Philippe Besson poursuit son cycle romanesque amorcé il y a quelques années avec Arrête avec tes mensonges en se plaçant au cœur de cette histoire inspirée d’un fait vécu au beau milieu des années 1980.

C’est l’été, il a 18 ans et, comme chaque année, il s’apprête à retrouver avec joie l’île de Ré, où sa famille passe ses vacances dans la maison de leurs amis. En compagnie de leur fils du même âge et de deux autres garçons, ils font des rencontres, profitent de leur insouciance et se laissent guider par leur « libido balbutiante », ivres du bonheur d’être libres et oisifs.

Mais un soir, ce fameux soir d’été du titre, un drame survient et va marquer la fin de l’innocence pour le jeune homme. « Qui sait si nous ne devons pas traverser ce genre d’épreuve pour grandir, pour devenir des adultes ? », s’interroge-t-il. Ceux qui ont aimé Paris-Briançon retrouveront la même écriture enveloppante et cette finesse à décrire les angles morts et les détails que peu de personnes notent, mais qu’il discerne de son côté avec acuité.

L’écrivain français, qui s’est toujours défini comme « un romancier du sensible », n’a pas son pareil pour décrire les sentiments et les sensations, et il prouve son talent une nouvelle fois dans ce roman, sans pour autant atteindre l’intensité du puissant Ceci n’est pas un fait divers (paru l’an dernier). Entre la culpabilité qui l’a longtemps hanté et les mirages qui l’ont fait courir derrière des silhouettes pendant des années, c’est avec poésie et une vague nostalgie qu’il revient sur ce douloureux souvenir de jeunesse.

Un soir d’été

Un soir d’été

Julliard

208 pages

7/10