(Montréal) Même si le contexte pandémique a permis à de nombreux humoristes d’explorer leur art sur de nouveaux médiums numériques, ceux-ci sont ravis de renouer avec la scène. Une pratique qui aura toujours sa place dans l’industrie et qui fait partie des habitudes des Québécois, estiment plusieurs d’entre eux.

« Inévitablement, pendant la pandémie, pour rejoindre le public, il fallait innover, exercer son métier par une autre façon que la scène, donc évidemment, le web s’est développé avec différentes propositions », remarque Johanne Pouliot, directrice générale de l’Association des professionnels de l’industrie de l’humour, en marge de l’annonce des nominations au 24e Gala Les Olivier, qui aura lieu le 19 mars prochain.

« L’humour, c’est très vaste, ça peut rendre toutes sortes de formes. Sur internet, c’est tout naturel qu’on y retrouve de l’humour, des jokes », renchérit l’humoriste Pierre-Yves Roy-Desmarais, sacré Découverte de l’année au gala de 2022 et finaliste pour l’Olivier de l’année.

« Oui, on est revenus à l’essentiel avec le web. Faire des blagues devant un cellulaire, avec les gens chez eux, ça nous ramène à l’essence de la blague, mais il y a quatre ans, personne n’aurait pensé à faire des spectacles sur le web ou sur Zoom », illustre Neev, qui animera la portion des Olivier qui récompense les membres de l’industrie.

« Dans le fond, peu importe la plateforme qu’on utilise, l’important, c’est de rejoindre les gens, de les toucher et de les faire rire », ajoute l’humoriste d’origine franco-marocaine.

Renouer avec les spectateurs

Cela étant dit, cette nouvelle avenue en humour n’est pas là pour remplacer la scène, dont une majorité d’humoristes se sont ennuyés au cours des deux dernières années.

« Je pense pas qu’on va transférer l’humour sur scène sur l’internet, que c’est juste un aspect supplémentaire dans lequel les humoristes vont s’illustrer », souligne Pierre-Yves Roy-Desmarais.

Sa consœur, Katherine Levac, abonde en ce sens. « Il y a des gens qui ont acheté leurs billets il y a quatre ans et qui sont au rendez-vous aujourd’hui, même si le show a été reporté. C’est une belle reconnaissance, que de renouer avec les spectateurs, et ça montre qu’on ne prend plus rien pour acquis », indique-t-elle.

Le public aussi semble préférer ce retour à l’humour sur scène. « Le public a réalisé à quel point l’humour fait partie de l’ADN des Québécois, que ça nous fait du bien, ajoute Neev. Tout le monde est content d’être là, que ce soit dans la salle ou sur la scène. »

De plus, ajoute Mme Pouliot, les salles sont combles depuis qu’elles sont rouvertes au public. « Il est demeuré fidèle ; l’humour demeure une discipline culturelle favorisée par le public. La scène a toujours sa place, c’est sûr. »

Néanmoins, les tribunes numériques qui se sont multipliées au cours des dernières années, en incluant les grandes plateformes de diffusion en continu, qui ont acheté des spectacles ou financé des productions originales en humour, ont permis aux professionnels de la blague de se faire découvrir d’un nouveau public, aussi bien ici qu’à l’étranger.

« Personnellement, je fais mes shows pour les gens d’ici, et tant mieux si d’autres gens l’écoutent et l’apprécie, indique Katherine Levac. Mais je ne modifierai pas mon contenu pour l’international ; je fais mon affaire, et c’est tant mieux si ça me permet de rejoindre de nouveaux publics. »

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.