Guillaume Pineault, dans son deuxième spectacle solo intitulé Vulnérable, se découvre et se dévoile, déployant sur scène toutes ses habiletés de conteur, pour notre grand plaisir.

Le lien entre les titres des spectacles d’humour et leur contenu peut parfois être quelque peu nébuleux. Aucun reproche n’est ici adressé aux artistes, l’art de titrer en est un bien épineux. Mais, occasionnellement, la promesse d’un intitulé est si loin d’être tenue qu’on ne peut s’empêcher de se sentir un peu floué. Parce qu’il a nommé son second spectacle solo Vulnérable, Guillaume Pineault avait une bien grande promesse à tenir. Certes, il aurait pu aborder la vulnérabilité en contournant l’introspection et le procédé aurait pu tomber dans le mille quand même. Mais on espérait que ce soit lui, sur scène, qui se montre vulnérable. Et c’est exactement ce qu’il a fait. Tout en étant très drôle.

Le précepte du spectacle est en soi un aveu qui met l’humoriste en position de vulnérabilité : Guillaume Pineault a beaucoup de mal avec la solitude. Alors, à la suite de sa rupture médiatisée, après une relation de sept ans, il a été aux prises avec bien des misères intérieures en devant faire face au fait d’être seul.

Le premier segment de Vulnérable se compose de numéros où il fait référence à cette difficulté à ne pas partager sa vie avec quelqu’un. De là, il tisse habilement une toile dans laquelle on ne se rend même pas compte qu’on se fait prendre. Il raconte des histoires, comme ses aventures chez Matelas Bonheur ou ses péripéties avec sa couverture lourde, sans que l’on ne réalise vraiment à quel point on a dévié du sujet initial pour se faire happer dans une anecdote aussi drôle que farfelue et bien racontée.

Grâce à son talent pour amener son public loin dans ses histoires et ensuite le faire atterrir exactement à l’endroit d’où il était parti, Guillaume Pineault propose un spectacle chargé de récits divers, tout en restant accroché à un fil rouge qui ne s’impose pas.

Exemple : parce qu’il gère mal la solitude, parce qu’il est anxieux, il raconte avoir voulu consulter une psychologue, nous dit ensuite que certains thérapeutes ne sont pas toujours compétents, nous explique alors qu’il était lui-même un terrible thérapeute et finit par raconter comment un patient a un jour menacé de le tuer à coup de crayon dans le cou. Et lorsque la boucle se boucle, on en revient sans tracas à son envie de consulter et il poursuit sur le sujet.

Savoir conter

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Dans son deuxième spectacle solo intitulé Vulnérable, Guillaume Pineault se découvre et se dévoile, déployant sur scène toutes ses habiletés de conteur.

Être un bon conteur n’est pas donné à tout le monde. Il est plutôt impressionnant de voir Guillaume Pineault parvenir à parler aussi vite (jamais trop, heureusement), en prenant des chemins aussi alambiqués pour retracer des anecdotes, sans jamais perdre l’attention de son public, qui a ri de bon cœur à ses gags pendant environ une heure et demie.

Il interagit avec la foule à quelques reprises, notamment pendant un numéro sur les photos de pénis que certains hommes envoient sans consentement. Un sujet sensible qu’il aborde de la bonne façon, en faisant rire et en créant un sentiment de malaise qui ne fait pas de mal, mais fait plutôt réfléchir : aucun homme n’applaudit quand il leur demande combien d’entre eux ont déjà envoyé des photos de leurs parties génitales, puis la majorité des femmes applaudissent pour signifier qu’elles en ont déjà reçu. L’humoriste fait alors remarquer qu’il faudrait réviser les chiffres, car quelque chose ne marche pas dans les résultats de son coup de sonde.

Le numéro retraçant sa première (et seule) rencontre avec le cannabis est sûrement celui qui a le plus fait réagir. Ce n’est pas peu dire : une histoire de bad trip n’a a priori rien de très original ou de surprenant, pourtant Guillaume Pineault est parvenu à s’imiter lui-même alors qu’il réagissait très mal à une surconsommation de pot et à nous faire éclater de rire. Ce segment rivalise avec celui durant lequel il a réalisé, en passant une soirée chez son meilleur ami et ses trois enfants, qu’il n’allait pas bien. L’humoriste, de nouveau, raconte habilement ses comparaisons entre sa filleule et son chien Pauline, le moment où il a hurlé à cette même filleule de boire du Windex et ses récriminations contre les manœuvres de son ami pour que sa maison soit « baby proof ».

Finalement, le segment durant lequel il se consacre à décrire son cheminement personnel (en grande partie avec l’aide d’une psychologue et en analysant sa dynamique familiale) est parmi ceux qui nous ont le plus convaincue. C’est là, surtout, qu’il en arrive au plus près de cette vulnérabilité promise sur l’affiche. S’il le fait tout au long de son spectacle, cette dernière partie (dont on n’en dira pas trop) est à la fois touchante et particulièrement drôle.

Chaque fois, ou presque, qu’il a voulu faire rire la foule, l’humoriste y est parvenu. Guillaume Pineault démontre qu’on a parfois tout à gagner à se montrer vulnérable.

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Vulnérable

Vulnérable

Guillaume Pineault

En tournée partout au Québec

7,5/10