Le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a récemment présenté son Plan d’action de développement durable 2023-2028. Que renferme-t-il et quelles sont les cibles clés ? Le ministre Pierre Fitzgibbon répond à nos questions.

Dans ce plan, votre ministère énonce des engagements pour les cinq prochaines années en lien avec les cibles fixées dans la Stratégie gouvernementale de développement durable 2023-2028. Quelle est la genèse de ce plan ?

Nous étions tenus d’en produire un en vertu de la Loi sur le développement durable. Si on retourne en 2006, il avait été établi que tous les ministères élaborent un plan d’action de développement durable. Au ministère de l’Économie, on a donc développé un premier plan pour la période 2016-2020, que l’on a ensuite prolongé jusqu’en 2023 en raison notamment de la pandémie.

Le plan 2023-2028 est maintenant un nouveau plan, une nouvelle mouture. C’est un plan construit à partir de nos différentes stratégies, comme le Plan québécois en entrepreneuriat 2022-2025 et la Stratégie québécoise de développement de la filière batterie. C’est de là que proviennent les différentes cibles du Plan d’action de développement durable.

Les objectifs contenus dans ce plan sont nombreux. On parle entre autres de favoriser la transition des entreprises vers des modèles d’affaires durables et d’investir dans les solutions énergétiques durables. Lesquels sont les plus importants à atteindre ?

On veut accélérer le développement de l’économie circulaire. C’est un élément important. On veut également favoriser la transition des entreprises vers des modèles d’affaires durables, et on veut s’assurer qu’il y ait une conscientisation à la question de la durabilité dans tout ce que l’on fait pour les aider.

L’innovation, évidemment, est un autre objectif qui va de soi. On doit innover, sur le plan de la recherche fondamentale. L’innovation doit permettre aux entreprises de mieux répondre aux enjeux climatiques et d’économie circulaire.

Plus largement, on doit appuyer la diversité. On a un enjeu de main-d’œuvre, et l’inclusion de la diversité est importante dans une optique de durabilité. Enfin, on doit soutenir le dynamisme des régions et appuyer la transition énergétique, ce qui demandera un accent très important.

Le plan contient un nombre de cibles à atteindre. Concrètement, qu’est-ce que le plan implique en matière de gestes à faire, quelles sont les cibles clés ?

Aujourd’hui, je pense qu’on est tous conscients de l’importance d’intégrer les principes du développement durable dans ce qu’on fait. Mais avec ce plan, on a des cibles parce que ça nous force à faire de la reddition [de comptes]. Ce n’est pas du greenwashing [écoblanchiment], on veut vraiment atteindre nos objectifs. C’est important à souligner.

Une des cibles à laquelle j’accorde beaucoup d’importance est celle liée à l’économie circulaire [objectif de soutenir cinq nouvelles initiatives visant le développement de l’économie circulaire à l’horizon 2027-2028], puisque ça touche à la question de la gestion des résidus.

J’accorde aussi beaucoup d’importance aux objectifs relatifs à l’innovation [objectif de trois nouveaux projets de recherche collaborative dans le secteur du développement durable, à l’horizon 2027-2028, soutenus par les regroupements sectoriels de recherche industrielle]. C’est une problématique que l’on a au Québec, et qui contribue à notre écart de richesse avec d’autres provinces ou États.

Les cibles liées aux territoires [32,5 % l’investissement dans des MRC non urbaines en 2028-2028, comparativement à 30,5 % en moyenne ces trois dernières années], à l’énergie [300 millions d’investissements cumulatifs dans la filière des énergies renouvelables d’ici 2027-2028, notamment] et aux transports sont également importantes.

Le bilan synthèse de la politique de mobilité durable du gouvernement, lancée il y a cinq ans, a été publié il y a quelques semaines. Il y avait des objectifs importants, mais le Québec a reculé. La part des déplacements en autosolo devait passer de 69 % à 55 %, mais elle a grimpé à 74 %. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur des transports devaient passer de 27,2 mégatonnes d’équivalent CO2 à 17, mais elles sont passées à 32. Est-ce que le gouvernement sera plus déterminé dans l’atteinte des cibles de ce plan-ci ?

La réponse est oui. Il est clair que l’on va respecter notre ambition de réduire de 37,5 % nos émissions de GES en 2030 par rapport à 1990. Avec Hydro-Québec, par exemple, on a un plan agressif pour produire de l’énergie renouvelable. On parle de pratiquement doubler la taille d’Hydro-Québec d’ici 2050.

Je pense que le plan d’action commence à faire réaliser aux Québécois que nous sommes de grands consommateurs d’énergie, et que de mieux consommer nous aidera à nous décarboner.