Après avoir conçu le Bras canadien et une série de satellites, l'entreprise MDA s'apprête à déployer des triplés, trois satellites identiques qui constituent le coeur de la mission RADARSAT Constellation. Jean-Michel Lévesque, ingénieur chez MDA, explique comment son équipe et lui trépignent à quelques jours du lancement de ces satellites.

Quel est l'objectif du projet RADARSAT Constellation ?

Le projet RADARSAT Constellation, c'est trois satellites identiques qui serviront, par exemple, à cartographier le territoire canadien, à observer la formation et la fonte des glaces et à faire de la surveillance maritime. En utilisant trois satellites équidistants, il sera possible de survoler une région seulement 30 minutes après le passage du dernier satellite et donc de réagir plus rapidement.

Quelle a été votre contribution au projet ?

Les satellites doivent subir des tests environnementaux et électriques avant d'être mis en orbite, et mon rôle est de superviser ces tests. On teste par exemple comment le satellite se comportera lors du lancement et au moment de se détacher de la fusée. Ce sont deux étapes cruciales. On effectue aussi des tests électriques pour vérifier que tous les composants fonctionnent normalement. Les satellites doivent aussi entrer dans une chambre d'isolation ici chez MDA pour vérifier la compatibilité électromagnétique des composants. Rien n'est laissé au hasard.

Où en est le projet ?

Les satellites ont été acheminés au site de lancement en Californie un à un à la fin de l'année 2018. Ils ont fait le trajet dans un conteneur blindé, sous escorte, pendant environ huit jours. Le lancement devait initialement avoir lieu en novembre, mais a été reporté après des difficultés rencontrées du côté de Space X. Il devrait avoir lieu très bientôt.

Comment pensez-vous vous sentir le jour du lancement ?

C'est sûr que je vais avoir des papillons. Ce sera mon premier lancement. Nous aurons une équipe sur place pour effectuer une batterie de tests, puis viendra le moment d'attacher les satellites à la fusée et d'ajouter le carburant. Ce sera une étape cruciale, et on se croise les doigts pour que tout aille bien.

Qu'est-ce qui vous a amené à construire des satellites ?

J'ai toujours voulu être astronaute. À 28 ans, en 1992, j'ai participé au concours de l'Agence spatiale canadienne pour me joindre à son équipe. J'ai passé les premières étapes de sélection, mais ne me suis pas rendu jusqu'à la fin. J'ai tout de même vécu de belles expériences avec mon travail. Pour un projet qu'on a fait avec les Russes, j'ai dû me rendre en Sibérie, dans une cité scientifique secrète. Pas besoin de dire que j'étais escorté constamment. J'ai aussi eu la chance de travailler sur le satellite Cassiope, le premier qu'a lancé une fusée de Space X. Lorsque j'ai visité le bunker de lancement de Space X, il y avait encore une affiche sur un mur qui soulignait ce lancement et on m'a demandé de l'autographier !

Qu'est-ce qui vous attend maintenant ?

On travaille sur des projets d'antennes satellitaires, sur le développement d'autres satellites, mais ce qu'on espère vraiment, c'est pouvoir participer au projet de passerelle lunaire Lunar Gateway de la NASA.

Le parcours de Jean-Michel Lévesque

Après avoir été formé en génie mécanique à l'Université Laval, Jean-Michel Lévesque commence sa carrière d'ingénieur à la Dominion Bridge, à Lachine, avant de faire le saut chez SPAR aérospatial en 1990. Là-bas, il participe à la conception de pièces de satellites, puis de charges utiles de satellites. Il supervise aujourd'hui l'ensemble des tests que doivent subir les satellites avant d'être déployés dans l'espace.