Il a modernisé la littérature française. Dérangé par sa radicalité. Choqué par ses œuvres sexuellement explicites. Écrivain, cinéaste, provocateur, Alain Robbe-Grillet aurait eu 100 ans cette année. Et pourtant, cet anniversaire est largement passé sous silence, comme si l’on voulait effacer le souvenir de ce personnage hors norme, mort en 2008.

Benoît Peeters répare l’injustice en signant la toute première biographie consacrée à cette figure de proue du « Nouveau Roman », mouvement littéraire apparu au milieu des années 1950. Le style, simple et efficace, n’a rien à voir avec l’opacité des romans de Robbe-Grillet, réputés difficiles à lire. On comprend bien le parcours de l’auteur, sa démarche disruptive, son influence au sein des Éditions de Minuit (maison d’édition d’avant-garde dont il fut longtemps le directeur littéraire), sa place dans la nébuleuse du Nouveau Roman (qui incluait aussi Nathalie Sarraute, Claude Simon, voire Marguerite Duras), son impact sur les milieux intellectuels de l’époque (il avait attiré l’attention de Roland Barthes et de Michel Foucault), son attrait pour le cinéma (L’année dernière à Marienbad, La belle captive) et ses penchants sadomasochistes, dont il ne faisait d’ailleurs aucun mystère.

On peut se demander si son œuvre parfois perverse serait entièrement recevable en cette époque post-#metoo. Le principal intéressé plaiderait sans doute pour le fantasme et la liberté de choquer. Mais la biographie de Benoît Peeters pique certainement la curiosité. Et donne envie d’en savoir plus sur l’univers particulier de celui qui nous donna Djinn, Le voyeur, La jalousie et Pour un nouveau roman.

Robbe-Grillet – L’aventure du Nouveau Roman

Robbe-Grillet – L’aventure du Nouveau Roman

Flammarion

415 pages

8/10