Le Théâtre Denise-Pelletier souffle ses 60 bougies pour la saison 2023-2024 avec une programmation placée sous le signe de la jeunesse qui navigue entre création et répertoire.

Le directeur artistique actuel, Claude Poissant, rappelle à quel point la naissance de la Nouvelle Compagnie Théâtrale, comme elle s’appelait à ses débuts au théâtre Gesù, est née de l’audace de ses trois fondateurs, Gilles Pelletier, Françoise Graton et Georges Groulx.

« C’était la première fois que les étudiants pouvaient participer à part entière à la richesse théâtrale et culturelle du Québec. Rien n’existait pour eux avant. C’était très innovateur. C’est un moment unique dans l’histoire du théâtre d’ici. »

Depuis 60 ans, des milliers d’adolescents ont découvert l’art théâtral sur les sièges du Gesù puis de l’ancien cinéma Granada devenu la salle Denise-Pelletier. Pour cette saison anniversaire, Claude Poissant a voulu rester fidèle au travail de création et à l’exploration de répertoire, qui composent les deux branches de l’ADN du théâtre de la rue Sainte-Catherine Est.

« Cette volonté de rattacher le temps présent au répertoire est flagrante cette année. Dans tous les spectacles de la salle principale, il y a un personnage de la jeunesse qui cherche à s’affranchir, à prendre son destin en main. Ils essaient tous de prendre leurs distances de ce qui les enchaîne, qu’il s’agisse de la famille ou d’un royaume. »

Ainsi, la saison s’ouvre le 27 septembre avec Les Plouffe, un spectacle coproduit avec Le Trident qui a été présenté avec beaucoup de succès à Québec en janvier 2020. Renaud Lacelle-Bourdon incarne Ovide Plouffe au cœur d’une distribution de 14 interprètes. Isabelle Hubert signe l’adaptation du roman de Roger Lemelin ; Maryse Lapierre se charge de la mise en scène.

PHOTO XAVIER CYR FOURNIE PAR LE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

Jean-François Nadeau, Mattis Savard-Verhoeven et Simon Landry-Désy (de gauche à droite) partageront la scène dans Le roi danse.

Suivra en novembre Le roi danse, inspirée du film du même nom. Mattis Savard-Verhoeven incarne Louis XIV, un être épris de beauté qui se lie d’amitié avec le compositeur Lully et le dramaturge Molière. « Mais l’amitié réelle est-elle possible entre ces trois personnages plus grands que nature ? », s’interroge Claude Poissant. Le metteur en scène Michel-Maxime Legault dirige ce spectacle adapté par l’autrice Emmanuelle Jimenez.

Autre coproduction venue de Québec, L’éveil du printemps lancera l’année 2024. Le dramaturge David Paquet s’est inspiré du texte de l’Allemand Frank Wedekind pour écrire ce texte sur le désir naissant à l’ère des amours multipliés qui est la nôtre. Olivier Artaud assure la mise en scène.

L’un des chefs-d’œuvre du théâtre américain, La ménagerie de verre, clôturera la saison dans la grande salle. La metteure en scène Alexia Bürger s’attaque à ce classique, traduit par sa complice Fanny Britt. La pièce est de retour à Denise-Pelletier pour la troisième fois, après une pause de plus de 35 ans. « Cette pièce peut sembler réaliste, mais l’intelligence de Tennessee Williams est telle qu’il plane sur les personnages une zone de mystère. Chacun peut se déployer dans une infinité de possibilités », estime le directeur artistique.

Les aventures de Fred-Barry

À la salle Fred-Barry, huit pièces seront proposées au cours de la saison 2023-2024. « À Fred-Barry, on se permet de vivre des aventures particulières, lance Claude Poissant. Certaines pièces versent dans l’art performatif, comme Explosion. D’autres, comme Vacarmes, se présentent sous la forme d’un spectacle interdisciplinaire où un band vient nous raconter des histoires. On a même droit à un thriller nordique dans lequel l’horrible côtoie l’absurde avec Terrain glissant ! »

PHOTO XAVIER CYR FOURNIE PAR LE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

Le spectacle interdisciplinaire Vacarmes : le concert théâtral rassemble plusieurs jeunes acteurs et s’adresse à un public d’élèves de la première à la troisième secondaire.

La saison s’ouvre toutefois avec la pièce L’amoure looks something like you, dans laquelle une personne non binaire s’éprend d’une baleine à bosse perdue près du port de Montréal. « Chaque soir, la pièce sera lue par une personne différente issue de la communauté LGBTQ+, explique Claude Poissant. C’est la preuve qu’on peut prendre des pistes différentes et plusieurs libertés pour affronter ce 60e anniversaire ! »