Dans son roman D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan racontait l’histoire d’une écrivaine poursuivie par une admiratrice un peu trop intense qui s’incrustait dans sa vie jusqu’à prendre sa place. Il y a une parenté entre cette histoire aux allures de thriller et le plus récent roman de Carole Fives.

Dans Quelque chose à te dire, Elsa Feuillet, une romancière qui ne connaît pas le succès, admire éperdument Béatrice Blandy, écrivaine renommée morte des suites d’un cancer quelques années plus tôt. Le veuf de cette dernière, Thomas, souhaite connaître cette Elsa qui vénérait tellement sa femme qu’elle lui a même dédié un de ses romans.

Leur relation évoluera très rapidement. Elsa s’installe dans l’appartement de son idole – un vrai mausolée à la mémoire de Béatrice –, porte son parfum, se glisse dans ses vêtements. Le couple fait même l’amour sous le regard de la défunte dont les photos ornent presque tous les murs.

À la recherche d’un manuscrit inachevé, Elsa se glisse un jour dans le bureau de l’écrivaine disparue, un lieu quasi sacré que personne n’a osé toucher. Arrive ce qui devait arriver, l’admiration vire à l’obsession puis à l’appropriation.

On ne révélera pas les punchs du roman qui se veut aussi une réflexion sur l’écriture (l’influence, l’emprunt, le plagiat...), mais disons que l’effet suspense est à moitié réussi. L’intrigue est unidimensionnelle, à la limite simpliste. Quant aux personnages, on les aurait aimés avec un peu plus de profondeur. Et on a trouvé les nombreux clins d’œil au cinéma de Hitchcock plaqués. Malgré cela, on s’est rendue à la fin de Quelque chose à te dire sans se faire prier.

Le milieu littéraire parisien s’est amusé de ce roman inspiré de faits vécus. Béatrice, c’est Emmanuelle Bernheim, romancière française morte en 2017 des suites d’un cancer. Son conjoint, Serge Toubiana, travaille dans le milieu du cinéma (c’est l’actuel président d’Unifrance) comme le personnage de Thomas. On ignore si Carole Fives entretient une relation amoureuse avec lui, mais on sait toutefois qu’ils sont amis... Ah, les romans à clés !

Quelque chose à te dire

Quelque chose à te dire

Gallimard

168 pages

6,5/10