La parlure colorée de Mégan Brouillard ? « T’es vraiment pas le premier à le mentionner », confirme l’humoriste de 24 ans. « On me dit : “Faque tu viens du Saguenay, c’est ça ?” » Elle est plutôt originaire de Drummondville. « Et le monde de Drummond me dit : “C’est quoi cette fausse représentation que tu nous fais là ?” »

Pourquoi elle ?

Parce que son spectacle Chiendent, vu en rodage, nous a fait beaucoup, beaucoup, beaucoup rire. Beaucoup.

Comment se fait-il alors que, sur scène autant que dans la vie, Mégan Brouillard, née en 1999 d’une mère enseignante au primaire et d’un père ingénieur mécanique, s’exprime comme un personnage du Temps d’une paix ou une adepte des régionalismes de Fabien Cloutier ?

C’est que, de 16 à 18 ans, Mégan Brouillard a incarné l’idiote du village au Village québécois d’antan. « C’est sûr que ça m’a fuckée », lance-t-elle au cours d’une entrevue en forme de débâcle, durant laquelle elle alternera sans interruption entre les anecdotes farfelues, les observations hilarantes et les bons mots adressés à l’équipe des Sports de La Presse, surtout à Katherine Harvey-Pinard, qu’elle vénère.

S’il existe deux catégories d’humoristes, ceux qui deviennent drôles lorsque les projecteurs s’allument et ceux qui le sont partout, tout le temps, sans cesse, Mégan Brouillard appartient indéniablement à la deuxième. Pas pour rien qu’elle compte 171 600 abonnés sur TikTok, une plateforme qu’elle aura su employer comme un tremplin.

À la fin de cet entretien, le journaliste a failli offrir 30 $ à son interviewée – à peu près le prix d’un billet pour un humoriste de la relève – tellement elle l’avait fait rire.

« Au Village, il fallait que j’improvise à longueur de journée, que je développe des réflexes pour aller chercher des monsieurs que ce n’était pas leur choix de venir passer la journée là, se souvient-elle. J’avais un gros passe-droit pour faire tout ce que je voulais. Ça n’a pas rapport comment je n’étais pas restreinte. »

Un jour, une professeure en visite avec ses élèves se plaint au patron du Village du ton un peu trop cassant employé par l’idiote du village auprès de ses jeunes. « Mon boss m’avait fait venir dans son bureau, raconte Mégan, plus affligée que fière, et j’étais sûre que c’était pour me mettre dehors, mais il voulait me féliciter : “Bravo d’être aussi coucou dans le coucou !” »

L’épine dans le rosier

Grande consommatrice depuis l’adolescence d’émissions balados d’humour, à l’écoute desquelles elle avait compris que les très jeunes candidats se voyaient rarement admis à l’École nationale de l’humour, Mégan Brouillard s’était résignée à devoir gagner de l’expérience dans les bars, et de l’expérience de vie tout court, avant d’atterrir sur les bancs de l’institution comique.

L’aisance acquise au Village québécois d’antan explique sans doute qu’elle ait pourtant été acceptée dès sa première audition, à son total étonnement, même si elle n’avait que 19 ans et un bagage scénique limité à ses participations à Secondaire et Cégeps en spectacle.

Si son personnage de scène – « Ce n’est pas vraiment un personnage », précise-t-elle – a quelque chose du chien dans un jeu de quilles, Mégan Brouillard aborde néanmoins des sujets moins personnels ou loufoques, comme celui de l’invisibilisation des femmes dans l’univers du hockey.

« Ça faisait six mois que j’étais là-dedans, à écouter des podcasts et à regarder tous les matchs », explique-t-elle au sujet du sport dont elle s’est éprise durant la pandémie, « et la seule femme que je connaissais, c’était la blonde à Carey Price ».

Au Québec, même si tu refuses de t’intéresser au hockey masculin, tu vas savoir c’est qui Cole Caufield, mais le hockey féminin, même si tu fais un effort pour t’y intéresser, tu ne vas pas trouver d’informations rapidement.

Mégan Brouillard

Son premier spectacle, qu’elle rodera jusqu’à sa première montréalaise en octobre prochain, s’intitule Chiendent, un mot chéri par sa grand-mère. Chiendent, comme dans l’expression : Il faut arrêter le chiendent avant qu’il monte en graine. « Parce que je trouve souvent que je ressemble à du chiendent. »

Exemple : elle a récemment participé à l’émission On va se le dire, en compagnie des très sérieux Patrick Masbourian, Michel Jean et Stéphan Bureau. « Et tout le long, je me disais : ça n’a pas rapport que je sois icitte. »

Mais « être l’épine dans le rosier », Mégan Brouillard s’y plaît, parce que ce rôle privilégié lui permet de visiter toutes les régions du Québec – elle raconte un passage à Val-d’Or avec le même émerveillement que si elle revenait de la Côte d’Azur – et d’entrer en contact avec des gens qu’elle n’aurait jamais croisés sinon.

Elle devient soudainement très sérieuse, ce qui est rarissime en sa compagnie, en se remémorant un spectacle d’entreprise devant des membres de l’Union des producteurs agricoles. « Faire rire du monde qui ne me ressemble pas forcément, avoir du fun avec eux autres, c’est une des choses qui me touchent le plus. »

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Son actualité de l’année 2024

Mégan Brouillard présente son spectacle Chiendent partout au Québec et fait partie des chakras de Marc Labrèche à l’émission Je viens vers toi, sur Noovo.