incarné le rôle principal de cette série présentée en deux volets à Radio-Canada : celui de Raymond Laflamme, propriétaire des Papiers La Source, qui lui a valu le prix Gémeaux pour la meilleure interprétation dans un premier rôle masculin dramatique en 1990.

« Ç’a été un trip extraordinaire ! Comme il s’agissait d’une coproduction avec la France, on jouait avec plein de comédiens français sous la direction de Jean Beaudin. Je jouais un beau rôle, inspiré par le propriétaire des Papiers Cascades. Dans les Cantons-de-l’Est, il n’y avait personne dans les rues quand L’or et le papier passait à la télé ! »

Scoop (1992 à 1995)

Dans la série radio-canadienne écrite par Réjean Tremblay et Fabienne Larouche, Raymond Bouchard a porté les habits de Paul Vézina, l’obtus éditeur du quotidien L’Express.

« Ç’a été de belles années ! Il y avait beaucoup de bouleversements et d’action dans cette série. On devait faire des scènes heavy, puis des scènes très drôles. Ça m’a aussi permis de jouer avec Claude Léveillé, un homme que j’aimais beaucoup. Au départ, ce personnage ne devait rester qu’une saison, mais les auteurs ont décidé de le garder plus longtemps. Ça doit vouloir dire que j’étais bon, sans vouloir me lancer des fleurs ! »

Douze hommes en colère (2000)

PHOTO FOURNIE PAR LES PRODUCTIONS JEAN-BERNARD HÉBERT

Raymond Bouchard (en bas à gauche) incarnait le juré numéro 3 dans ce classique du théâtre américain.

Dans ce classique de la dramaturgie américaine signé Reginald Rose, Raymond Bouchard incarnait le juré numéro 3, celui qui refuse jusqu’à la toute fin de croire en l’innocence de l’accusé. Ici, la production a été mise en scène par Jacques Rossi et a été présentée dans plusieurs salles, notamment au Théâtre français du Centre national des Arts à Ottawa et au Théâtre du Vieux-Terrebonne.

« Ce rôle faisait partie de ceux dont je rêvais depuis longtemps. C’était super le fun à jouer : il y a de la chair autour de l’os tout au long de la pièce et à la fin, mon personnage explose, en crise. Ce monologue final était très émouvant à livrer. J’ai dû jouer cette pièce 150 fois… »

Lance et compte (2002, 2004, 2006 et 2009)

Apparu pour la première fois dans Lance et compte : Nouvelle génération, Raymond Bouchard a incarné le personnage de Jérôme Labrie, qui deviendra président du National de Québec. Les quatre derniers chapitres de la série écrite par Réjean Tremblay ont été présentés à TQS puis à TVA. Raymond Bouchard figurait aussi au générique du film Lance et compte.

« Cette série m’a permis de plonger dans un autre monde, celui du sport. J’adore suivre le sport à la télé, notamment le Tour de France. Je connais tous les noms des cyclistes ! Lance et compte a été une série très importante pour le Québec et c’était le fun d’en faire partie. »

Annie et ses hommes (2002 à 2009)

Pendant sept ans, Raymond Bouchard a interprété Gilbert Séguin dans ce téléroman présenté à TVA et écrit par Annie Piérard et Bernard Dansereau. En 2003, il a d’ailleurs remporté le prix Gémeaux dans la catégorie de la meilleure interprétation, rôle de soutien masculin dans un téléroman ou une comédie pour ce rôle.

« Cette série, c’était comme une famille ! J’étais content de jouer le père de la belle Guylaine Tremblay, avec qui j’avais joué dans Le médecin malgré lui au Rideau Vert et qui préparait toujours des tours pour me faire rire sur scène ! C’est une grande comédienne qui excelle dans le drame comme dans la comédie. Ç’a été sept belles années ! »

La grande séduction (2003)

Pour le cinéma, Raymond Bouchard s’est glissé dans la peau de Germain Lesage, ratoureux maire de Sainte-Marie-la-Mauderne, dans le film La grande séduction, écrit par Ken Scott et réalisé par Jean-François Pouliot.

« Tout dans ce film a été une aventure mémorable. Le tournage sur une île représentait un gros défi. Le matériel arrivait par barge de Sept-Îles ! Pour aller sur l’île, il fallait prendre un bateau piloté par un capitaine toujours un peu soûl. Moi qui ai peur de l’eau ! Le succès du film a aussi été énorme. La première fois qu’on l’a vu monté en entier, c’était à Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs. Le public a ri tout le long ! »

La vie avec mon père (2005)

Dans ce film réalisé par Sébastien Rose et coécrit (avec Stéfanie Lasnier) par ce dernier, Raymond Bouchard joue le rôle de François Agira, un écrivain célèbre malade et sur le bord de la faillite, qui tente de réconcilier ses deux fils aux personnalités disparates.

« Pendant le tournage, j’ai beaucoup pensé à mon père et à ce que ça signifie de vieillir. J’ai tourné de superbes scènes avec ceux qui faisaient mes fils, Paul Ahmarani et David La Haye. Pendant une scène, ils lavent leur père qui a souffert d’incontinence. On a tourné ça toute une journée. C’était beau. C’est le genre de rôle qui demande du temps pour décanter avant de revenir à la réalité. »

L’oratorio de Noël (2012)

Noël, un homme atteint d’alzheimer, était interprété par Raymond Bouchard dans cette pièce de Michel Tremblay, mise en scène par Serge Denoncourt et présentée chez Duceppe.

« Un autre rôle très impliquant, comme Othello. C’était un texte très dur qui s’ouvrait pour moi avec un monologue de six pages ! Cet homme qui craint que sa maladie dégénère, qui refuse son diagnostic. Ça me bouleverse encore d’y penser. Il me fallait beaucoup de temps pour m’en remettre après chaque représentation. »

Une affaire criminelle (2022)

PHOTO SERGE GAUVIN, FOURNIE PAR NOOVO

Raymond Bouchard faisait partie de la distribution de la série Une affaire criminelle.

La plus récente apparition au petit écran de Raymond Bouchard était dans la série Une affaire criminelle, présentée sur Noovo et Crave, où il incarnait le policier à la retraite Marcel Dorais. Joanne Arseneau signait les textes et Stéphane Lapointe, la réalisation.

« Quand j’ai lu le texte, j’ai tout de suite eu envie de jouer ce beau personnage. Je voulais juste être certain qu’il n’y avait pas trop de scènes physiques à jouer, car je suis full arthrose ! La scène d’interrogatoire était très puissante. Et j’ai pu jouer pour une première fois avec Céline Bonnier, l’une des meilleures actrices du Québec… »

Lisez « Raymond Bouchard : le moine a chassé le bourreau de travail »