En septembre 1996, Valérie Beaulieu, une étudiante et barmaid de 22 ans, débarquait de Québec et emménageait dans le loft montréalais hyper coloré – de style Pizzédélic – qui hébergeait les sept colocataires de la deuxième saison de Pignon sur rue, que relayait Télé-Québec les lundis soir.

En septembre 2024, la même Valérie Beaulieu, 50 ans, maintenant coactionnaire et présidente de la boîte Trinôme et filles, produira la nouvelle mouture de la téléréalité Pignon sur rue, qui ressuscitera sur les ondes de Télé-Québec, mais en format quotidien, prévu du lundi au jeudi dans une case horaire à déterminer.

« Pignon sur rue a changé ma vie. Je rêvais de partir de Québec. J’avais fait le tour du Dagobert. Je le savais que je voulais travailler en communication, mais je n’avais personne pour me faire une passe sur la palette. Pendant Pignon sur rue, je bambochais. Après, je me suis prise en main, j’ai arrêté de faire la fête et je suis retournée à l’université », confie la productrice Valérie Beaulieu, une des candidates marquantes de Pignon sur rue 2, où les jeunes adultes de 18 à 22 ans avaient été choisis pour remplir des rôles bien précis.

PHOTO PIERRE MANNING, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Valérie Beaulieu

Valérie Beaulieu était la rebelle, la fille extravertie qui s’exprimait sans filtre. La distribution comprenait aussi Rosalie l’idéaliste à jupe en terre cuite, Marie-Josée la hockeyeuse d’Amos, Alexandra la timide Franco-Ontarienne, Dimitri l’excentrique aux cheveux multicolores, Emanuel le passionné de nutrition de Rivière-du-Loup et Danny le sportif, qui vivait son homosexualité ouvertement dans la grande ville. Les « cobayes » de Pignon sur rue devaient alors habiter à plus de 200 km de la métropole.

Considérée comme l’ancêtre de la téléréalité québécoise, Pignon sur rue a débuté en septembre 1995 pour s’éteindre au printemps 1998, après quatre saisons sur les ondes de Télé-Québec. Les producteurs de Trinôme épongeaient le loyer des sept pignons (c’était leur petit surnom), qui acceptaient, en échange, qu’une caméra les suive pendant 10 mois.

Pignon sur rue, dont le générique d’ouverture était rythmé par une chanson originale de Kevin Parent, s’approchait davantage du cinéma-vérité que de la téléréalité comme on la connaît aujourd’hui. C’était super bon. Et c’est l’émission qui m’a fait adorer ce genre télévisuel de moins en moins méprisé, heureusement.

La nouvelle version de Pignon sur rue reprendra les éléments de base du concept de 1995, soit se coller à la réalité de sept membres de la génération Z, âgés de 18 à 25 ans, qui s’installent à Montréal pour la première fois. « Quels sont les rêves de ces jeunes ? Quels sont leurs enjeux et leurs buts ? On va suivre leurs joies, leurs peines, leurs réussites, leurs échecs, leurs ruptures, leurs emplois et leurs études », précise la productrice Valérie Beaulieu.

Prévu à la mi-août, période effervescente de la rentrée des classes, le tournage de Pignon sur rue, version 2024, ne durera pas 10 mois, mais bien 10 semaines. La production paiera l’appartement des sept nouveaux pignons, qui devront par contre se débrouiller avec l’épicerie, les factures de cellulaire et toutes dépenses connexes.

Il n’y a pas de grand prix à remporter à la fin de Pignon sur rue. Il n’y a pas non plus de défis physiques à réussir, de puzzles à résoudre ou de bouffe dégueu à ingérer.

Pignon sur rue montre plutôt le quotidien de sept colocs qui s’émancipent et qui découvrent Montréal, une ville qui leur est inconnue.

« À cet âge-là, tout est une première fois. Le passage à l’âge adulte est un moment charnière. On se déracine et on est confronté à des réalités qu’on n’avait pas vues venir », précise la vice-présidente des contenus de Télé-Québec, Nadine Dufour.

Dans Pignon sur rue 2, les participants vivaient dans un immense loft sur deux étages, décoré par Michel Robidas, au coin des rues Sainte-Catherine Est et de la Visitation, au-dessus ce qui est aujourd’hui le bar Renard, dans le Village gai. L’équipe de Trinôme et filles cherche actuellement un appartement assez grand pour accueillir sept personnes, dans sept chambres différentes, ce qui est assez rare dans le marché immobilier actuel.

La domination des joueurs flotteurs

Frugo Dumas, mon alter ego en colère permanente, prend le contrôle de cette chronique, qui éviscère le dernier épisode de Big Brother Célébrités sur Noovo. Comment des joueurs peu doués comme l’humoriste Dave Morgan, la créatrice de contenu Gabrielle Marion et l’athlète paralympique Frédérique Turgeon ont pu se faufiler aussi loin dans l’émission, en n’accomplissant pratiquement rien ? C’est sidérant.

On comprend l’humoriste Danick Martineau et l’olympien Charles Hamelin de traîner ces trois concurrents flotteurs avec eux, car ils ne représentent aucune menace pour leur éventuel couronnement.

Pour Danick et Charles, l’élimination de la comédienne Joëlle Paré-Beaulieu était la chose à faire pour assurer leurs arrières. Mais pour nous, simples fans de la téléréalité, c’est une catastrophe. Joëlle a été une participante redoutable, brillante et rusée, qui n’a jamais abandonné.

Acculée au pied du mur, Joëlle a mené une habile campagne de sauvetage du désespoir, elle a triomphé dans la chambre des mises (là où Danick a échoué) et a acheté un dernier collier dans l’espoir de se sauver.

Le problème pour Joëlle, c’est que Danick, capable de mettre ses émotions de côté, gagne quand c’est important, et il a pu exécuter son plan d’évincer sa rivale. Au moins, Dave Morgan a eu un semblant de remords en votant pour garder Joëlle dans la partie.

C’est évident que Danick et Charles puniront Dave pour ce geste de trahison. Et qui de Fred, Gabrielle ou Dave aura le courage de séparer Batman et Robin ? Si l’on se fie à la trajectoire de la saison actuelle, personne ne tentera de putsch. Ils sont tous trop moutons pour ça, bêê-bêê-bêê (Frugo remet ici le clavier à Hugo, merci).