Pour son premier spectacle solo en carrière, le producteur Louis Morissette a choisi de revisiter son parcours des 30 dernières années, abordant les hauts et les bas de sa vie professionnelle (et personnelle) avec authenticité, autodérision et, oui, une certaine dose d’humilité.

Exit le Louis Morissette baveux, impertinent et arrogant. Avec Sous pression, l’homme derrière Véronique Cloutier – on y reviendra – nous convie à un bilan de vie et à un exercice d’introspection public où il se montre plus vulnérable que jamais. Un récit autobiographique beaucoup plus qu’un one man show avec punch lines.

C’est que depuis qu’il a soufflé ses 50 bougies, le producteur, acteur et humoriste a ressenti le besoin de s’arrêter et de faire le point. Un besoin comme une envie, bien sûr, mais surtout un besoin physique comme une nécessité. Car, voyez-vous, la pression du métier a fini par avoir des effets sur la santé de ce mec comique.

Dans sa forme, comme dans son fond, Sous pression ne ressemble à aucun autre spectacle d’humour. On a parfois l’impression d’assister à un TED Talk dont le sujet pourrait être : comment trouver sa place quand on est l’amoureux d’une supervedette ? Ou encore : comment se relever d’un échec après avoir été mis K.-O. ?

Louis Morissette répond à ces questions avec son humour caustique habituel, mais avec beaucoup d’autodérision et en se demandant, sans faux-fuyant : pourquoi on court autant ? Et encore : pour faire plaisir à qui ?

Mais qui est donc Louis Morissette ? L’humoriste originaire de Drummondville commence par nous parler de sa jeunesse en région, de sa sœur handicapée, de ses études en commerce international à McGill… avant son entrée à l’École nationale de l’humour, au grand dam de son père.

Avec projection de photos de jeunesse à l’appui, la mise en espace de Sous pression aurait pu inclure un verre de crème de menthe. Liqueur qu’on aurait sirotée en regardant le slide show qui retrace l’enfance et le parcours de celui qui a cofondé le groupe d’humoristes Les mecs comiques avec Alex Perron et Jean-François Baril avant de se lancer dans l’arène du showbusiness.

Tout à fait sympathique, toujours franc (une de ses grandes qualités), mais pas votre spectacle d’humour habituel. Et surtout, forcément, beaucoup d’histoires anciennes au programme.

Et voilà Véro

L’ombre de Véronique Cloutier plane sur ce show très personnel de Louis Morissette, qui revient sur ses débuts amoureux avec l’animatrice chouchou du Québec. Les projections des unes du Lundi, d’Échos Vedettes et autres journaux à potins sont hilarantes en ce sens que c’est Véro qui les intéresse – comme en témoignent les manchettes : « Véro attend un bébé » ou encore : « Véro a eu sa fille ».

Si le spectacle Sous pression est une tentative d’affranchissement et d’affirmation de soi, Louis Morissette nourrit aussi paradoxalement son statut de faire-valoir auprès de sa belle Véro, dont il parle du début à la fin.

Morissette revient également sur ses moins bons coups, abordant de front le sketch du Bye bye 2003 (« Séraphin Péladeau, un homme et ses péchés ») qui lui a fait perdre son contrat chez Québecor (pour l’émission de téléréalité Pour le meilleur et pour le pire), l’échec de l’émission VIP, débranchée par Radio-Canada en 2004 après une diffusion, l’arrestation du père de Véro, Guy Cloutier, le controversé Bye bye 2008, etc.

Mais il sera aussi question de sa renaissance – notamment avec la diffusion de la série C.A. (à Radio-Canada). Un succès qu’il attribue à son travail acharné. Car oui, Louis Morissette serait un bourreau de travail, c’est ce qui lui a permis de faire sa marque, de fonder sa maison de production, d’avoir un certain succès, mais c’est aussi ce qui a fini par le brûler.

L’humoriste un brin farouche aborde tout cela avec une touchante sincérité (et peut-être aussi l’envie de régler certains comptes et de mettre les points sur les i), offrant au public une fenêtre assez grande ouverte sur sa vie privée et familiale, qu’il a pourtant jalousement protégée pendant des années.

Mais voilà, cette famille (très publique) n’est pas tout à fait comme les autres, il est le premier à le reconnaître. D’ailleurs, c’est son fils, Justin Morissette, 19 ans, qui a assuré la première partie du spectacle. Une belle occasion pour ce jeune homme talentueux, qui a hérité des talents de communicateurs de ses parents.

« Y en a qui me disent : “Pourquoi tu fais ça ? Pour avoir l’attention de tes parents ?” Moi, je leur réponds : “Si je voulais avoir leur attention, je leur dirais que je sors avec la fille de Pierre Karl Péladeau…” » Bam ! Y a pas à dire, ce jeune Morissette n’a pas froid aux yeux.

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Sous pression

Sous pression

Louis Morissette

En tournée , Jusqu’au 17 août

6,5/10