Appuyée par le gouvernement québécois, l'industrie aéronautique se mobilise autour d'un projet d'avion écologique.

Ce projet de 150 millions rassemble plusieurs des grands noms de l'industrie québécoise, comme Bombardier, Pratt&Whitney, Héroux-Devtek, Bell Helicopter Textron, Esterline CMC Électronique et le groupe Thales.

Ces compagnies investiront 80 millions dans cinq projets de démonstration technologique qui devraient arriver à maturité dans quatre ans.

Pour sa part, le gouvernement du Québec fournira 70 millions aux budgets de ces projets dans le cadre de sa Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation (SQRI).

Cinq projets

Les cinq projets de démonstration porteront sur le moteur, le fuselage, le train d'atterrissage, l'avionique intégrée pour des applications cockpit et l'avionique intégrée pour systèmes critiques.

Ils permettront de produire des avions plus écologiques, plus performants et plus efficaces. De cette empreinte écologique réduite dépendra la compétitivité des appareils de demain.

Ce projet arrive à point si l'on veut que le Québec demeure compétitif dans ce secteur névralgique de l'économie montréalaise. L'Union européenne avec son projet Clean Sky et les États-Unis ont déjà en place de grands programmes-cadres de recherche et de développement qui jouissent de budgets énormes.

Plusieurs pays émergents s'y intéressent également. «La Chine injecte des milliards dans l'aérospatiale», constate Gilles Labbé, président d'Héroux-Devtek, qui pilotera l'un des cinq projets de démonstration.

Démonstration technologique

Mais qu'est-ce qu'un projet de démonstration technologique?

Le processus d'innovation aérospatiale comporte trois grandes phases incontournables, explique Suzanne M. Benoit, directrice générale d'Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Montréal métropolitain.

D'abord, le développement des concepts en recherche précompétitive. Puis, le développement d'applications technologiques spécifiques de ces concepts. Enfin, la démonstration de ces technologies dans un environnement représentatif de l'utilisation finale.

À cette dernière phase de démonstration, ce ne sera plus un projet sur papier, explique Mme Benoit. «Pour le train d'atterrissage, par exemple, on l'aura fabriqué et on démontrera qu'il fonctionne», explique-t-elle.

Les universités et les centres de recherche, appuyés par les gouvernements, jouent un rôle primordial dans les deux premières phases de l'innovation.

Mais ensuite, les projets qui en émanent se retrouvent souvent face à la «Vallée de la mort». C'est qu'en raison des impératifs de sécurité, des investissements importants sont généralement nécessaires durant 5 à 10 ans pour développer et valider les nouveaux concepts technologiques. Durant cette dernière étape, plusieurs projets risquent de mourir, faute de financement.

Partenariats bien tissés

Le secteur aérospatial québécois s'appuie sur une grande organisation.

D'abord avec Aéro Montréal, le groupe de réflexion stratégique de la grappe aérospatiale du Québec. Ce partenariat public-privé regroupe l'ensemble des décideurs du secteur aérospatial.

Il y a aussi le CRIAQ, soit le Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale au Québec, un organisme à but non lucratif dont la gestion est partagée entre les partenaires industriels et universitaires. L'organisme a contribué à mettre sur pied le projet mobilisateur de l'avion écologique, explique son président-directeur général, Clément Fortin.

Enfin, le monde universitaire. Le secteur est bien développé et est à même d'appuyer le développement des projets de démonstration technologiques, assure Yves Beauchamp, directeur de l'École de technologie supérieure (ETS).

Forum Innovation Aérospatiale

Aéro Montréal en collaboration avec le CRIAQ organise depuis 2007 le Forum Innovation Aérospatiale. Cet événement se tient à Montréal tous les deux ans. Une réunion semblable a lieu en France les autres années.

Lors du forum de 2007, il avait été recommandé de mettre de l'avant le développement collectif d'une plateforme de démonstration technologique d'un avion intelligent vert. Ce fut le point de démarrage du projet mobilisateur de l'avion écologique.

Cette action allait permettre d'aligner la recherche et l'innovation des industries, des universités et des centres de recherche, de renforcer les collaborations technologiques et commerciales entre les partenaires industriels de la grappe et encourager les PME à augmenter les activités de recherche avec les centres de recherche et les universités.

C'était le voeu en 2007, c'est maintenant une réalité. Attachez vos ceintures, ça décolle.