Malgré la fermeture de certains géants pharmaceutiques, le secteur de la santé reprend du poil de la bête à Montréal. La métropole peut compter sur de nouvelles infrastructures et souhaite devenir un chef de file mondial en recherche médicale.

L'environnement est favorable à la croissance des entreprises dans le secteur de la santé à Montréal, selon Frank Béraud, président-directeur général de Montréal In Vivo, grappe des sciences de la vie et des technologies de la santé (SVTS).

« On a vu un changement dans l'industrie, explique-t-il. Les modèles d'affaires ont évolué dans les dernières années. Les grandes pharmaceutiques travaillent plus en collaboration avec des PME et des chercheurs qu'avant et il y en a beaucoup ici. Le financement est aussi avantageux. »

Voici un aperçu des différents enjeux et projets pour les prochaines années.

Un secteur important

« Dans le Grand Montréal, 42 000 personnes travaillent dans les SVTS, dit Frank Béraud. On compte 150 centres de recherche et 456 entreprises. Et l'industrie représente environ 1,6 % du PIB de la province, ce qui est semblable à la contribution de l'aéronautique. »

Plus de 80 % des emplois du secteur sont concentrés à Montréal. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les SVTS sont en croissance. « Les emplois ont connu une croissance de 7 % depuis 2011. Dans les deux dernières années, une trentaine d'entreprises et de PME ont été créées sur le territoire du Grand Montréal », souligne Frank Béraud.

Réorganisation majeure

La réorganisation de la santé n'a pas épargné Montréal. « On est passé d'une quarantaine d'établissements à dix », note Sonia Bélanger, PDG du nouveau centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal. Ce dernier regroupe 10 anciennes installations et compte 15 000 employés.

L'année 2015 est chargée. « Nous devons réorganiser les opérations sans toucher les patients, faire l'inventaire des services, améliorer les façons de faire avec les employés et les médecins et améliorer l'accès et le parcours de soins des patients. » Le CIUSSS prépare actuellement son plan de match. Les chantiers se feront par étapes.

Centre de recherche clinique précoce

En novembre 2014, le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et le Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine ont uni leurs efforts pour faire de Montréal un chef de file en recherche clinique précoce.

« On peaufine le plan de développement, indique Vincent Poitout, directeur du Centre de recherche du CHUM. Il s'appuiera sur quatre axes, comme l'efficacité opérationnelle des centres de recherche et la promotion à l'étranger. » Les demandes de financement communes suivront. Quelque 500 emplois seraient créés avec ce projet.

« Le moment est propice, lance M. Béraud. Les études cliniques tendent à revenir dans les pays industrialisés. Montréal a aussi plusieurs atouts : une masse critique de chercheurs, de cliniciens et d'industries, une base de patients importante, et trois CHU dans lesquels on a investi. »

Nouveaux superhôpitaux

Le CUSM a terminé son déménagement au nouvel emplacement de la cour Glen en juin dernier. Les allégations de corruption ont toutefois assombri la nouvelle.

De son côté, la construction du CHUM se poursuit. « La structure des trois bâtiments est terminée, précise Isabelle Lavigne, responsable des communications. Nous travaillons en accéléré pour respecter la date de livraison, prévue en avril 2016. Quelque 2200 travailleurs s'activent sur le chantier. Le premier patient sera accueilli l'automne prochain. »

Le CHUM et Sainte-Justine seront administrés par le même conseil d'administration et le même PDG, « pour offrir un continuum de soins aux patients, de l'enfance à l'âge adulte ». « Ce partenariat facilitera aussi le projet de recherche clinique précoce », souligne M. Poitout.

Cité internationale de la réadaptation pédiatrique

Dans le cadre de « Je vois Montréal », le CHU Sainte-Justine a annoncé la création de la Cité internationale de la réadaptation pédiatrique. La première étape de ce projet comprendra la construction du pavillon du Technopôle. Le bâtiment nécessitera des investissements de 60 millions (45 millions pour l'immeuble et 15 millions pour les équipements et les infrastructures spécialisés). L'établissement a reçu un financement de 250 000 $ de la Ville de Montréal afin de réaliser une étude de faisabilité et un plan d'affaires. Il devrait ouvrir ses portes en 2017-2018.

À terme, l'hôpital souhaite devenir un centre de référence pour prévenir, guérir et traiter le handicap pédiatrique. Environ 200 emplois devraient être créés.

Investissements dans les entreprises

Pharmascience, troisième fabricant de produits génériques de détail en importance au Canada, a déclaré plus tôt cette année qu'il investirait 55,7 millions à Montréal. De cette somme, 8,2 millions seront consacrés à l'amélioration de ses installations actuelles de recherche et développement. Le reste servira à de nouvelles technologies de production, de conditionnement et de gestion de la qualité. Le tout serait achevé d'ici à la fin de 2016.

Une société de biotechnologie montréalaise, Thrasos Therapeutics, a quant à elle conclu un financement de 21 millions US pour continuer à mettre au point des traitements préventifs contre l'insuffisance rénale aiguë.

Groupe de travail

Un groupe de travail sur les sciences de la vie est en cours pour répondre aux défis du secteur, conformément au dernier budget du gouvernement.

« Un certain nombre de chantiers ont été mis sur pied, comme l'intégration de l'innovation dans le système de santé et la promotion du secteur, relate Frank Béraud. La recherche clinique en fait aussi partie. On propose notamment de créer un Conseil pour l'intégration de l'innovation au Québec. Ce serait un outil formidable pour les entreprises. Les activités du groupe de travail s'étendent sur plus d'un an jusqu'aux mois d'avril-mai 2016. » Des suggestions seront ensuite déposées.