Cmac-Thyssen est l'un des plus importants entrepreneurs miniers au Québec. Après avoir fait sa marque au Québec et en Ontario, auprès de grandes sociétés minières comme Agnico-Eagle, IAMGOLD ou encore Xstrata, l'entreprise abitibienne a mis le cap vers l'Afrique du Sud et ses abondantes ressources naturelles.

Quoi de neuf:

L'innovation est au coeur des activités du groupe minier Cmac-Thyssen, une entreprise de Val-d'Or qui fabrique des équipements miniers et réalise des travaux reliés au développement et à l'exploitation d'une mine. Or, elle vient justement d'obtenir un brevet pour la conception d'un bras manipulateur. Ce nouvel équipement vise à remplacer les foreuses à béquille, largement utilisées dans l'industrie minière, qui causent d'importantes vibrations et des problèmes de santé aux opérateurs qui les manipulent. «Nous l'avons d'abord utilisé pour nos propres projets de développement minier et nous commençons à l'introduire graduellement sur le marché», souligne le vice-président exécutif, Ghislain Blanchet, en précisant avoir déjà réalisé des ventes au Maroc. Outre sa présence dans le nord de l'Afrique, un marché qu'elle cible depuis deux ans, Cmac-Thyssen, qui emploie quelque 600 personnes, entend aussi profiter du potentiel de croissance de l'industrie minière sud-africaine.



L'élément déclencheur :


Les ressources minières sont considérables en Afrique du Sud, deuxième puissance économique du continent africain derrière le Nigeria, représentant à eux deux la moitié du PIB du continent. Le pays, membre du BRICS depuis 2011, est le premier producteur mondial d'or, de manganèse, de chrome et de platine, dont il possède 50 à 80 % des réserves planétaires. Il abrite aussi la deuxième réserve mondiale de diamants et extrait de nombreux autres métaux, notamment de l'argent, du cuivre, de l'uranium et du titane.

Bref, un territoire tout désigné pour une entreprise qui se spécialise dans la fabrication de foreuses pour des mines souterraines et cherche à développer de nouveaux marchés ! «Les mines exploitées en Afrique du Sud, en particulier les mines d'or de taille moyenne, ressemblent à celles de la région de l'Abitibi. Nos équipements sont donc parfaitement adaptés pour ce marché», fait valoir M. Blanchet.

La présence sur le continent africain de grandes sociétés minières canadiennes a initialement pavé la voie à l'entreprise québécoise. Puis, en 2010, Cmac-Thyssen a participé à une mission commerciale en Afrique du Sud, organisée par le gouvernement du Québec, dans le cadre de l'exposition Electra Mining. Cette visite exploratoire lui a bien servi à « évaluer le potentiel d'un nouveau marché, rencontrer un bon bassin d'entreprises locales, de décideurs et aussi des représentants des ambassades ou hauts-commissariats canadiens », indique M. Blanchet.

L'entreprise a du même coup saisi l'occasion pour conclure une entente de partenariat avec Maxem Holding, une entreprise sud-africaine qui offre des services d'ingénierie pour le développement minier, de forage de production et de formation de la main-d'oeuvre. La mission s'est avérée d'autant bénéfique pour Cmac-Thyssen qu'elle a aussi profité de son séjour pour vendre plusieurs équipements et visiter plusieurs pays limitrophes à l'Afrique du Sud.

L'entente avec Maxem pourrait d'ailleurs lui ouvrir les portes d'autres pays africains alors que cette entreprise est active notamment au Zimbabwe et en Zambie, où elle a justement vendu des foreuses de Cmac-Thyssen. D'autant que l'activité minière sud-africaine souffre depuis quelque temps de la faiblesse de la demande mondiale en minerais. Sans compter que le pays a aussi été longuement paralysé l'an dernier par d'importantes grèves dans les mines et le secteur de la métallurgie. Mais «les prévisions sont meilleures pour 2016», souligne M. Blanchet. La signature en mars dernier d'un accord entre le Canada et l'Afrique du Sud, destiné à encourager l'investissement réciproque dans la prospection et l'exploration minière, pourrait aussi apporter de l'eau au moulin de l'entreprise de Val-d'Or.

Stratégie:

L'Afrique du Sud, ce n'est évidemment pas à la porte d'à côté. Pour une entreprise qui fabrique des équipements miniers, la distance amène son lot de défis en matière de commercialisation et de logistique. «Idéalement, nous devrions maintenir un inventaire de foreuses sur place. Ça nous permettrait non seulement de faire la démonstration de l'efficacité de nos produits, mais aussi de les livrer plus rapidement», indique M. Blanchet en précisant que la fabrication d'une foreuse prend environ 12 semaines, auxquels s'ajoute le transport par bateau d'une durée de 8 à 10 semaines.

Le hic: le financement d'un inventaire en Afrique du Sud pour des équipements dont le prix varie entre 200 000$ et 1 million de dollars est impossible. Pour pallier la situation, Cmac-Thyssen mise sur un partenariat avec l'entreprise sud-africaine Maxem qui n'agit pas seulement comme simple distributeur. «C'est une entreprise qui oeuvre dans le secteur minier et peut offrir des conseils.»

Anecdote:

Quand une des foreuses vendues par Cmac-Thyssen à un client sud-africain a éprouvé certains pépins, l'entreprise s'est empressée d'offrir son soutien technique. «La foreuse fonctionnait quand même, mais elle n'était pas aussi performante», souligne M. Blanchet. Soucieuse de la qualité de ses produits, l'entreprise réagit habituellement en moins de 24 heures si de tels problèmes sont signalés. «Les techniciens sont rapidement sur place pour régler la situation.» L'éloignement, mais surtout l'attente pour l'obtention des visas nécessaires, a toutefois engendré un délai de trois semaines avant que l'entreprise puisse intervenir et faire les réparations. Sans dommage, heureusement, à sa réputation.

En bref:

434,1 millions de dollars: valeur des exportations (95,8 millions) et importations (338,3 millions) entre le Québec et l'Afrique du Sud en 2014.

Principales exportations du Québec (2014): médicaments (10 % du total), composés chimiques (8,8 %), turboréacteurs et turbopropulseurs (6,4 %).

Principales importations au Québec (2014): composés de nickel (15,7 % du total), voitures de tourisme et autres véhicules automobiles (12,1 %), or (9,3 %).

Sources : Statistique Canada et Institut de la statistique du Québec