Tout comme Fille de fer, qui nous amenait dans un endroit reculé et imprévisible — la Haute-Côte-Nord —, ce nouveau roman d’Isabelle Grégoire nous transporte dans un milieu certes plus tropical, mais où les dangers et secrets se tapissent dans l’ombre, prêts à bondir et à avaler ceux qui s’y frottent.

La romancière québécoise, aussi journaliste de métier, offre encore une fois un opus réussi et prenant avec Vert comme l’enfer, un thriller psychologique dont une partie de l’action se déroule en Guyane française, dans les années 1980. Elle y met en scène deux héroïnes en quête d’elles-mêmes et de vérité, qui font face à des environnements hostiles et à des personnages troubles, où rien n’est comme il y paraît au premier regard.

C’est d’ailleurs une des qualités de l’écriture d’Isabelle Grégoire, qui sait installer tout en finesse et en subtilité un climat inquiétant et une tension dramatique grandissante dans ce suspense intimiste qui donne par moments froid dans le dos.

On rencontre d’abord Alice qui, après avoir fait une découverte qui chamboule sa vie, fuit en Guyane française, à l’invitation de son paternel, un Français qui a abandonné sa famille québécoise depuis belle lurette pour s’y installer. Mais avant d’aller à sa rencontre, elle décide de partir à l’aventure dans la jungle amazonienne, avec un groupe de touristes qui semblent chercher dans ce dépaysement une façon de panser leurs blessures ou de sortir de l’impasse de leurs vies actuelles. Elle y fera la rencontre de Fred, un guide mystérieux qui semble tout connaître des secrets de cette nature où les dangers grouillent sous la surface. Il est aussi passionné par l’histoire trouble de cette ancienne colonie pénale française, dont le tristement célèbre bagne, un ensemble de camps et pénitenciers qui accueillaient les prisonniers déportés d’outre-mer.

Parallèlement, dans notre Québec contemporain, Flora enterre dans une ancienne prison pour femmes transformée en salon funéraire sa mère, avec qui elle a toujours eu une relation froide et distante. Elle découvrira, après une nuit inquiétante passée dans les catacombes de la prison, des secrets sur son passé qui la transformeront à jamais et qu’elle deviendra déterminée à déterrer.

Évidemment, on se doute bien qu’un lien unit ces deux rouquines qui devront affronter les dangers extérieurs, mais surtout combattre ces ténèbres qui les gardent prisonnières d’elles-mêmes, afin de dénouer les fils de leurs destins. En jouant habilement avec ces deux époques qui se font écho, Isabelle Grégoire entremêle les lianes du passé et du présent dans un récit haletant et bien ficelé.

Vert comme l’enfer

Vert comme l’enfer

Québec Amérique

272 pages

8/10

Rectificatif
La version originale de ce texte a été modifiée. Un des personnages se nomme Flora et non Fiona. Nos excuses.