La nébuleuse de la Tarentule, Mélissa Verreault
La nébuleuse de la Tarentule
XYZ
400 pages
Les souvenirs que vous gardez d’un évènement divergent-ils parfois radicalement de ceux qu’en garde votre entourage ? C’est ce qui arrive en tout cas à Mélisa (avec un s) dans La nébuleuse de la Tarentule, nouveau roman de Mélissa (avec deux s) Verreault, l’autrice de L’angoisse du poisson rouge (2014), qui n’a visiblement rien perdu de son chic pour les titres intrigants. Pourquoi cet amour d’adolescence, qui ne voulait plus rien savoir d’elle, rapplique-t-il afin de lui avouer sa passion brûlante ? Pourquoi ses parents ne conservent-ils pas les mêmes images qu’elle de son enfance ? Pourquoi ses perceptions diffèrent-elles autant de celles des autres ? Beaucoup de questions, oui, et les réponses, elles, dans encore quelques semaines.
1er février
Le miraculé, William S. Messier
Le miraculé
Le Quartanier
160 pages
Associé au retour en littérature québécoise de l’imaginaire avec un I majuscule par l’entremise de personnages truculents, à la fois ordinaires et plus grands que nature, William S. Messier (Dixie, Épique, Le basketball et ses fondamentaux) explore pour la première fois le territoire de l’intime dans ce récit de soi intitulé Le miraculé. À 15 ans, celui qui se faisait surnommer Will Bill apprend que le moindre mouvement malheureux aurait pu lui sectionner la moelle épinière. Phoque ! C’est l’histoire d’un gars « qui mesure sa chance », donc, et qui est aujourd’hui la preuve vivante que les miracles existent bel et bien en ce bas monde.
5 mars
Roman sans rien, Antoine Charbonneau-Demers
Roman sans rien
VLB éditeur
392 pages
Avec Coco, coiffé du prix Robert-Cliche du premier roman en 2016, Antoine Charbonneau-Demers révélait le fascinant mélange d’humour oblique et de pathos réel, qui imprégnera la suite de son œuvre inimitable, dans laquelle la vie est souvent un théâtre et la sexualité, une obsession qui coûte aussi cher qu’elle rapporte. Présenté comme « un tournant » dans son parcours, Roman sans rien fait foisonner un imaginaire abracadabrant, grâce à une galerie de personnages dont les noms à eux seuls promettent beaucoup, dont Lol, le farfadet fatal, Paris Dulove, l’auteur torturé, Wayne Walters, le conférencier motivationnel pas tellement gai, et Zéphyrine Montagne, actrice niçoise antithéâtrale. N’en dites pas plus, nous sommes déjà convaincu.
11 mars
Un certain art de vivre, Dany Laferrière
Un certain art de vivre
Boréal
144 pages
La couverture du Dany Laferrière nouveau montre l’écrivain japonais couché, tout habillé et Converse rouges aux pieds, dans une baignoire, avec dans ses mains, un bouquin, et autour de lui, un verre de vin, des tomates et des bananes. Une scène qui semble bien encapsuler l’esprit d’Un certain art de vivre, un « livre de sagesse » pour grands gamins, regroupant sous une même couverture des maximes, réflexions, rêveries et autres haïkus, écrits l’été dernier dans un hôtel de Bornéo. Une fois mis bout à bout, ces textes brefs dessinent, dit l’académicien, « un autoportrait naïf comme ces dessins d’enfant qui m’émeuvent tant ».
12 mars
Maquina, Lula Carballo
Avec Créatures du hasard, Lula Carballo a signé en 2018 une des premières œuvres les plus mémorables des 10 dernières années, dans laquelle la mère de l’autrice jouait aux machines à sous et sa grand-mère, à la roulette. La Québécoise d’origine uruguayenne passe du récit au roman dans Maquina, une fiction se déroulant dans un casino, où se fait engager Luz afin de comprendre de l’intérieur le jeu pathologique qui gangrène son arbre généalogique et, peut-être, domestiquer ce qui gronde en elle. Elle s’y liera d’amitié avec Madame B., une fan finie non pas de Marjo, la chanteuse qu’elle célébrait dans son précédent livre, mais de Leonard Cohen.
13 mars
Maquina
Leméac
Environ 152 pages
Civilisés, Patrick Senécal
Douze individus acceptent d’être coupés du monde pendant deux semaines, afin de se soumettre à une expérience scientifique visant à « étudier et analyser les comportements des humains lorsqu’ils se retrouvent dans un groupe précis et dans un contexte particulier. » Non, le nouveau roman de Patrick Senécal ne porte pas, heureusement, sur Big Brother Célébrités, mais sur « une aventure très immersive, très stimulante, mais qui demandera de l’adaptation physique et psychologique à des situations pas toujours faciles. » Des situations que l’on promet aussi horribles qu’hilarantes. Ce qui, à bien y penser, ressemble encore quand même pas mal à Big Brother Célébrités.
28 mars
Civilisés
Alire
360 pages
Peuple de verre, Catherine Leroux
Instinct humain parfaitement compréhensible, bien que bête, que celui d’opposer la réalité à la fiction, la dureté du monde tel qu’il se déploie pour vrai et l’évanescence de l’imaginaire. L’œuvre de Catherine Leroux montre pourtant que les questions que pose notre présent gagnent à être approfondies grâce aux dispositifs d’une littérature dégagée des strictes contraintes du réalisme. Peuple de verre semble ainsi adopter une perspective uchronique analogue à celle de son précédent livre, L’avenir (2020). Situé dans un Montréal enserré par une grave crise du logement, ce cinquième roman met en scène Sidonie, une journaliste qui enquête sur des disparitions survenues dans des campements de sans-abri.
2 avril
Peuple de verre
Alto
Environ 270 pages
Sur les hauteurs du mont Thoreau, Catherine Mavrikakis
Enlevez de l’œuvre de Catherine Mavrikakis toutes les pages qui concernent de près ou de loin la tentaculaire question de la mort, et constatez par vous-mêmes à quel point il n’en restera plus grand-chose. L’autrice du Ciel de Bay City et d’Oscar De Profundis renoue avec son obsession en accompagnant un quatuor de sœurs, dont la cadette souffre d’un cancer incurable, dans une clinique qui promet de transformer son grand départ en « moment grandiose de créativité », rien de moins. « Mais l’imprévisible douleur de la fin de vie est-elle vraiment soluble dans une esthétique ou un acte médical ? », demande ce livre qui épingle notre arrogance face à notre destin commun.
3 avril
Sur les hauteurs du mont Thoreau
Héliotrope
344 pages
Rue Duplessis, Jean-Philippe Pleau
Après Au temps de la pensée pressée, son recueil de chroniques aussi touchant que sagace paru l’an dernier, l’animateur de Réfléchir à voix haute adopte une voix encore plus intime dans ce récit de son enfance drummondvilloise au cœur d’une famille peu scolarisée. Joliment sous-titré Ma petite noirceur, Rue Duplessis creuse un sujet riche, celui des transfuges de classe sociale, dont se sont récemment saisis plusieurs livres marquants (dont ceux d’Edouard Louis et de Caroline Dawson). « Une lettre d’amour adressée à ses parents », annonce-t-on, ainsi qu’une ode à l’éducation, grâce à laquelle le sociologue de formation a pu s’arracher à son intransigeant destin.
4 avril
Rue Duplessis
Lux
Les disgracieuses, Claudia Larochelle
On connaît chez Claudia Larochelle la chroniqueuse à l’enthousiasme éclairé, ainsi que la créatrice de la Doudou, personnage chouchou des tout-petits. L’écrivaine, qui a publié en 2011 un mémorable recueil de nouvelles intitulé Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, sera pour sa part longtemps demeurée dans l’ombre. La voici qui refait surface grâce à la collection III, dont chacun des titres est construit autour de souvenirs personnels. « Un des avantages de vieillir », observe celle qui y reviendra notamment sur son arrivée dans le (pas toujours) merveilleux monde des médias, « c’est certainement de mieux gérer le désamour, de ne plus attendre les fleurs ou les chercher. » Sage.
21 mai
Les disgracieuses
Québec Amérique