Pour oeuvrer en philanthropie, les bonnes intentions sont loin d'être suffisantes. On exige désormais énormément de compétences des patrons et employés de fondations et d'organismes de bienfaisance. L'Association des professionnels en gestion philanthropique (APGP) a d'ailleurs commandé une étude au Pôle en gestion des entreprises sociales IDEOS de HEC Montréal pour avoir une meilleure idée de la professionnalisation du secteur. Survol des résultats préliminaires avec Jacinthe Roy, directrice générale de l'APGP.

DE GRANDES EXIGENCES POUR LES PATRONS

Pour les postes de directeur et de vice-président, le baccalauréat en administration des affaires est très souvent demandé, constate Jacinthe Roy. Mais ce n'est pas tout.

« Comme plusieurs organisations ont seulement quelques employés, on souhaite des directeurs très polyvalents. On demande qu'ils sachent développer une vision stratégique, appliquer les notions de bonne gouvernance, être de bons communicateurs et de bons négociateurs, mais aussi faire le suivi des opérations sur le terrain et gérer des bénévoles, ce qui est très différent de gérer des employés », affirme Mme Roy.

LES AS DU MARKETING RELATIONNEL

Il y a eu le publipostage, le télémarketing, mais le marketing relationnel continue d'évoluer, notamment vers l'internet et les médias sociaux.

« Les organisations se tournent beaucoup vers les contacts un à un créés avec les donateurs, affirme la DG de l'APGP. Je crois qu'on le verra encore plus dans les prochaines années parce que c'est accessible aux petites et moyennes organisations, et les organismes à but non lucratif commencent à prendre le virage parce qu'ils perdent du financement du gouvernement ou de grandes organisations philanthropiques. Ça prend des compétences pour se démarquer dans ce secteur très compétitif. »

Un type de marketing relationnel particulièrement en croissance au Québec : les activités philanthropiques entre pairs (peer-to-peer). Par exemple, un défi sportif où un donateur engagé dans l'organisation forme une équipe avec ses collègues et amis pour recueillir des fonds.

« Les gens impliqués dans la cause deviennent des ambassadeurs auprès de leurs pairs et on décuple ainsi la capacité de communication de l'organisation et sa capacité à attirer des donateurs. Les professionnels de la philanthropie ont donc peu de temps pour mettre en place des stratégies pour accrocher ces nouveaux donateurs à la cause afin de s'assurer qu'ils feront davantage qu'un don unique lors du défi. »

- Jacinthe Roy, directrice générale de l'APGP

DES STRATÈGES ET DES ALLIANCES

Récemment, la Société canadienne du cancer et la Fondation canadienne du cancer du sein ont annoncé qu'elles prévoient une fusion. « C'est majeur dans le domaine, affirme Jacinthe Roy. Seulement au Québec, il y a probablement des milliers d'organisations qui font de la recherche, donnent des services ou travaillent dans un type de cancer en particulier. C'est difficile pour les donateurs de s'y retrouver. Verra-t-on d'autres fusions du genre ? Chose certaine, les professionnels de la philanthropie doivent s'assurer qu'on n'envoie pas trop de messages de tous bords et tous côtés pour une cause aux donateurs. »

FORMATIONS OFFERTES

L'Université de Montréal offre depuis 2009 le certificat en gestion philanthropique. Près de 100 étudiants s'y inscrivent maintenant chaque année.

« Certains suivent seulement quelques cours, d'autres prennent leur temps pour terminer le programme, ce qui fait qu'on a maintenant 130 diplômés », indique Caroline Bergeron, responsable des programmes à la faculté de l'éducation permanente de l'Université de Montréal.

L'APGP offre également de la formation continue à ses membres, tout comme plusieurs ordres professionnels, pour aborder des thèmes plus pointus de la philanthropie. Par exemple, l'Ordre des comptables professionnels agréés (CPA) en offre sur les questions de fiscalité.

15 000 : Nombre approximatif d'organismes de bienfaisance au Québec