Boucar Diouf a lancé jeudi la tournée de son cinquième spectacle solo, intitulé Nomo sapiens, où il pose sa loupe de scientifique sur les grands primates pour mieux décortiquer les drôles de bêtes que sont les humains.

Cette fois, l’humoriste a choisi de s’attaquer au mythe selon lequel l’homme et sa fiancée seraient des espèces à part dans la Création. Plus intelligents, plus évolués ? Pas certain, répond celui qui voit en l’humanité une bonne dose de connerie, à défaut de dire pire.

Cela explique le titre Nomo sapiens, croisement entre nono et Homo sapiens. Pour étayer sa théorie, le titulaire d’un doctorat en océanographie s’appuie sur deux des proches cousins de l’humain, les bonobos et les chimpanzés. Les premiers sont des Peace and Love matriarcaux et végétariens qui règlent bien des conflits par une bonne partouze. Les seconds sont des guerriers machistes et politiques, chez qui toutes les faveurs se monnaient au détriment de la femelle.

Entre les deux, le cœur d’Homo sapiens balance sans cesse, estime l’humoriste, en grande forme pour la première de ce nouveau projet.

Encore une fois, Boucar Diouf joue les alchimistes avec son public. Il réussit le parfait dosage entre informations scientifiques, morceaux de sagesse populaire (qu’elle soit africaine ou gaspésienne), jeux de mots à la sauce bien québécoise et anecdotes personnelles sur sa propre nounounerie, en particulier lors de son arrivée au Québec, à Rimouski.

Il peut aussi, lorsque c’est nécessaire, faire descendre son humour juste en bas de la ceinture. Pas par simple besoin de choquer et sans tomber dans la vulgarité inutile. Juste parce qu’une blague de « pli sur la poche », de « départ rien que sur une gosse » ou d’« exploration anale » fait toujours son effet lorsqu’elle est bien construite. Preuve que l’humain (y compris l’autrice de ces lignes) n’est jamais très loin de ses racines simiennes. Après tout, l’humain partage 98 % de sa génétique avec le chimpanzé… il faut bien que ça s’exprime à l’occasion.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Boucar Diouf a choisi une mise en scène réduite à sa plus simple expression pour ce nouveau projet solo.

La magie de Boucar Diouf demeure dans sa capacité à pouvoir, dans un même souffle, rendre un vibrant hommage au mouvement féministe pour ensuite imiter à s’y méprendre la mitraille d’onomatopées qui sortent de la bouche du Québécois en colère. Il sait reconnaître l’infiniment petit et célébrer l’infiniment grand. Le tout avec une finesse, une générosité et une sincérité qui réchauffent l’âme.

Pour faire le pont entre les divers numéros, l’humoriste a choisi d’inclure de courts extraits musicaux composés par sa conjointe et où on entend ses enfants chanter. Sympathique, mais le procédé est surutilisé et finit par tomber un peu à plat. La mise en scène est aussi réduite ici à sa plus simple expression.

Mais, avouons-le, c’est surtout par ses mots que Boucar Diouf séduit. Et par sa faculté sans cesse renouvelée de toucher le cœur des spectateurs en même temps qu’il stimule leurs neurones. Il nous rend meilleurs et plus intelligents : ce n’est pas rien ! Bref, Boucar Diouf s’est taillé une place bien à lui dans le paysage humoristique québécois, et ce plus récent spectacle en fait une fois encore la preuve de superbe façon.

Nomo sapiens

Nomo sapiens

Boucar Diouf

En tournée partout au Québec

7,5/10

Consultez le site de Boucar Diouf