Le programme de l'avion plus écologique (SA2GE, pour Systèmes aéronautiques d'avant-garde pour l'environnement) amorce une deuxième étape, avec la participation financière du gouvernement du Québec, à hauteur de 40 millions de dollars. Cinq projets bénéficieront de cet argent, versé sur la base d'un dollar public pour un dollar investi par le privé.

Optimiser l'avionique

L'avionique aura la part belle dans cette deuxième mouture de SA2GE. Après avoir développé un premier projet d'optimisation de trajectoire des avions dans la phase 1, Esterline CMC Électronique renouvelle l'expérience. De son côté, Thalès Canada mènera un projet d'intégration des contrôleurs, ces petits ordinateurs qui surveillent les systèmes électroniques dans un avion. « Ces équipements ne parlent pas tous le même langage et sont disposés partout dans l'avion », illustre Dominique Sauvé, directrice de SA2GE. Thalès ambitionne de rassembler tous ces contrôleurs dans un seul boîtier, économisant les deux tiers du poids actuel des équipements électroniques embarqués.

Économiser du carburant

L'électronicien montréalais CAE mènera lui aussi un projet dans le nouveau SA2GE, dédié à la création d'une nouvelle génération de simulateurs. « On réalise des économies phénoménales de carburant quand on entraîne un pilote en simulateur plutôt que durant de nombreuses heures de vol », souligne Dominique Sauvé, qui précise que le projet fera appel aux mégadonnées (big data, en anglais), afin de recueillir et d'exploiter un maximum d'information sur le comportement des pilotes en vol simulé. Comme les autres entreprises impliquées dans SA2GE, CAE bénéficie de la participation financière du gouvernement du Québec de manière rétroactive depuis décembre 2015 jusqu'en 2020.

Anticiper les normes

Avec des normes environnementales toujours plus rigoureuses, Bombardier Aéronautique ambitionne de produire rapidement des composants d'avions dans le respect des normes présentes, mais aussi en prévision des futures règles. L'avionneur vise à travers SA2GE à développer un projet d'optimisation du fuselage arrière d'avion, après avoir travaillé sur la partie centrale durant le premier volet du programme. « On peut aller chercher des gains importants de poids tout au long de la vie de l'avion, explique Dominique Sauvé. Et on peut aussi économiser de l'énergie et de l'eau au moment de la fabrication, en développant de nouvelles pièces composites nécessitant une température de cuisson moins élevée. »

TerAxion, un chef de file

Dans le premier volet de SA2GE, TerAxion était une PME partenaire du projet mené par Esterline CMC Électronique. L'expérience lui a donné des idées : la firme de Québec avait utilisé son savoir-faire en télécommunications pour contribuer à mettre au point un trancepteur, une sorte d'émetteur-récepteur utilisé en avionique. « CMC avait le contrat, on est entré en cours de route dans le projet, explique Ghislain Lafrance, vice-président commercialisation et futures technologies chez TerAxion. Cela nous a permis de développer une certaine expertise en aérospatiale. » Au point de mener elle-même un projet en photonique, visant à remplacer les câbles en métal qui relient les équipements électroniques par de la fibre optique, ce qui allégera le poids des équipements tout en améliorant les performances.

Des retombées concrètes

C'est une obligation contractuelle avec le gouvernement du Québec : les entreprises doivent faire un minimum de dépenses auprès de PME (5 %) et de centres de recherche (5 %) de la province. « Dans la première phase, on a largement dépassé ces seuils, se félicite Dominique Sauvé. Les entreprises ont compris que c'était à leur avantage. »

Aussi, les discussions entre industriels ont conduit l'équipe d'écoconception dirigée par Kahina Oudjehani chez Bombardier Aéronautique à partager son savoir-faire en matière de mesures des objectifs environnementaux. « Bombardier avait une expertise très grande, qu'ils ont offerte aux partenaires de la phase 1 », souligne Mme Sauvé, qui rappelle l'obligation des entreprises à démontrer que leur projet réduit leur empreinte environnementale.