Qu’ont en commun Jean Paul Riopelle, Serge Fiori et l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) ? À première vue, pas grand-chose. Pourtant, ces trois entités sont aujourd’hui rassemblées dans la création d’un projet fou en hommage au grand peintre québécois.

Riopelle symphonique est une fresque musicale qui s’insère dans les nombreuses manifestations prévues à l’occasion du 100e anniversaire d’un artiste qui semble être frappé par la grâce de l’éternité. Cette œuvre sera présentée en première mondiale en février 2023 dans le cadre de Montréal en lumière.

Cette idée, on la doit au producteur Nicolas Lemieux, qui a eu le flair de combiner le talent du compositeur et chef d’orchestre Blair Thomson à celui de Serge Fiori. « Je suis d’abord allé vers Blair Thomson, qui avait, selon moi, la sensibilité nécessaire pour ce projet. C’est un être d’une rare intelligence, d’une grande culture. » Rappelons que ce dernier a ébloui le public montréalais, au printemps 2014, en dirigeant l’OSM lors du concert Douze hommes rapaillés de Gaston Miron et Gilles Bélanger.

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Serge Fiori écoute l’Orchestre symphonique de Montréal lors de l’enregistrement du disque Histoires sans paroles – Harmonium symphonique en 2020. Cette fois, l’OSM interprétera des pièces arrangées par le compositeur et chef d’orchestre Blair Thompson, ce qui inclut des pièces du répertoire de Fiori qui ne font pas partie de sa période Harmonium.

Nicolas Lemieux a ensuite contacté Serge Fiori, avec qui il a travaillé sur le projet Harmonium symphonique avec l’OSM en 2020. « Je voulais de lui qu’il mette de l’âme dans cette œuvre. Il a réfléchi parce que Serge n’est pas du genre à sauter dans un projet sans être convaincu qu’il a un rôle à jouer. Il a finalement accepté parce qu’il a envie de faire un cadeau à Riopelle, qu’il adore. »

Au cœur de cette œuvre se trouvent les musiques de sept chansons de Serge Fiori qui ne font pas partie de sa période avec Harmonium. Ces thèmes ont été arrangés par Thomson et fondus en une œuvre qui, au bout du compte, devrait durer environ 75 minutes. « Le travail de création est très avancé », confie Nicolas Lemieux, qui a dû faire une immersion majeure dans la vie et l’œuvre de Riopelle. « Sa vie est un terrain de jeux incroyable. »

Riopelle symphonique sera constituée de cinq parties. « On a établi une courbe à partir des grands axes de la vie de Riopelle », nous dit Lemieux.

On se rend compte que ce qui a marqué sa vie et son parcours, c’est la liberté. Cela nous a guidés vers l’oiseau, vers l’oie sauvage. Donc, l’œuvre va proposer un voyage constitué de l’envol, d’un mouvement d’accélération, d’une période de turbulence, d’un vol plané où il revient chez lui, puis finalement de l’atterrissage, qui montre l’homme fatigué se rapprochant de la fin.

Nicolas Lemieux, producteur

Produite par GSI Musique et Oziko, en partenariat avec la Fondation Jean Paul Riopelle, Riopelle symphonique réunira les musiciens de l’OSM et les Petits Chanteurs de Laval, qui seront dirigés par Adam Johnson. Les tenues de scène des musiciens et du chef d’orchestre seront créées par la designer Marie Saint Pierre, dont le père, Champlain Charest, fut un grand ami de Riopelle.

Nicolas Lemieux est en train de mettre sur pied une « grande tournée canadienne » afin d’offrir cette œuvre et cette expérience à un plus grand nombre de spectateurs. L’œuvre serait interprétée chaque fois par un orchestre local.

On ne peut évidemment pas offrir une œuvre musicale inspirée d’un peintre comme Riopelle sans y inclure un aspect visuel. Des jeux de projection accompagneront l’interprétation musicale. Et pour cela, on a fait appel à Gabriel Poirier-Galarneau pour réaliser la conception visuelle et assurer la mise en scène.

Quant à Nicolas Lemieux, il signe la direction artistique de cet ambitieux projet. Ce producteur n’en est pas à sa première aventure dans le monde orchestral. C’est lui qui a notamment produit le grand concert symphonique du 375e anniversaire de Montréal, à l’été 2017, réunissant 400 musiciens de l’OSM, de l’Orchestre métropolitain et de l’Orchestre symphonique de McGill.

Une série avec l’OSM

Comme Nicolas Lemieux aime voir grand, il m’a expliqué que ce projet aura sept volets. Le concert de février 2023 et l’enregistrement qui paraîtra en novembre prochain constituent les deux premières étapes. « J’ai réuni plusieurs entreprises créatives de Montréal, dit Nicolas Lemieux. On va décliner cette œuvre et faire vivre des expériences extraordinaires au public. Mon but est d’amener cette œuvre dans le monde. Je veux qu’on découvre Riopelle et qu’on ait ensuite envie d’aller voir ses tableaux. »

Riopelle symphonique inaugure une grande série de créations originales appelée Tableaux et réalisée en collaboration avec l’Orchestre symphonique de Montréal.

Au cours des prochaines années, le public découvrira d’autres œuvres musicales créées en hommage à d’autres artistes visuels du Québec. Un comité artistique a été formé afin de déterminer les prochains créateurs à qui on rendra hommage.

« Après 25 ans dans ce métier, je suis rendu là, dit Nicolas Lemieux. J’ai eu envie de créer une série signature avec l’OSM qui ne serait ni dans le secteur classique ni dans le secteur pop. Notre objectif est de créer une œuvre tous les deux ans pendant les dix prochaines années. »

Un hommage hors du commun

Riopelle symphonique fait partie des manifestations qui constitueront un hommage grandiose au peintre disparu le 12 mars 2002. Jamais un artiste québécois n’aura été autant célébré.


PHOTO MICHEL GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Jean Paul Riopelle, photographié en 1985

Outre la rétrospective du Musée des beaux-arts du Canada et l’exposition du Musée d’art de Joliette, on assistera au lancement des travaux de construction de l’Espace Riopelle, qui sera érigé près du Musée national des beaux-arts du Québec. Son ouverture est prévue en 2025.

On découvrait récemment les détails de l’œuvre théâtrale que créera Robert Lepage chez Duceppe, en avril 2023. De leur côté, Les 7 Doigts présenteront un spectacle, à l’été 2023, qui puisera également son inspiration dans l’univers de Riopelle.

Quant à Yseult Riopelle, fille aînée du peintre et sculpteur, elle poursuit la tâche colossale à laquelle elle s’est attelée au milieu des années 1980, celle de réaliser le catalogue raisonné des œuvres de son prolifique père. À ce jour, cinq volumes, couvrant l’ensemble des œuvres produites par l’artiste entre 1940 et 1970 (7000 peintures, sculptures, dessins, céramiques, collages et autres) et un sixième rassemblant les estampes, ont été lancés. Elle travaille actuellement au prochain volume de ce catalogue.

Riopelle symphonique, les 16, 17 et 18 février 2023, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, billets en vente à compter du 9 avril, à 10 h.

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Riopelle symphonique

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