C’est une véritable courtepointe de vécus qui prend forme devant nos yeux à la lecture du recueil Troubles, nos ombres, dirigé par Jennifer Bélanger. Fort de textes de 11 artistes, l’ouvrage poignant se veut « un espace sécuritaire où peuvent s’exprimer librement les personnes LGBTQ2IA+, hors des injonctions au bonheur et à la célébration ».

La force de ce recueil réside dans l’exercice collectif dont il est le résultat. L’alliage de voix aussi variées permet de sortir de notre lecture nourrie d’une réflexion riche et plurielle. Du témoignage vibrant de Martine Delvaux au très berlinesque récit de Nicholas Dawson en passant par le calligramme éclaté de Marilou Craft, on y raconte les ombres de l’existence queer, loin des clichés et de la stigmatisation.

« Être gay, c’est grandir avec une conscience aiguë de la mascarade sociale à laquelle tout le monde joue. » Cette phrase coup de poing tirée d’un des premiers textes du recueil, qu’on doit à Étienne Bergeron, donne bien le ton. Dans chacun des textes qui façonnent cette œuvre, une présomption prend le champ. Plutôt que d’y raconter une réalité commune imaginée des personnes queer, on y tisse plutôt une carte des possibles, comme un outil pour se libérer des attentes et des diktats.

Naviguant du loufoque au bouleversant sans jamais que ça ne détonne, Troubles, nos ombres rassemble des textes aux caractéristiques à la fois complémentaires et contradictoires, et c’est ce qui fait la beauté de ce corps composé.

Troubles, nos ombres

Troubles, nos ombres

Éditions Triptyque

184 pages

8/10