Jetez fraises moisies et salade noircie à la Tim, portez vos casquettes à l’envers façon Carlos et répétez vos faces de jugement à la Marie-Denise, car la secte des adeptes de Si on s’aimait se réunit dès lundi à 19 h, sur les ondes de TVA, pour incanter et vénérer la connexion au monde émotif.

Et grande nouveauté ce printemps : la populaire docuréalité se métamorphose en formule spéciale Si on s’aimait encore, qui ne suit plus des célibataires en quête d’amour, mais bien des couples sur le point d’éclater, après des années de communication boiteuse.

Notre célèbre papesse des cinq dualités, la très investie Louise Sigouin, hérite de cinq cas bien lourds, soyons honnête, qu’elle épaulera pendant six semaines. Tous ces couples en crise frôlent l’explosion, particulièrement celui formé par la comptable Nathalie, 50 ans, et son conjoint cuisinier Pierre, 56 ans.

Dans le bureau plus chaleureux et chic de Louise Sigouin, Nathalie et Pierre révèlent à la thérapeute vedette de gros morceaux de leur vie intime, ce qui donne des moments de télé croustillants et intenses, évidemment. J’ai tout aimé, vous vous en doutez.

Par exemple, Nathalie, obsédée par son chien Hector, se dit frustrée sexuellement depuis 32 ans, soit la durée complète de son mariage avec Pierre, qu’elle a rencontré sur les ondes de la radio amateur (le bon vieux CB), puis au Dunkin Donuts. D’humeur négative, c’est un euphémisme, Nathalie rabaisse constamment Pierre, elle l’infantilise et l’ensevelit de reproches. Louise Sigouin décrit d’ailleurs Nathalie comme un petit chihuahua qui jappe, et c’est assez juste comme remarque.

IMAGE TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

Nathalie et Pierre, en couple depuis 32 ans

Le public prendra rapidement en grippe cette Nathalie, une femme allergique à la douceur. Se sentant délaissée au lit et laide aux yeux de Pierre, Nathalie lui lance, pendant une séance de consultation : « Au pire, mets-moi un sac à poubelle sur la tête, viarge ! » Ça fait mal à entendre.

Pendant les rénovations de leur salle de bains, Nathalie refuse que Pierre change la toilette. Elle ne décroche jamais et elle le nargue jusqu’au magasin de décoration : « Tu l’auras pas, ta toilette lave-cul ! » Nathalie parle ici du bidet qu’aimerait acheter Pierre, qui fait pitié, vraiment.

Contrairement aux éditions précédentes, où les participants se découvraient lentement pendant les premières semaines, Si on s’aimait encore fonce droit au but : il y a péril en la demeure, déballez votre vécu, ça urge.

En un épisode de 30 minutes, on découvre que Nathalie souffre de fibromyalgie, que Pierre consomme du Viagra et que si l’expérience de Si on s’aimait ne fonctionne pas, adios, c’est le divorce.

Ensemble depuis quatre ans, le deuxième couple en consultation chez Louise file un très mauvais coton, également. Il s’agit d’Emmanuelle, 34 ans, et de Jérémie, 28 ans, qui forment une famille reconstituée avec cinq enfants. En gros, Emmanuelle porte toute la charge mentale, tandis que Jérémie, « un homme de peu de mots », joue à la PlayStation dans le salon. Oui, vous pouvez sacrer. Je l’ai fait abondamment, crisse.

Plus Emmanuelle reproche à Jérémie de ne pas mettre l’épaule à la roue, plus il se sent inadéquat et se renferme. C’est une roue de récrimination sans fin qui se termine souvent en engueulade majeure : ferme ta yeule, décâlisse !

L’obsession d’Alexandre pour son téléphone cellulaire plombe sa relation de six ans avec Gilles, qui se sent seul et qui a l’impression de vivre avec son frère. Louise Sigouin confiera donc à Gilles, 33 ans, une boîte métallique dans laquelle Alex, 35 ans, devra déposer son cellulaire en rentrant à la maison, tous les soirs. Seul Gilles a la clé. Très vite, Louise découvre que les écrans masquent des problèmes plus graves entre Alex et Gilles, dont un d’ordre sexuel.

Diane, 59 ans, et Yves, 63 ans, ne se fréquentent que depuis sept mois, mais ont atteint un obstacle majeur. Monsieur se dit mécontent de la fréquence de leurs relations sexuelles… à raison de quatre fois par semaine. « C’est mon système qui est fait de même », se justifie Yves à la caméra. Comment dire. Le visage stupéfait de Louise Sigouin trahit toute notre stupéfaction par rapport à cette insatisfaction.

De retour pour un quatrième tour de piste, Guillaume Lemay-Thivierge et Émily Bégin commentent le parcours éprouvant des dix participants de Si on s’aimait encore assis en tailleur sur un lit king, et non plus dans leur salon.

Quant aux rencontres entre Louise Sigouin et les deux coanimateurs, elles ne se déroulent plus dans un condo anonyme du centre-ville, mais bien dans un joli restaurant, le Dandy, dans le Vieux-Montréal. Ça sort beaucoup mieux à l’écran.

Si on s’aimait encore présente maintenant Louise Sigouin comme une experte en relations interpersonnelles. Le fait qu’elle ait été récemment condamnée, puis suspendue par l’Ordre professionnel des sexologues du Québec (OPSQ) ne change pas du tout son travail à l’écran, au contraire. Elle demeure excellente et pertinente, n’en déplaise à ses détracteurs incapables d’explorer leurs propres inconforts ou de guérir de leurs blessures de honte.