Les entreprises, grandes et petites, font face à des pressions de partout pour verdir leurs activités. Et avec tous les moyens qui sont mis à leur disposition pour y arriver, on peut se demander pourquoi certaines n’ont pas encore emboîté le pas.

En février dernier, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain publiait les résultats du sondage L’engagement des entreprises du Grand Montréal pour le virage vert. Si l’on pouvait se réjouir d’apprendre que 95 % des répondants trouvent important d’effectuer le virage vert et que 56 % des entreprises ont intégré des pratiques environnementales à leur stratégie d’affaires, on découvrait également que 79 % d’entre elles réclament du soutien additionnel pour y arriver. Les manques d’expertise et de financement figuraient en tête de liste des obstacles empêchant l’intégration d’une stratégie verte.

Compliqué, verdir son entreprise ? « Ce n’est pas si compliqué parce qu’on a le savoir, on a les ressources, on a les expertises, on a les technologies et on a les moyens financiers pour le faire, donc arrêtez de penser que c’est compliqué. Faites-le. Investissez-vous. Allez chercher autour, trouver les ressources, faites-le », soutient Pierre Langlois, président de la firme de consultants Econoler (pour « économie de l’énergie »).

Financement et expertise

Pierre Langlois est bien conscient que les entreprises ont d’autres chats à fouetter que des projets pour verdir leurs activités : la rentabilité, la recherche d’une main-d’œuvre qualifiée, le remplacement d’une machine qui vient de briser, etc. « Fondamentalement, les entreprises ont des enjeux à court terme », indique-t-il. Et la transition écologique, c’est plutôt un projet dont les bénéfices se mesurent à long terme. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Econoler a développé la SOFIAC, une filiale qui s’attaque à la barrière financière que les entreprises mettent souvent de l’avant pour justifier leur inaction en matière de virage vert.

Pour ce qui est de l’expertise, les ressources qui se targuent de pouvoir accompagner les entreprises dans le verdissement de leurs activités sont de plus en plus nombreuses. Une autre filiale d’Econoler, le CIET, en est un exemple parmi tant d’autres.

L’enjeu de la consommation énergétique

La consommation énergétique est responsable de près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Même s’il existe une tonne de façons de verdir son entreprise, cet aspect demeure un défi.

Ici, au Québec, on est encore dominés par la consommation énergétique, elle est à 51 % produite par des énergies fossiles, et c’est là où les différentes filières de l’AQPER aident à pouvoir décarboner.

Luis Calzado, PDG de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER)

Éolienne, solaire, biomasse, biocarburant, biogaz et électricité : les sources d’énergie renouvelables sont nombreuses, et M. Calzado affirme que « pour atteindre nos objectifs climatiques, il y a plusieurs filières qui vont être appelées à pouvoir aider à décarboner les industries ».

De son côté, le président d’Econoler soutient que « pour atteindre les objectifs de la Convention de Paris, 50 % de la réduction des gaz à effet de serre planétaire vont devoir venir de l’efficacité énergétique, donc de mieux utiliser son énergie. Avant d’utiliser de l’énergie propre, on est mieux de la sauver ». Ce dernier ajoute ceci : « On sait comment verdir les entreprises de toutes les façons possibles, la question, c’est d’en faire une priorité. »

Une priorité chez Soprema

Au printemps 2018, lorsque Pierre-André Lebeuf est arrivé chez Soprema en tant que responsable du développement durable, la protection de l’environnement était déjà une priorité pour l’entreprise. Le manufacturier international de produits d’isolation, d’étanchéité, d’insonorisation et de solutions végétalisées qui compte 25 usines au Canada avait déjà inauguré un premier bâtiment LEED à Drummondville quelques années plus tôt, alors que personne ne s’occupait du développement durable dans l’entreprise. « Il y avait déjà une belle volonté de la direction. Il y avait un beau terreau pour faire de beaux projets, mais par contre, il n’y avait personne qui s’en occupait et il n’y avait pas de démarche structurée derrière les orientations », raconte-t-il.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Un panneau isolant de Soprema fabriqué à partir de polystyrène récupéré

Pierre-André Lebeuf a sondé l’intérêt des employés pour les initiatives vertes. Il a fait beaucoup d’ateliers pour éduquer et sensibiliser et a élaboré une politique de développement durable. « Ce qui nous démarque, c’est qu’on intègre le développement durable à toutes les facettes du cycle de vie des produits. Est-ce qu’on est parfaits ? Vraiment pas. On fait beaucoup de progrès, on a beaucoup d’exemples concrets qui démontrent qu’on est cohérents dans ce qu’on fait, mais on a encore du chemin à faire », avoue-t-il.

Parmi les récentes initiatives vertes de Soprema, la récupération du polystyrène collecté dans les deux écocentres de Sherbrooke. Cette collecte contribue à la revalorisation de 10 000 tonnes de polystyrène chaque année sous forme de panneaux isolants. Ce processus permet d’éviter l’émission d’environ 20 000 tonnes de CO2 annuellement.