Le gouvernement du Québec s’appuie sur un tableau de bord d’indicateurs pour suivre la transition vers une économie verte. Mis en place depuis quatre ans, ce système d’évaluation vient pallier l’absence d’outils de mesure en se basant sur des statistiques existantes, mais aussi en poussant à l’élaboration de nouveaux indicateurs.

Un besoin récent

Si Québec dispose depuis longtemps d’indicateurs de mesure de la production et de la productivité, ce n’est que depuis très récemment qu’il dispose d’un tableau de bord des progrès de l’économie en matière de croissance verte. « L’absence de définitions et de statistiques officielles pour le suivi d’une économie qui se veut plus verte constitue un frein au suivi de la démarche québécoise. » C’est ainsi que débute le rapport sur un Cadre conceptuel et indicateurs pour la mesure de l’économie verte. Ce document publié en 2020 par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a jeté les bases du tableau de bord utilisé désormais par le gouvernement pour mesurer les progrès de la transition vers une économie verte.

Mesurer le changement

Ce tableau de bord est composé de quatre thèmes : les technologies propres, les pratiques d’affaires écoresponsables, les emplois verts et l’économie circulaire. Pour chacun de ces thèmes, un certain nombre d’indicateurs ont été sélectionnés afin de suivre les progrès de la transformation de l’économie. Certains indicateurs étaient déjà existants, mais d’autres ont nécessité le lancement de nouvelles enquêtes pour mesurer leur évolution. Par exemple, alors que le gouvernement du Québec disposait déjà de données sur l’artificialisation des terres (perte de ses qualités naturelles), il a été nécessaire de produire des études sur l’épuisement des ressources minérales et énergétiques, de même que sur la dégradation des écosystèmes forestiers. D’autres indicateurs plus qualitatifs ont dû être élaborés, notamment pour mesurer l’évolution du bien-être dans la société.

Des résultats contrastés

À la fin d’avril, l’ISQ a publié une mise à jour du Tableau de bord pour la mesure de l’économie verte au Québec. L’ensemble des 13 indicateurs permet de visualiser en un coup d’œil la tendance à l’évolution de l’économie québécoise vers une économie verte. Cette mise à jour n’est guère reluisante... Sur les 11 mesures disponibles, seules 3 vont dans le sens du verdissement – produit intérieur brut (PIB) du secteur environnemental, récupération de matières (deux aspects) –, tandis que 7 sont négatives, et la dernière est partagée entre le positif et le négatif (emplois verts). Depuis la création du Tableau de bord en 2020, aucune évolution n’a encore pu être constatée en matière de pratiques d’affaires écoresponsables, ni quant à l’utilisation des technologies propres par les entreprises.

Consultez le Tableau de bord pour la mesure de l’économie verte au Québec

Les limites à la mesure

Certains indicateurs paraissent contestables. On peut lire que 65,4 % des entreprises utilisent des technologies propres. Or, ces données de l’ISQ concernent l’utilisation d’« au moins un » aspect relié aux technologies propres, c’est-à-dire la gestion des matières résiduelles (dont le recyclage) pour plus d’une entreprise sur deux. Aucun autre aspect relié aux technologies propres n’est utilisé par plus de 15 % des entreprises. On est loin d’une utilisation des technologies propres par deux entreprises sur trois, comme les données pourraient le laisser suggérer. Même constat quant à la proportion d’entreprises mettant en œuvre des pratiques d’affaires écoresponsables : le Tableau de bord indique que c’est le cas de 81,6 % des entreprises... mais le détail montre qu’il s’agit des entreprises qui ont « au moins une » pratique.