La Société des alcools du Québec (SAQ) publie aujourd’hui son plan d’action de responsabilité d’entreprise. Objectif : zéro émission directe de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2040. C’est la première fois que la société d’État se fait aussi claire quant à ses intentions de réduire son impact environnemental et qu’elle prend des moyens ambitieux pour y parvenir.

« Ce plan n’est pas un exercice de communication. Ça vient avec des actions concrètes pour guider nos démarches internes et externes, assure d’entrée de jeu Marie-Hélène Lagacé, vice-présidente, communications et responsabilité sociétale. Comme société d’État, les Québécois s’attendent à ce qu’on prenne nos responsabilités et qu’on utilise notre pouvoir d’influence pour faire une différence. »

Influencer même à l’étranger

Selon la vice-présidente, la grande majorité des émissions de GES de la SAQ sont indirectes et proviennent, entre autres, des produits. L’organisation travaille donc depuis une dizaine d’années avec les producteurs de vin internationaux, afin de faire adopter le verre allégé. Moins lourd, celui-ci entraîne moins de consommation de la part des bateaux et des camions qui le transportent, réduisant ainsi leurs émissions de GES.

La société d’État utilise donc tout son pouvoir de négociation afin d’aider à agir positivement sur les manières de faire : « Nous sommes l’un des plus grands importateurs de vins et spiritueux au monde, notre pouvoir d’achat nous confère une capacité d’influence auprès de nos fournisseurs et partenaires. Nous collaborons ainsi avec eux pour améliorer les pratiques de notre industrie et diminuer son impact environnemental, bien au-delà du Québec », illustre Marie-Hélène Lagacé.

Résultat : près de 85 % des vins de moins de 25 $, soit 40 % des bouteilles vendues par la SAQ, sont aujourd’hui offerts dans des contenants en verre allégé. En 2022 seulement, cette mesure a permis à la société d’État de réduire ses GES de 6000 tonnes.

Le standard adopté par la SAQ a aussi permis de faire adopter des procédés plus durables par les producteurs vinicoles étrangers. « Certains de nos fournisseurs californiens ont décidé d’adopter le verre allégé pour tous leurs marchés mondiaux étant donné qu’ils devaient le faire pour la SAQ », confie la porte-parole.

La prochaine étape sera d’élargir le verre allégé aux bouteilles de mousseux et de spiritueux. Pour ce faire, la SAQ collabore déjà avec les monopoles européens comme Alko (Finlande), Systembolaget (Suède) et Vinmonopolet (Norvège) et souhaite ouvrir un dialogue avec les monopoles canadiens comme la Liquor Control Board of Ontario (LCBO) afin de participer à établir des standards internationaux.

Électrification en marche

Sur le plan des émissions de GES directes, celles qui proviennent de la SAQ elle-même, les plus importantes sources sont le transport terrestre et le parc immobilier.

Pour s’attaquer à la décarbonation de son parc, la SAQ entend faire l’acquisition de 30 camions électriques d’ici 2030. Le tout premier tracteur électrique (camion-remorque) s’affaire d’ailleurs déjà à effectuer des livraisons chaque jour à Montréal depuis l’automne.

Pour les camions porteurs (cubes), il existe actuellement très peu de véhicules électriques capables de tirer les lourdes cargaisons de la SAQ. L’entreprise collabore donc avec Lion Électrique afin de développer un camion disposant de suffisamment de capacité de batterie pour répondre à ses besoins de chargement. Elle teste aussi actuellement un camion fonctionnant au gaz naturel renouvelable à son entrepôt de Québec, en plus d’être en appel d’offres pour l’acquisition de camions de cour 100 % électriques.

Immobilier plus vert

Du côté immobilier, la SAQ possède déjà un grand nombre de bâtiments LEED et elle intègre actuellement plusieurs éléments de verdissement dans l’agrandissement de son centre de distribution de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve pour mieux l’intégrer dans le quartier et aider à combattre les îlots de chaleur.

Le projet inclut un toit vert de 10 000 m⁠2, un mur végétalisé de vignes, une forêt de 850 feuillus et un mur de conifères pour couper le bruit des camions. L’espace comprend également une serre et une ferme urbaine qui fournissent huit tonnes de légumes aux habitants du quartier par l’entremise de la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve.

Selon Marie-Hélène Lagacé, par ses divers projets, la société d’État jette actuellement les bases de ce qu’elle appelle la SAQ de l’avenir : « Les changements climatiques, c’est plus grand que nous. C’est le défi de notre génération. »