Valérie Tellos joue rarement les ingénues en audition. Les agences de casting l’appellent plutôt pour défendre des personnages aux idées progressistes, comme ceux qu’elle incarne dans Avant le crash, La candidate et L’aréna. « Je suis la gauche de service ! », s’exclame l’actrice en riant.

Le réflexe du secteur télévisuel est parfaitement compréhensible. En entrevue, Valérie Tellos répond aux questions avec l’assurance d’une vétérane, et lorsqu’elle décrit sa manière d’attaquer certaines scènes au théâtre, son côté frondeur ressort nettement.

« Défendre des femmes de conviction, ça vient assez facilement chez moi. Plus facilement que jouer la douceur, disons. »

Quand j’arrive sur scène, je sais que je suis au bon endroit. Je fais quelque chose que j’aime. Je suis en confiance. J’y vais à fond.

Valérie Tellos

Cette envie de laisser-aller, Sébastien Gagné (L’aréna, La candidate) l’a tout de suite sentie chez Valérie Tellos. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il s’est adjugé ses services. « Elle sortait de nulle part, raconte le réalisateur au téléphone. Elle avait l’air d’une estie de baveuse. Et elle était super volontaire. »

« Valérie ressemble à Sigourney Weaver et à Susan Sarandon, poursuit Sébastien Gagné. Ses yeux parlent énormément. En tournage, elle essaie des affaires, sans filet. C’est une actrice vraiment brillante. »

Pourquoi on l’a choisie

Sortie de l’École nationale de théâtre du Canada en pleine pandémie, Valérie Tellos s’est illustrée au théâtre (Rome, La brèche) avant d’effectuer – avec son air frondeur – des débuts remarqués au petit écran dans deux séries phares du calendrier 2023-2024 : La candidate et Avant le crash. L’automne dernier, son nom est également apparu au générique du second long métrage d’Henry Bernadet, Les rayons gamma.

Un rêve mis de côté

Valérie Tellos a toujours su qu’elle voulait mener une carrière de comédienne. Depuis ses premiers cours de théâtre à Repentigny, plus précisément. Mais pendant des années, l’actrice en herbe a mis son rêve de côté, en partie pour ménager ses parents, qui voulaient qu’elle emprunte une avenue moins risquée.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L’actrice Valérie Tellos

Elle s’est même inscrite au baccalauréat en communications, avant d’abandonner – secrètement – ses études universitaires pour participer aux auditions de l’École nationale de théâtre du Canada en interprétation.

Ce n’est qu’après son admission qu’elle a annoncé son changement de cap. Première réponse très pragmatique de maman : « OK. Ça coûte combien ? »

« Une semaine plus tard, elle m’a rappelée pour m’encourager, et dire qu’elle était fière de moi, ajoute la jeune femme de 30 ans. Oui, j’ai toujours voulu être comédienne, mais ça m’a pris du temps à l’assumer. »

Un doublé

Sortie de l’École nationale en 2020, Valérie Tellos a décroché son premier contrat en télévision l’année suivante, pour camper une infirmière aux soins intensifs dans Toute la vie. « Parce que mon chum jouait dedans, parce qu’on était en pandémie, et parce qu’ils avaient besoin d’une personne qui pouvait s’en approcher à moins de deux mètres », souligne-t-elle.

Ses véritables débuts au petit écran sont survenus l’automne dernier, en simultané, dans deux séries chouchous des critiques : La candidate et Avant le crash.

Écrite par Isabelle Langlois (Lâcher prise, Rumeurs) et réservée aux abonnés d’ICI Tou.tv Extra, la première atterrira sur ICI Télé la semaine prochaine. Valérie Tellos y incarne Béatrice, l’attachée politique (et fortement militante) d’Alix Mongeau (Catherine Chabot), une candidate poteau qui, contre toute attente, remporte son élection.

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Louis Champagne, Valérie Tellos et Catherine Chabot dans La candidate

Signée par Éric Bruneau et Kim Lizotte, la seconde série, beaucoup plus dramatique, explore l’univers des banquiers d’investissement depuis maintenant deux saisons sur ICI Télé. La comédienne y interprète Clara, la nouvelle recrue féministe, non monogame et environnementaliste du cabinet Olstrom.

« Béatrice est plus naïve que Clara, observe Valérie Tellos. Elle est plus combative. Elle fait tout ce qu’il faut pour atteindre son objectif, mais elle commet beaucoup d’erreurs en chemin… De l’autre côté, Clara accepte les codes du système. »

PHOTO BERTRAND CALMEAU, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Émile Proulx-Cloutier, Éric Bruneau, Valérie Tellos et Mani Soleymanlou dans Avant le crash

Valérie Tellos raconte avoir beaucoup douté au cours des premières journées de tournage des deux séries, résultat d’un syndrome post-traumatique qu’elle avait développé en début de pandémie, quand la COVID-19 avait forcé l’annulation d’une production à laquelle elle devait participer. « J’ai vite appris que tout peut s’écrouler. Quand j’étais à l’École de théâtre, il y a une fille dans ma classe à qui c’est arrivé. Ils sont venus la chercher. Elle a commencé une série, pis après deux jours de tournage, ils l’ont clairée. Ça ébranle la confiance. »

« On n’y échappe pas ! »

Outre La candidate, Valérie Tellos apparaîtra au générique d’une autre série cet hiver : L’aréna, une nouvelle comédie à sketchs de Noovo avec Phil Roy, Marc Beaupré et Mariana Mazza, dans laquelle elle incarne Marion, une joueuse de hockey « woke ».

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Valérie Tellos et Catherine Chabot lors du tournage de L’aréna

Au printemps, elle foulera les planches du Théâtre Jean Duceppe dans Royal, l’adaptation du roman de Jean-Philippe Baril Guérard, qui dépeint le monde sans pitié des étudiants en droit. Quel rôle jouera-t-elle dans cette pièce mise en scène par Jean-Simon Traversy et Virginie Brunelle ? La syndicaliste, évidemment.

« On n’y échappe pas ! », lance-t-elle, sourire en coin, en haussant les épaules.

Il n’y a pas de doute : avec ses personnages à gauche du centre, Valérie Tellos file droit devant.

Son actualité de l’année 2024

La série La candidate sera présentée sur ICI Télé les mardis à 21 h à partir du 9 janvier. La comédie à sketchs L’aréna sera présentée à Noovo les mercredis à 19 h 30 à compter du 10 janvier. La pièce Royal de Jean-Philippe Baril Guérard sera à l’affiche du Théâtre Jean-Duceppe du 10 avril au 11 mai.