Réfléchie pendant plusieurs années, mais officialisée en 2023, la Chaire de recherche sur l’innovation et les pratiques d’excellence en éducation vise l’utilisation de données scientifiques en vue de l’amélioration des pratiques en éducation. Discussion avec son titulaire, Jérôme St-Amand, professeur de gestion de la classe à l’Université du Québec en Outaouais.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer la Chaire de recherche sur l’innovation et les pratiques d’excellence en éducation ?

Ayant été moi-même enseignant au secondaire dans une autre vie, je constatais qu’on implantait dans le milieu de l’éducation des choses qui n’étaient absolument pas validées par la recherche – les classes flexibles et la théorie des intelligences multiples, par exemple. Dans des domaines comme la santé ou l’ingénierie, les données sont fondamentales. On n’oserait pas prendre de décisions sans des données extrêmement fortes. Qu’on aille un peu à l’encontre de ça en éducation, ça me frappait vraiment. La dernière réforme en éducation n’était pas basée sur de fortes données.

En 2017, quand la question de la création d’un Institut national d’excellence en éducation (INEE) est arrivée, il y a eu une levée de boucliers dans le milieu de l’éducation. C’est véritablement à ce moment-là que j’ai commencé à vouloir créer une entité scientifique qui serait proche du terrain. La fameuse théorie pratique qu’on entend beaucoup en éducation, je voulais l’incarner dans mon travail de chercheur.

Vous travaillez en collaboration avec des centres de services scolaires. Pourquoi ?

Le pari que je faisais dans la construction de ce partenariat, c’était de générer des projets de recherche mutuels dans le grand domaine de l’efficacité et de l’amélioration des écoles. Les idées ne viennent pas juste du chercheur, il y a quelque chose qui se coconstruit avec les centres de services scolaires. C’était ça, l’idée. Cette collaboration offre une compréhension mutuelle entre le milieu pratique et la recherche. C’est un levier qui vient nourrir les idées de la recherche pour en rehausser la qualité.

Quand on travaille de façon hebdomadaire avec ces milieux-là [les centres de services scolaires], on en vient à connaître véritablement leurs défis, leurs enjeux, leurs préoccupations.

Jérôme St-Amand, professeur de gestion de la classe à l’Université du Québec en Outaouais et titulaire de la Chaire de recherche sur l’innovation et les pratiques d’excellence en éducation

Quelles sont vos attentes avec cette chaire de recherche ?

On n’a pas un historique de 100 ans de partenariat avec des centres de services en matière de chaires de recherche. Par la force des choses, ce genre d’entité scientifique vient un peu ouvrir les chemins. Mon objectif premier, c’est d’avoir des projets de recherche de haute qualité, mais qui sont coconstruits avec les centres de services. De faire de la bonne recherche.

On a implanté beaucoup de modes pédagogiques absolument pas fondées sur la recherche scientifique dans les écoles ces dernières années. Moi, j’arrive avec un discours purement objectif, et le mantra de la chaire de la recherche, ou la genèse, c’est que si une pratique, une réforme ou une intervention fonctionne, les données vont le confirmer. C’est aussi simple que ça.

Au Québec, sommes-nous innovants en matière d’éducation ?

Sur le plan de la réussite éducative, on est encore à la traîne par rapport aux autres provinces canadiennes. La diplomation est à la traîne. Il y a de grandes variations entre les centres de services pour plusieurs raisons. Sur le plan de la recherche, il y a un très, très grand sous-financement de la recherche au Québec. Le milieu anglophone est vraiment surfinancé. Ça, c’est un fait.