Une partie de l’équipe du Zoofest, évènement emporté par les ennuis financiers du Groupe Juste pour rire, présentera du 12 au 21 juillet le Longueuil Comique Fest, un nouveau festival ayant pour maître-mot la découverte, a appris La Presse.

« Pour Stéphane et moi, quand on a appris que le Zoofest ne reviendrait pas, c’était un no brainer : il fallait lancer notre festival », raconte Pierre-Luc Beaucage, qui travaille depuis 2007 à titre de directeur de tournée de Louis-José Houde, alors que son partenaire Stéphane Paquin en est le sonorisateur depuis 2005.

C’est à l’entreprise de ces deux vétérans de l’industrie de l’humour, Les Lou, que l’on doit la programmation de la salle Fenplast, sise dans le collège Charles-Lemoyne à Longueuil, une des scènes chouchous des humoristes de la relève (au sens très large) et de leurs collègues mieux établis, qui aiment y étrenner leur nouveau matériel.

La paire d’amis de longue date travaillait aussi à la direction technique du Zoofest, le pendant plus audacieux et (gentiment) effronté du festival Juste pour rire qui, depuis 2009, aura donné de l’élan aux carrières de Jay Du Temple, Rosalie Vaillancourt, Pierre-Yves Roy-Desmarais, Katherine Levac et tant d’autres figures désormais incontournables du monde du rire.

« Pierre-Luc, Stéphane et moi, on était devenus des âmes sœurs professionnelles », s’exclame Isabelle Desmarais, qui a amorcé sa carrière en humour en tant que stagiaire non rémunérée chez Zoofest, il y a huit ans. Elle s’apprêtait à lancer sa troisième programmation à titre de directrice générale de l’évènement avant d’apprendre, au début du mois de mars, qu’il n’y aurait pas de quoi rire, cet été, dans le Quartier des spectacles.

On s’est tout de suite dit : si Rome s’écroule, ce n’est pas grave, parce qu’il y a mieux à faire, sans être menotté par le carcan traditionnel de ce que le Groupe Juste pour rire nous permettait de produire.

Isabelle Desmarais

Bien qu’elle confie avoir vécu difficilement – on se l’imagine bien – la mort du projet qui lui aura permis de goûter à son rêve, la fervente amatrice d’humour derrière la programmation du nouveau Longueuil Comique Fest arrive maintenant, avec le bénéfice de quelques semaines de recul, à y entrevoir le salutaire début d’un temps nouveau.

« La fin du Groupe Juste pour rire, c’est à mes yeux un peu comme quand on brûle une forêt pour laisser les jeunes pousses ressortir, illustre-t-elle. Même si ça s’est fini très laidement, et même si plein de gens ont perdu leurs emplois, je pense qu’il faut savoir célébrer le moment où de grandes choses se terminent. » Elle sourit. « C’est là où j’en suis dans mon deuil. »

Rire plusieurs fois sous un même toit

Un festival pour la relève ? « C’est tellement difficile de distinguer qui est de la relève et qui ne l’est pas », répond avec beaucoup de justesse Isabelle Desmarais, pour qui l’objectif principal du Longueuil Comique Fest consistera à « faire découvrir aux spectateurs à quel point l’humour québécois a évolué, qu’il s’agisse d’artistes qui montent sur scène depuis six mois ou depuis dix ans ».

Comme il était possible au Monument-National, pendant le Zoofest, d’assister au cours de la même soirée à deux ou trois spectacles différents, le nouveau festival longueuillois se déploiera dans trois espaces, dont la salle Fenplast, d’environ 140 places, ainsi que dans deux classes d’une cinquantaine de places, l’une transformée en cabaret comique et l’autre en studio d’enregistrement de balados.

Isabelle Desmarais parle d’un « village olympique de l’humour », dont la programmation inclura non seulement du stand-up traditionnel, mais aussi du burlesque, du drag et du théâtre. Jérémie Larouche, Andy St-Louis, Thomas Levac, Rachelle Elie, Coco Belliveau, Anne-Sarah Charbonneau, David Beaucage, Brick & Brack, Douaa Kachache et Guillaume Boldock figurent parmi la première série d’artistes ayant accepté de prendre le métro jusqu’à la station Longueuil–Université-de-Sherbrooke.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Anne-Sarah Charbonneau sera de la première édition du Longueuil Comique Fest.

Chose certaine : au sein de l’équipe du Longueuil Comique Fest, personne ne regrettera de ne pas avoir à passer plusieurs jours au centre-ville de Montréal. « Durant Zoofest, on essayait de programmer les évènements dans des lieux pas trop loin les uns des autres, mais c’était toujours un immense défi, parce qu’il y a beaucoup de choses qui se passent au centre-ville, incluant de la construction », lance en riant (jaune) la programmatrice.

Pourquoi forcer les gens à venir au centre-ville quand ça ne leur tente pas et pendant que la Rive-Sud pullule de spectateurs potentiels ?

Isabelle Desmarais

La mort de Juste pour rire marquerait pour le milieu « la fin d’un certain corporatisme en humour », analyse Pierre-Luc Beaucage, selon qui l’érosion des grandes structures ayant façonné l’industrie depuis les années 1980 ne peut que contribuer à diversifier davantage une offre ayant longtemps souffert de son homogénéité.

« S’émanciper des sentiers battus, conclut-il, ça peut juste être bénéfique pour l’humour, pour les humoristes et pour le public. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a jamais eu autant de types d’humour différents que présentement. »

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