Alors que l'intelligence artificielle et les objets connectés commencent à révolutionner bien des éléments de la vie quotidienne, de nouveaux enjeux se hissent au sommet des priorités, comme la cybersécurité. Pour que la formation des ingénieurs soit collée aux défis actuels du milieu professionnel, les écoles de génie s'adaptent. Coup d'oeil sur ce qui se fait à l'École de technologie supérieure (ETS) en génie électrique et à Polytechnique Montréal en génie informatique et logiciel.

Objets connectés, réseau 5G, robotique : ces éléments sont en grand développement, mais on les associe rarement au travail des ingénieurs électriques. Pourtant, ils permettent littéralement à ces technologies de prendre vie. La microprogrammation en génie électrique permet d'allumer une tablette, rend possibles son volet tactile, sa communication WiFi et Bluetooth.

Si les étudiants pouvaient auparavant choisir des cours de programmation lors de leur baccalauréat en génie électrique à l'ETS, ceux admis depuis septembre devront en suivre au moins deux.

« Presque toutes les offres de stages maintenant en génie électrique demandent des compétences en programmation parce que tout devient connecté, que ce soit l'usine 4.0, le secteur de l'énergie, les télécommunications ou les objets du quotidien », explique Jean-François Boland, directeur du département de génie électrique de l'ETS.

Pour mieux refléter les réalités du monde actuel, plusieurs grands axes thématiques ont été créés dans le programme, comme Énergie et réseaux électriques intelligents, Communications sans réseau, réseaux et objets connectés, Commande industrielle, automatisation et robotique, ou encore Instrumentation biomédicale et imagerie médicale.

« Le réseau 5G viendra changer bien des choses, parce qu'il permettra de connecter une foule de petits objets qui produiront énormément de données, indique M. Boland. Ces objets auront de petites batteries, alors ils devront utiliser peu d'énergie et se recharger facilement, idéalement seulement à l'aide d'ondes électromagnétiques. Il y a beaucoup de travail à réaliser dans ces domaines en génie électrique. »

Les étudiants pourront aussi piger des cours dans différents axes, et d'autres pourraient se créer en fonction de nouveaux domaines qui s'imposent. Les premiers étudiants commenceront les axes thématiques en 2020.

Intelligence artificielle et cybersécurité

Polytechnique Montréal vient de créer une concentration en intelligence artificielle et science des données pour les baccalauréats en génie logiciel et informatique.

« L'intelligence artificielle est transversale, alors elle change la façon dont on pense les systèmes informatiques et les logiciels, mais aussi, dont on vérifie leur sécurité et détecte des failles, par exemple pour le domaine bancaire, les transports, l'industrie de la fabrication, etc. », explique Pierre Langlois, directeur du département de génie informatique et logiciel de Polytechnique Montréal.

D'ailleurs, avec l'importance que prend la cybersécurité, Polytechnique envisage aussi d'ajouter une concentration dans le domaine.

« Nous offrons un nouveau cours cette session en cybersécurité et nous souhaitons bonifier l'offre de cours parce que les besoins sont très grands dans l'industrie, indique M. Langlois. L'ingénieur doit travailler en équipe multidisciplinaire pour relever ce défi qui a aussi une grande composante sociale, parce que les solutions doivent être adoptées par les gens pour être efficaces. »

Polytechnique Montréal considère aussi la possibilité de créer un nouveau cours qui portera sur différents sujets de l'heure ou en devenir afin de suivre rapidement l'évolution de la société.

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

Jean-Franois Boland, directeur du département de genie électrique ˆ à l'ETS.