La série d’évènements consacrés au centième anniversaire de naissance de Jean Paul Riopelle commence en lion avec la parution d’une œuvre musicale originale du compositeur Blair Thomson inspirée de sept chansons de Serge Fiori. Fruit de quatre années de travail, le résultat est enfin offert aux mélomanes et aux admirateurs de cet artiste, qui aura droit à des célébrations d’une rare ampleur en 2023.

Je ne vous redirai pas tout le bien que je pense de cette création (j’ai eu le bonheur de découvrir l’œuvre en avril dernier lors d’une séance d’écoute privée), mais je me contenterai de vous dire qu’elle témoigne admirablement bien de certaines grandes étapes de la vie du peintre et sculpteur québécois qui, après un long séjour en France, a marqué de sa présence L’Isle-aux-Grues et Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson.

Comme beaucoup de gens, je ne suis pas fan des projets qui portent un sceau « symphonique », surtout quand la base repose sur des chansons populaires. Les arrangements sont rarement réussis. Dans ce cas-ci, il est question d’une œuvre à part entière qui émane du talent d’un compositeur visiblement inspiré et qui est portée par l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), dirigé par Adam Johnson.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Blair Thomson et Serge Fiori

Mercredi, lors d’une conférence de presse, le producteur Nicolas Lemieux n’était pas peu fier de raconter l’origine de ce gigantesque projet dans lequel il a plongé avec une grande préparation, mais aussi avec « beaucoup de peur ». On ne s’empare pas de l’œuvre d’un tel monstre sacré avec désinvolture.

De son côté, Blair Thomson a raconté que la création de cette œuvre lui avait fait voir la musique comme « un art plastique ». Il fallait l’entendre décrire la façon dont il a « sculpté » cette partition de 75 minutes. Quant à Serge Fiori, il a dit retrouver « la tristesse, la rage et la liberté » de Riopelle à l’écoute de cette œuvre « colossale ».

Comme Nicolas Lemieux aime créer des projets qui ont des tentacules, cette œuvre sera portée à la scène en février prochain dans le cadre de Montréal en lumière avec l’OSM, puis en septembre 2023, à Québec, avec l’Orchestre symphonique de Québec. En plus des oreilles, les yeux des spectateurs seront alors mis à profit.

On ne peut présenter une œuvre musicale dédiée à un artiste comme Riopelle sans y greffer une présentation visuelle. C’est là que Gabriel Poirier-Galarneau, directeur du studio multimédia Champagne Club Sandwich, entre en jeu. C’est à lui que revient la responsabilité de signer la mise en scène et la conception visuelle de cet évènement qui s’annonce spectaculaire.

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Gabriel Poirier-Galarneau, directeur du studio multimédia Champagne Club Sandwich

Celui qui a créé les projections du spectacle Robert en CharleboisScope et Harmonium symphonique avait du mal à cacher son enthousiasme quand je lui ai demandé de me décrire ce qu’il prépare. « J’ai voulu mettre en relation l’homme avec un animal, dans ce cas-ci une oie sauvage. Avec elle, on va voyager d’une œuvre à une autre. » Pour permettre cela, Gabriel Poirier-Galarneau est allé tourner des images d’oies sauvages à L’Isle-aux-Grues, de même qu’au manoir MacPherson, où Riopelle a vécu.

Le concepteur a accès à un nombre impressionnant d’images représentant des œuvres de Riopelle que les spectateurs vont pouvoir admirer durant le concert grâce à plusieurs écrans. « Les musiciens seront installés à diverses hauteurs, m’a-t-il expliqué. Des panneaux vont pouvoir isoler certaines sections de l’orchestre. Les projections seront commandées en direct. Ça sera tout un défi. »

Gabriel Poirier-Galarneau s’en remet à la technologie de la photogrammétrie pour reproduire les œuvres de Riopelle, c’est-à-dire que chaque tableau est photographié plusieurs fois afin de produire un effet 3D. « J’ai remarqué que dans les musées, les gens regardent souvent les œuvres, particulièrement celles de Riopelle, en se plaçant de côté, comme pour tenter de voir les reliefs. Cette technique va permettre ça. »

Qu’on se rassure tout de suite, il n’y aura pas de « construction » ou de « déconstruction » artificielle de tableaux de Riopelle qui vont se faire sous les yeux des spectateurs. On tient à respecter l’œuvre du peintre, mais à magnifier sa présentation.

Mercredi matin, avec des collègues de la section des arts de La Presse, nous avons discuté de tout ce qui était à venir dans le cadre de ce centenaire organisé par la Fondation Jean Paul Riopelle. Nous avons répertorié une vingtaine d’évènements. Et cette liste est incomplète, car d’autres organismes, institutions ou galeries s’ajoutent tous les mois.

Si le concert Riopelle symphonique tient ses promesses, il mettra la barre haut pour tout ce qui suivra. Quelle année on s’apprête à vivre !

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Visitez le site de Riopelle Symphonique Lisez la chronique « Riopelle en mode symphonique » publiée en avril dernier