Pendant que vous lisez aujourd’hui nos textes sur les livres les plus attendus de l’automne dans les domaines français et étranger, nous préparons la rentrée en littérature québécoise. Vous vous demandez souvent, cher lectorat, comment tout ça se déroule de notre côté. La réponse : dans l’excitation et dans l’angoisse devant la tâche.

Dès juin, nous recevons les programmes des maisons d’édition et des manuscrits à l’avance, puis nous nous chamaillons joyeusement entre collègues sur des titres. Ceux qui lisent le plus rapidement ont une longueur d’avance sur les autres, ce qui fait que, depuis 20 ans, je pars en vacances à la campagne avec une boîte de livres. Mais je n’ai pas été assez vite pour La version qui n’intéresse personne, premier roman d’Emmanuelle Pierrot publié au Quartanier, qui sera assurément un livre qui intéressera tout le monde, faites-moi confiance.

J’étais occupée avec Kau Minuat – Une fois de plus de Joséphine Bacon et Les choses de la lumière de Maude Veilleux, parmi les premiers titres à paraître de la rentrée, en tout cas juste à temps pour la journée du « 12 août, j’achète un livre québécois », qui a battu tous les records cet été depuis que cette initiative existe.

C’est quand même drôle que les gens fassent le plein de livres d’ici juste avant la rentrée et je me demande souvent si les livres achetés ce jour-là finissent par se faire tasser par la déferlante de l’automne, mais ça donne au moins une dernière chance aux publications des dernières années (et aux retardataires) de s’imposer avant que l’actualité littéraire ne prenne toute la place.

Vous savez comme moi que c’est une maladie assez répandue que d’acheter plus de livres qu’on ne peut en lire…

En tout cas, tous les journalistes en ce moment sont plongés dans ce qui sera vendu le 12 août de l’an prochain, sans aucun doute.

J’ai très hâte de discuter avec Martine Delvaux de Ça aurait pu être un film, son nouveau récit sous forme d’enquête sur la peintre Hollis Jeffcoat, qui a vécu dans l’ombre de deux géants, Joan Mitchell et Jean Paul Riopelle. La place des femmes, souvent occultée dans le monde de l’art, est aussi ce qui a inspiré Élise Turcotte pour son nouveau roman qui vient tout juste de paraître, Autoportrait d’une autre, tandis que Larry Tremblay, après son très beau Tableau final de l’amour qui portait sur la vie du peintre Francis Bacon, est de retour avec un recueil, D’enfers et d’enfants, que j’ai déjà commencé même s’il ne sortira qu’en octobre, car je résiste difficilement à l’écriture de Larry.

Quoi d’autre dans ma boîte ou dans ma ligne de mire ?

Toute histoire de deuil est une histoire d’amour de Maïté Snauwaert, La vie de ma mère de Nathalie Petrowski, une biographie de Gérald Godin par Jonathan Livernois chez Lux, Voix éclairs tonnerres de Myriam J. A. Chancy (dans une traduction de Chloé Savoie-Bernard), Le violon d’Adrien de Gary Victor, un nouveau Dominique Fortier…

Mais souvent, le plus beau dans ce métier, ce sont les titres que l’on n’attendait pas (comme Les ombres familières de Vincent Brault, dont je vous reparlerai), tous ces futurs crushs qui surviendront et dont n’a pas encore idée, et ce que l’on découvre en parallèle de la liste établie de nos envies – je m’en voudrais ici de ne pas mentionner le merveilleux Festival international de la littérature, où, depuis toujours, la directrice Michelle Corbeil accomplit des miracles (je ne raterai pas le spectacle Ma vie rouge Kubrick inspiré du roman de mon défunt ami Simon Roy).

Chaque année, c’est immanquable, quelqu’un me demande : « Est-ce une bonne rentrée littéraire ? » Comme s’il y en avait des mauvaises, avec le nombre de livres publiés ! Je sais bien que la quantité n’est pas garante de la qualité, mais la diversité est si grande qu’il faut presque faire exprès pour ne pas trouver un titre qui trouve grâce à nos yeux (une façon de dire que je ne comprendrai jamais les lecteurs blasés). Nous ne sommes qu’au début de septembre et j’ai déjà de beaux moments de lecture que j’ai hâte de vous faire partager, mes collègues aussi.

Consultez le site du Festival international de la littérature