Les plateformes regorgent d’œuvres sorties dans la dernière année qui valent le détour. Voici 5 longs métrages un peu passés sous l’écran radar, qui méritent assurément d’être rattrapés, selon notre journaliste Marc-André Lussier.

À l’ouest, rien de nouveau

L’intérêt de cette nouvelle adaptation cinématographique du roman classique d’Erich Maria Remarque, en lice pour le Golden Globe du meilleur film non anglophone, réside dans le fait que celle-ci est produite dans le pays d’origine de l’auteur. Im Westen nichts Neues représente d’ailleurs l’Allemagne aux Oscars dans la catégorie du meilleur film international. Sous la gouverne d’Edward Berger (Jack, Deutschland 83), À l’ouest, rien de nouveau devient une expérience immersive dans les tranchées avec de jeunes soldats allemands endoctrinés, destinée à plonger le spectateur dans l’horreur de la Première Guerre mondiale. On ne saurait trop non plus mesurer la pertinence d’un film dont l’histoire, qui fait écho à des évènements survenus il y a plus de 100 ans, ne pourrait être plus en phase avec l’actualité.

Sur Netflix

Argentina, 1985

Le cinéaste argentin Santiago Mitre recrée à l’écran l’un des épisodes les plus importants de l’histoire récente de son pays. Mettant en vedette Ricardo Darín et Peter Lanzani, Argentina, 1985 est inspiré de l’histoire véridique de Julio Strassera et de Luis Moreno Ocampa, les deux procureurs au cœur du fameux procès de 1985. Au lendemain de la chute de la dictature, des militaires très hauts gradés ont alors dû comparaître pour répondre des crimes commis pendant qu’ils étaient au pouvoir. Ce film évoque ce combat entre David et Goliath, orchestré dans un climat encore tendu, à un moment où les institutions démocratiques ont été réinstaurées sur des bases encore fragiles. En lice pour le Lion d’or à la Mostra de Venise, Argentina, 1985 est retenu aussi aux Golden Globes dans la catégorie du meilleur film non anglophone.

Sur Prime Video

Athena

Le choix de nommer « Athena » le complexe immobilier dans lequel s’entassent des familles d’immigrants de deuxième et troisième générations dans une banlieue parisienne n’est pas innocent. Ce long métrage emprunte en effet la forme d’une tragédie grecque contemporaine à travers le destin d’une fratrie. La disparition du benjamin d’une famille de quatre garçons, mort – à l’âge de 13 ans – après avoir été apparemment tabassé par des policiers, sera l’étincelle qui mettra le feu aux poudres. Fort de son savoir-faire, Romain Gavras a opté pour une approche immersive qui ne laisse aucun répit au spectateur. Mais au-delà des prouesses de réalisation, Athena est un drame social explosif et puissant, qui parvient à traduire de façon très percutante les mécanismes d’une colère collective.

Sur Netflix

Good Luck to you, Leo Grande (Version française : Mes rendez-vous avec Leo)

Nancy (Emma Thompson) est une jeune veuve de 55 ans ; Leo (Daryl McCormack) est un travailleur du sexe qui, du haut de sa glorieuse vingtaine, est au sommet de sa profession. C’est pour enfin ressentir un sentiment d’extase qu’elle n’a jamais connu que Nancy s’est résignée, après des mois d’hésitation, à faire appel aux bons services de Leo. Le récit, divisé en quatre rencontres, décrit l’évolution d’une femme qui tente de se permettre enfin une sexualité satisfaisante. Pourtant, les nombreuses discussions entre deux êtres qui, forcément, se révéleront progressivement l’un à l’autre ratisseront beaucoup plus large. Dans ce personnage qui se désespère de sa propre psychorigidité et de tous les blocages qui lui ont empoisonné la vie, Emma Thompson, citée pour le Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie, module sa partition avec une parfaite maîtrise.

Sur Prime Video

Sidney

Disparu au tout début de l’année à l’âge de 94 ans, le grand Sidney Poitier fait l’objet de ce documentaire produit par Oprah Winfrey, réalisé par Reginald Hudlin. Ponctué de nombreux témoignages, de Denzel Washington à Morgan Freeman en passant par des membres de la famille, Sidney évoque l’émergence de l’acteur dans les années 1960, premier Afro-Américain à obtenir l’Oscar du meilleur acteur (Lilies of the Field en 1964). Les controverses dans lesquelles il a été impliqué, notamment celle l’accusant de toujours jouer des rôles aseptisés pour plaire au public blanc, n’ont pas été écartées non plus. Le réalisateur voit pourtant l’acteur comme un « guerrier » sur les questions raciales. « Sans lui, vous ne m’avez pas, et vous n’avez pas Oprah Winfrey et Barack Obama non plus », a-t-il déclaré.

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