L’enquête sur l’agression sauvage de la prof de musique Pierrette Granger (Louise Turcot) avait été mise sur le réchaud dans Doute raisonnable, le prenant et très angoissant thriller policier de Radio-Canada.

L’homme de ménage médicamenté (Jacques Lussier), l’ado qui utilise la carte de guichet dérobée à la victime, le neveu louche (Roc Lafortune) qui pratique l’art du collage de sexes féminins, la liste des suspects s’étirait et le Groupe d’intervention sur les crimes à caractère sexuel – le GICCS – nageait en terrain vaseux.

L’investigation sur l’attaque de la veuve de 75 ans passe en vitesse suprasupérieure lundi soir et, appliquez le protocole de Milwaukee !, vous ne voulez pas rater cet excellent épisode, déjà offert sur l’Extra de Tou.tv, pour les plus curieux.

Ça faisait longtemps qu’une heure de télévision, extrêmement bien construite, m’avait procuré autant d’émotions fortes. Stress, pitié, anxiété, colère, dégoût et stupéfaction, je me sentais comme Marie-Christine Lavoie qui réarrangeait du mobilier avant de monter sur le bloc de Big Brother Célébrités.

Sans blague, Doute raisonnable offre un de ses meilleurs épisodes, qui se termine sur un punch immense, tellement chavirant que j’ai hurlé comme un pauvre damné : « Ben voyons, maudit @$# % !, que va-t-il se passer avec (nom de personnage caviardé), ça se peut juste pas ! »

Les auteurs Annabelle Poisson, Geneviève Simard et Pierre-Marc Drouin attachent tous les fils qui pendent dans cet épisode compact et haletant de Doute raisonnable (lundi à 21 h). L’arrivée d’un nouveau personnage, une retraitée snob (Marie-Josée Longchamps) en brouille avec son fils, permettra d’assembler toutes les pièces de ce puzzle très glauque, mais fascinant.

Et la tension grimpe à un niveau alarmant au sein du GICCS, alors que Lucie (Kathleen Fortin) menace de dénoncer Alice Martin-Sommer (Julie Perreault) pour le meurtre du fou à Henri Nelson (Tobie Pelletier).

Frédéric Masson (Marc-André Grondin) tombera lui aussi si Lucie dévoile au commandant Dorcely (Benz Antoine) que sa partenaire Alice a froidement abattu Nelson et qu’il ne s’agissait nullement de légitime défense.

Sachez que le GICCS a classé de façon définitive le dossier du prof d’université Denis Dubreuil (Jean L’Italien), celui qui gardait prisonnière une enfant brésilienne dans son grenier digne d’un film d’épouvante. Au secours.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

François Avard est l’un des auteurs de la série Le bonheur à TVA.

Le bonheur qui décape

L’Église catholique peuplée de pédophiles, l’apathie face à la crise climatique, le coût faramineux des soins vétérinaires ou la désillusion déprimante des professeurs, les auteurs François Avard et Daniel Gagnon se gâtent dans les répliques percutantes dans Le bonheur depuis deux semaines.

Les deux scénaristes avaient promis une deuxième saison plus féroce et n’ont pas menti. Ça fesse fort. Et ça fait réfléchir.

L’épisode du pédocuré, diffusé la semaine dernière, a renfermé des répliques parmi les plus dures de la comédie de TVA. La demi-heure commençait avec une fête pour célébrer la libération du prêtre pédophile (Patrick Goyette) de Saint-Bernard-du-Lac.

Plusieurs paroissiennes s’ennuyaient du bon pédocuré (il a purgé sa peine !) et accusaient ses victimes – des enfants, on le rappelle – d’avoir menti à la police.

« Dans notre temps, on encaissait pis on vivait notre vie. Aujourd’hui, les jeunes n’ont pas la couenne dure », se désolait une citoyenne jouée par Sylvie Potvin. N’oubliez pas, c’est de la satire, qui dénonce des comportements inacceptables et non l’inverse.

Plus tard, le même pédocuré s’apprêtait à officier un baptême par Zoom parce que la cour lui interdit se trouver à 300 mètres d’un bambin. La grand-mère (Louise Bombardier) s’inquiétait de la validité et de la crédibilité d’un tel télébaptême. Réponse du curé : « Moi, devant la caméra, je réussissais à faire accroire à des enfants que j’en étais un moi aussi. La crédibilité sur le web, c’est mon domaine. »

À propos de la crise climatique qui n’émeut plus personne, les auteurs ont fait dire à Nancy (Myriam LeBlanc), la proprio du magasin général : « Si c’était sérieux, ils laisseraient pas ça entre les mains d’une petite air bête comme Greta Steinberg, il y a des adultes qui s’en occuperaient. »

Mercredi soir, Le bonheur a égratigné les profs qui ont perdu la vocation et qui s’accrochent à leurs vacances et à leurs fonds de pension. De retour à l’école pour « enseigner l’enseignement » à des adultes, François Plante (Michel Charette) n’est pas tombé sur la cohorte la plus allumée. Une mère au foyer y allaitait son préado de 12 ans et une influenceuse s’y exprimait dans un franglais agressant. Moi, je veux really get famous !

À une de ses élèves qui portait un niqab, François a rappelé que la loi 21 interdisait le port de signes religieux ostentatoires devant les élèves. Il lui faudrait donc retirer son foulard.

« Mais je ne suis pas musulmane, je suis juste épeurante », a répliqué l’étudiante en dévoilant son visage, ce qui a provoqué des cris d’effroi dans la salle de classe.

Les textes de François Avard et Daniel Gagnon, qui ont donné leurs prénoms à deux personnages principaux du Bonheur, trempent dans le cynisme. Quand ils écrivent que les jeunes « jouent à des jeux vidéo où ils tuent des putes à coups de battes de baseball », mais qu’ils exigent qu’un castor donne son consentement éclairé avant d’offrir volontairement sa fourrure à un coureur des bois, leur caricature est-elle si éloignée que ça de la réalité ?