Très jeune, Sandrine Tremblay donnait de son temps en visitant les foyers de personnes âgées pour les désennuyer durant la période des Fêtes. Peu à peu, elle a pris l’habitude de faire un don équivalant aux petites gâteries qu’elle s’offrait. Aujourd’hui, la cheffe de la direction de Krome Services est l’une des grandes donatrices chez Centraide.

À quoi ressemblent vos gestes philanthropiques ?

J’ai fait des dons majeurs à Centraide quand j’ai eu des entrées d’argent importantes, parce qu’ils sont directement impliqués dans la communauté. Je veux que ce soit effectif rapidement sur le terrain. Aussi, quand mes employés appuient des causes, ça me fait plaisir de faire des dons pour les soutenir. Je suis également au conseil d’administration de la Fondation Jean-Lapointe. C’est une cause qui me tient à cœur.

Quelles sont vos motivations pour donner ?

J’observe l’effritement du filet social et je trouve ça dommage que dans une société aussi riche que la nôtre, des gens aient autant de problèmes. C’est vraiment une forme d’inégalité. Je remarque également l’écart qui se creuse entre les riches et les pauvres. Ça s’est accéléré durant la COVID-19 et ça me rend extrêmement mal à l’aise. Je viens d’un milieu très pauvre. Je ne suis pas partie ultra-gagnante dans la vie, mais je ne suis pas partie perdante non plus. Je suis une femme blanche, j’ai eu accès à l’éducation et j’ai grandi dans une communauté avec du soutien. J’ai été chanceuse et je trouve ça inacceptable de voir comment on traite certaines personnes en société.

Encouragez-vous vos proches à donner ?

Pas beaucoup. Je ne veux pas leur dire « Moi, je donne, toi, tu fais quoi ? », car ce sont des choix personnels. Cependant, j’en parle à mes enfants, car je veux leur montrer qu’on est privilégiés. Si on croise des sans-abri, je leur explique que si je ne donne pas à cette personne, j’ai donné beaucoup ce mois-ci à un organisme impliqué au coin de la rue. J’en discute ouvertement pour qu’ils sachent que j’essaie de faire ma part et que je n’ignore pas les problèmes.

Pourquoi donner à Centraide en particulier ?

Centraide peut accueillir les dons d’envergure, tout en étant branché sur le monde communautaire. Ils sont capables de discuter de qui ils aident et ils font un audit auprès des organismes pour savoir s’ils sont performants. J’aime aussi l’accompagnement qu’ils offrent aux organismes, alors que tout le monde manque de ressources. En affaires, la Caisse de dépôt et des accélérateurs de jeunes pousses peuvent appuyer les jeunes pousses. Eh bien, Centraide fait ça aussi avec les organismes. Ce n’est pas juste de l’argent dont on a besoin.

Quels sont les défis d’être une philanthrope ?

On veut toujours donner plus. Plus tu donnes, plus tu t’informes et plus tu es conscient des besoins. C’est une bonne chose. Il faut arrêter de se mettre la tête dans le sable. Il faut voir les défis. Quand on s’implique auprès des gens dans le besoin, on voit ceux qui en arrachent, et c’est difficile d’oublier ces images-là, mais c’est la même chose quand on regarde les nouvelles. Au moins, on se couche le soir en sachant qu’on a aidé des gens. On se sent beaucoup plus connecté à la réalité. C’est humanisant.