Lorsqu'on a demandé à Pierre Pomerleau, président et directeur général de Pomerleau, de s'associer à la création d'une chaire de recherche par l'ETS, il s'est d'abord demandé pourquoi il se lancerait dans un projet dont bénéficieraient aussi ses concurrents. Il s'est rapidement laissé convaincre, mais il n'imaginait pas être aussi rapidement renversé par les résultats.

C'était en 2011 et Pomerleau souhaitait déjà prendre le virage BIM (Building Information Modeling), une méthode qui permet de réaliser une construction virtuelle d'un bâtiment avec les plans et informations des sous-traitants et fournisseurs.

Nombre de problèmes peuvent ainsi être réglés avant la construction réelle, ce qui se traduit par des économies. L'entreprise faisait face à un manque de main-d'oeuvre qualifiée dans le domaine.

« Nous avons commencé à travailler avec l'ETS et en deux ans environ, nous sommes passés de zéro expert BIM à une quinzaine. » - Pierre Pomerleau, PDG de Pomerleau

« Ces spécialistes ont travaillé avec nos experts en architecture et en génie. Ensemble, ils ont créé une grande valeur ajoutée pour l'entreprise. »

La première experte qui a été embauchée est Ivanka Iordanova, directrice BIM chez Pomerleau, qui réalisait auparavant un postdoctorat à l'ETS en conception intégrée.

« Une chaire industrielle est aussi très intéressante pour les étudiants parce que l'université a besoin d'un ancrage dans l'industrie pour réaliser de vrais projets et développer de nouvelles technologies », explique-t-elle.

LE CHOIX DU PARTENAIRE

Si Daniel Forgues, professeur et expert des technologies de l'information et des communications appliquées à la construction à l'ETS, s'est tourné vers Pomerleau pour créer cette chaire, c'est notamment parce qu'il avait eu vent de leur intérêt pour le BIM quelques années auparavant. Il avait alors réussi à y faire travailler un étudiant.

Sylvain G. Cloutier, du décanat de la recherche à l'ETS, constate que la création d'une chaire de recherche industrielle est rarement la première étape d'une collaboration. « Souvent, c'est la consolidation d'une relation commencée avec de petits projets satisfaisants », dit-il.

Daniel Forgues a aussi choisi Pomerleau pour son côté visionnaire.

« L'industrie était frileuse face à l'innovation et je me suis dit qu'en réussissant à convaincre un joueur important comme Pomerleau, il y aurait un effet d'entraînement. » - Daniel Forgues, professeur et expert des technologies de l'information et des communications appliquées à la construction à l'ETS

« Un projet BIM est avant tout une histoire de collaboration, explique Pierre Pomerleau. Tous les participants à un projet doivent travailler avec la même plateforme pour arriver à de meilleurs résultats pour le client. »

Pour maximiser les chances que le partenaire industriel soit satisfait de la création de la chaire, l'ETS le rencontre au début du processus pour s'assurer qu'il sait bien dans quoi il s'embarque et pour s'assurer que le projet de chaire répondra à ses besoins.

« Une chaire est un investissement d'un minimum de 200 000 $ par année pendant cinq ans pour le partenaire : ce n'est pas à prendre à la légère », explique Sylvain G. Cloutier.

L'ETS explique aussi au partenaire les avantages financiers d'investir dans une chaire : crédits d'impôts R et D, utilisation des fonds investis par l'entreprise comme levier pour aller chercher des sommes auprès d'organismes subventionnaires pour la réalisation de projets à l'intérieur de la chaire industrielle, etc.

LA SATISFACTION DU PARTENAIRE

Après deux ans de montage financier, Daniel Forgues a pu lancer sa chaire en 2013. Rapidement, Pierre Pomerleau a vu le rayonnement qu'elle a apporté à son entreprise.

« Notre image de marque au Québec et à l'extérieur est maintenant très liée à notre excellence en construction virtuelle, explique Pierre Pomerleau. Nous avons réalisé plusieurs projets BIM et nous avons maintenant une trentaine de personnes formées BIM dans l'entreprise alors que cette expertise est encore très rare chez nos concurrents. »

La chaire permet aussi de tirer l'industrie vers le haut. Une fierté pour Pierre Pomerleau.

« Plus l'industrie prendra le virage BIM, plus elle sera performante, plus les prix baisseront et plus l'industrie aura bonne presse », dit-il.